La rentrée sous les projecteurs

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L’équipe du libraire braque les projecteurs sur de nombreuses nouveautés de la rentrée littéraire. Sans oblitérer les grands noms attendus chaque année avec impatience, nous vous proposons une sélection des titres à surveiller, comprenant nouveaux auteurs et écrivains confirmés. Ainsi, vous découvrirez dans les pages qui suivent plusieurs entrevues avec des grands de la littérature, de même que les choix de vos libraires. Ces derniers se sont aimablement prêtés au jeu de parler de leurs coups de cœur parmi les auteurs québécois et étrangers. Notez que cette sélection n’est pas exhaustive et que certains titres ne paraîtront qu’en octobre ou en novembre. Restez à l’affût!

Littérature québécoise

DU VIRTUEL AU PAPIER OU SORTIR DE SON BLOGUE
Depuis les succès mérités de Caroline Allard, la mère indigne, ou du doué chauffeur de taxi Pierre-Léon Lalonde, la tendance du bloggeur-écrivain ne s’estompe guère. Et tant mieux… Premier arrêt, du côté d’une autre mère indigne – de deux petits terroristes – sans censure et au ton attachant. Véronique Fortin, du blogue Pépinesurunfil.com, mérite de faire le saut hors des écrans avec son succulent Journal irrévérencieux d’une mère normale, un recueil de ses meilleures chroniques illustré par Rémy Simard. Dans un tout autre registre, Sandra Gordon sort de sa Cour à scrap (.com) pour offrir un solide premier roman qui, selon Jean Barbe, montre un sens extraordinaire du dialogue. Il faudra chercher ces Corpuscules de Krause en librairie. Autre grand nom du Web, le journaliste et chroniqueur Nicolas Langelier présente au Boréal un roman au titre tout indiqué : Réussir son hypermodernité et sauver le reste de sa vie en 25 étapes faciles. Voilà qui pique la curiosité! Les lecteurs préféreront peut-être se lancer dans l’univers sombre mais drôle d’Une vie inutile (Héliotrope) de Simon Paquet, qui tient le blog du même nom.

SE FAIRE UN NOM
Percer, voilà le défi de tout auteur d’un premier roman. Qui seront les perles rares, les Kim Thuy ou Marc Séguin de la rentrée 2010? Il faudra fouiller, encore une fois, du côté du Marchand de feuilles, qui offre La huitième gorgée de Valérie Carreau, des nouvelles sur le quotidien de femmes, et L’évangile selon Taura de Jimmy Lalande, qui prouvera – qui sait – l’existence de Dieu. À moins que la surprise ne vienne de l’artiste visuelle Suzanne Leblanc et de son roman philosophique d’une grande sensibilité La maison à penser de P. (La Peuplade). La chronique familiale du dramaturge Gilles Vilmont, La dernière nuit de Jeanne (La courte échelle), intrigue aussi avec ces frères et sœurs rassemblés, malgré les conflits, au chevet de leur mère mourante. La maladie est également présente dans Déjà (Septentrion), du jeune Montréalais Nicolas Bertrand. Pendant que Dominique Robert ouvre la porte de sa Chambre d’amis (Herbes rouges), les désillusionnés, eux, opteront pour Z.I.P.P.O. (Leméac), premier roman de deux altermondialistes, Mathieu Blais et Joël Casséus, qui traite des angoisses de la nouvelle gauche.

UN VERS POUR LA ROUTE
Grosses pointures d’un côté, nouveaux venus de l’autre : l’automne augure bien dans les rayons de poésie. Parmi les plus attendus, notons le recueil de Louise Dupré (Noroît), L’épreuve de la distance de Denise Brassard (Noroît), Les Grands cimetières de Martine Audet (L’Hexagone), L’or de Klimt de Jean-François Poupart (Poètes de brousse), Toute l’œuvre incomplète de François Hébert (L’Hexagone) et Les Urbanishads, première incursion en poésie pour le dramaturge et romancier Serge Lamothe (Lézard amoureux). De plus, on surveille attentivement les parutions de Véronique Cyr, François Guerrette, Joanne Morency, Jean Sioui, Claude Paré et Patrick Lafontaine, qui ont derrière eux des recueils de grande qualité. On pourra aussi côtoyer les oies de Mireille Gagné ou les icônes démodées de Nelson Charest, et s’aventurer dans les haïkus de Xavier Jacob, dans les graffitis de Chantal DesRochers et aux tréfonds de la nuit avec Franz Benjamin. Un détour s’impose vers les élans de Marjolaine Beauchamp (Aux Plexus, L’écrou), lauréate du Grand Slam National de Poésie 2009. Et pourquoi ne pas essayer la poésie de Pierre DesRuisseaux (Chemin du miracle, Noroît), actuel poète officiel du Parlement canadien à Ottawa ?

ENTRE DEUX PLATEAUX DE TOURNAGE
Il est toujours intrigant de découvrir les créations littéraires de figures connues du petit et du grand écran. Manient-ils les mots aussi bien que la parole? Il faudra lire. D’abord, L’homme errata (Fides) de l’homme de théâtre Jean-François Casabonne suit la remise en question d’un artiste. Avec talent, la cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette conserve l’esprit de son film Le Ring avec Je voudrais qu’on m’efface (Hurtubise). De son côté, le comédien Gilbert Turp dévoile la reprise en main d’un homme (Ne t’arrête pas, Leméac). Michel Jean, animateur de JE, rendra quant à lui un hommage bien senti aux femmes avec Une vie à aimer, à paraître chez Libre Expression, aussi éditeur du western Une histoire de cowboy de – les habitués de RDS la reconnaîtront – Claudine Douville. On ne peut passer sous silence les premiers romans du scénariste et comédien Benoît Roberge (Éparpillé, Les Malins) et de Varda Étienne (Femmes de gangster,Intouchables). Mentions spéciales aussi à Roy Dupuis qui figure dans le titre du Luc Mercure (La faute à Roy Dupuis, Leméac) et au hockeyeur Patrick Roy, qui, incidemment, porte le même nom que l’auteur de La ballade de Nicolas Jones (Quartanier). Gageons que ce Patrick Roy littéraire retiendra notre attention avec son «western métaphysique».

UNE HISTOIRE À RACONTER
Les Québécois sont friands de sagas historiques, et ils seront gâtés au cours des prochaines semaines! Détour obligé par la conclusion de la série « Un bonheur si fragile » du prolifique Michel David, décédé en août. Son éditeur, Hurtubise, offre également les suites espérées des « Folles années » de Jean-Pierre Charland et de La force de vivre de Michel Langlois. Suites ultra-attendues aussi que celles des Mémoires d’un quartier de Louise Tremblay-D’Essiambre et de Racines de faubourg de Sophie-Julie Painchaud, toutes deux chez Guy St-Jean éditeur, d’Au bout de l’exil de Micheline Duff, d’Une jeune femme en guerre de Maryse Rouy et de La Fille du Pasteur Cullen de Sonia Marmen, publiés chez Québec Amérique. Par ailleurs, pour ceux qui n’ont entamé aucune de ces séries, jetez votre dévolu sur le prometteur Jour de tourmente (VLB) de Marie-Claude Boily, sis dans le Montréal ouvrier des années 1880, ou sur Le curé d’Anjou (Fides) d’Odette Mainville, basé sur l’histoire vraie d’un prêtre gaspésien alcoolique. Pour un zeste de « glamour », optez pour les destins de Reines tragiques (Danny Saunders, Les éditeurs réunis).

LIRE UN SOURIRE AUX LÈVRES
Rire de soi, voici l’objectif qu’atteint François Barcelo avec Ça sent la banane, roman d’autodérision dans lequel un Québécois s’évertue à donner des cours de claquettes, malgré son incapacité à en exécuter le moindre pas. L’humour est aussi au rendez-vous dans Et Dieu créa les animaux à notre image, fable moderne imaginée par Marc Sauvageau (Planète rebelle). Autre conte pour adultes, Hier… j’ai marché quinze jours (Michel Brûlé) d’André Richard ravira les amateurs de récits poétiques et humoristiques. L’ironie et l’humour d’Hélène Ferland se revêtent de noir au détour des pages d’Une nouvelle chasse l’autre (Sémaphore), un recueil qui, entre deux récits plus sombres, laisse poindre un soupçon de sarcasme bien senti. Car, même si la vie n’est pas toujours drôle, mieux vaut en rire…

LES GRANDS RETOURS
Il y a de ces auteurs que l’on suit comme une religion. Ainsi, il est facile d’imaginer qu’une pléthore de fidèles déposera des tonnes de Revenir de loin de Marie Laberge sous le prochain arbre de Noël. Michel Tremblay en ravira autant avec ses Contes de Josaphat-le-Violon (Leméac), qui baignent toujours dans le monde attachant de ses personnages fétiches. Même chose pour Jean-François Beauchemin, Louis Hamelin et Suzanne Jacob, qui nous séduira avec Un dé en bois de chêne (Boréal), un recueil de nouvelles à propos de relations amoureuses et de ruptures. On attend aussi Conséquences lyriques (Québec Amérique), le prochain Pierre Yergeau, décrit par l’éditeur comme « un roman cubiste ». Claude Jasmin revient, lui, avec Papamadi, une autofiction publiée chez VLB éditeur, alors que Lucie Pagé soutient qu’il reste Encore un pont à traverser (Libre expression). Quant à André Marois, il touche au roman psychologique avec Neuf ans, pas peur (La courte échelle), alors qu’on plonge dans la crise de la cinquantaine grâce à Comme dans un film des frères Coen (XYZ) de Bertrand Gervais.

À L’OMBRE D’UN SOUVENIR
Un livre est un rétroviseur, un moyen de regarder le passé. Un ouvrage comme En route et pas de sentiment (Hurtubise) permet de suivre les derniers moments d’Anne Hébert à travers les yeux de Michel Gosselin, qui a réellement côtoyé la grande dame des lettres avant son décès. Fiction et réalité s’entremêlent pour montrer un nouveau visage de la discrète Anne Hébert. Semblable proposition du professeur et critique Réal La Rochelle, qui revit le passage à Montréal du génial interprète et compositeur Leonard Bernstein, dont on souligne le 20e anniversaire de décès cette année (Lenny Bernstein au parc Lafontaine, Triptyque). D’autres s’attardent à des clans, dont André Lamontagne, qui exhume le passé de la communauté chinoise à Québec dans Les fossoyeurs (David). Plus intime, Nadia Ghalem raconte avec L’amour au temps des mimosas (Mémoires d’encrier) le parcours d’immigrants. Le thème de la mémoire est également omniprésent dans le quatrième roman de Jérôme Élie, L’oubli, après nous (Pleine lune). La narratrice de Je mourrai pas zombie, deuxième roman de Diane Labrecque après Raphaëlle en miettes, entame la recherche de deux anciennes flammes. Comme quoi il y a des rencontres qui marquent à jamais…

ICI ET AILLEURS
On éprouve toujours un plaisir coupable à apprivoiser son quartier à travers les yeux d’un écrivain. D’abord, détour obligé par la métropole avec Nicole Houde, récipiendaire du Prix du Gouverneur général en 1995, qui s’aventure avec Bancs publics (Pleine lune) dans les rues du quartier Rosemont. On se déplace dans Parc-Extension avec Lucie Ledoux, qui présente Un roman grec (Triptyque), le récit d’une Québécoise « pure laine » née dans le quartier le plus multiethnique de Montréal. Aucun mal de mer prévu, malgré un séjour sur le fleuve joliment mis à profit dans La belle et le marinier, recueil de contes de Lucie Bisson (Planète rebelle). Benoît Séguin propose quant à lui de se rendre au fond d’un rang d’un petit village grâce à son roman philosophique Et le vent a soufflé sur la glaise (Jour). Ceux qui veulent s’évader pourront le faire grâce à Marc Ory, qui nous amène à Venise (Zanipolo, Triptyque). Il faudra monter plus au nord, à Moscou en fait, pour retrouver l’artiste atypique qui hante L’homme blanc de Perrine Le Blanc (Quartanier). Peut-être souhaiteriez-vous plutôt faire escale dans l’une des chambres du Château bizarre (Marcel Broquet), un collectif de 15 auteurs-poètes, dont José Acquelin et Patrick Coppens?

TOUJOURS AUSSI PROMETTEUR
Retrouver un auteur qui avait fait grande impression les saisons passées est toujours une expérience agréable. Le vent automnal annonce le retour d’Hélène Vachon qui avait épaté, en 2002, avec La tête ailleurs. Cette fois, elle offre un morceau tout en finesse avec Attraction terrestre (Alto), qui célèbre, selon son éditeur, « le bonheur d’exister sur terre ». Toujours chez Leméac, on applaudit la récidive de Sofia Benyahia qui, trois ans après l’excellent Les couteaux à pain trouent les seins comme rien, revient avec Contes pour mon père. Après avoir fréquenté l’univers des moines, David Dorais ouvre la porte à un étrange Cabinet de curiosités, un texte à la limite du fantastique publié à L’instant même, qui annonce également Soyons amis de Suzanne Lantagne. Grâce à Un souffle venu de loin d’Estelle Beauchamp, dont on se rappelle Les enfants de l’été, on s’évadera avec Mirka, enfant réfugiée au Canada après la Deuxième Guerre mondiale. Dans un registre plus léger, Anne Bonhomme quitte le milieu scolaire de La suppléante pour naviguer, avec Échecs et maths (Stanké), dans les méandres de la téléréalité et de la beauté à tout prix.

Essai

CHANGER LE MONDE
Les idées bouillonnent en cette rentrée 2010. Regard sur ces essais qui montrent le monde sous toutes ses coutures.

Facile de devenir pessimiste. Ici, le smog devient banal. Là, les bombes éclatent. Alors que Fabrice de Pierrebourg parle des Martyrs d’une guerre perdue d’avance (Stanké) et que Roméo Dallaire plaide pour en finir avec le recours aux enfants soldats (Libre Expression), Pierre-Alain Clément affirme l’échec mutuel des combattants dans G.I. contre Jihad (PUQ) et Danielle Laurin, critique au Devoir, lance un cri du cœur (Promets-moi que tu reviendras vivant, Libre Expression) à ce mari-reporter de guerre. Au final, Gilbert Lavoie, chroniqueur au Soleil, constate les traumatismes dans Blessures de guerre (Septentrion). On parle des guerres d’aujourd’hui, mais de celles d’hier aussi. L’un décrit avec brio Les derniers jours de Mussolini (Fayard), l’autre s’attarde à Eichmann (Tallandier), architecte de l’Holocauste. Et le sort des victimes? Il faudra lire Eva et Ruda, récit de deux amoureux ayant vécu l’essor nazi (Passage).

Pas rose non plus la situation de notre Planète jetable (Écosociété). Sans oublier ce Vilain petit canard (Multimondes) qui peut nous intoxiquer. Ajoutons-y les tragédies naturelles, Mémoire d’encrier revient notamment sur le séisme haïtien (Haïti délibérée, Refonder Haïti), et les conflits de religion. Tous devraient prendre du recul avec Musulman mode d’emploi d’Haroon Siddiqui (XYZ) ou Là-haut, il n’y a rien de Normand Baillargeon et ses complices (PUL). D’autres maux grugent nos sociétés. Les journalistes André Noël et André Cédilot s’infiltrent au cœur de la Mafia inc. (Homme). Pendant ce temps, Moi, Ziad, soldat des gangs de rue  (Intouchables) se raconte. Autre sujet inépuisable, le débat sur la langue, mis en lumière dans La langue au quotidien (Nota bene) et Le salut de l’arrière-pays (Prise de parole). Et des dizaines d’autres questions, de Pascal Bruckner (Le mariage d’amour a-t-il échoué?, Grasset) à Pascale Navarro (Les femmes en politique changent-elles le monde?, Boréal).

Déprimant? Malgré tout, il faut se dire qu’une pléthore de petites choses font que La vie est cool (Transcontinental), se divertir en souriant devant Une histoire politique du pantalon (Seuil) ou Cigarette : histoire d’une allumeuse (Payot), en découvrant, avec la réputée Michelle Blanc, Les médias sociaux 101 (Logiques), en étudiant La science, de votre sous-sol jusqu’aux étoiles (Multimondes) ou en mettant en pratique ce Petit traité de simplicité pour les femmes (Béliveau).

Et, avant tout, il faut se réconforter en se disant que certains travaillent à bâtir un monde meilleur, dont David Suzuki (Boréal), Noam Chomsky (Lux), Mercédès Baillargeon (Remue-ménage), le Dalaï Lama (Cornac), Jacques Grand’Maison (Novalis) et Richard Dawkins (Robert Laffont). Car, tout ce qu’on veut, n’est-ce pas Guérir la terre (Albin Michel)? Comme le dit Antonine Maillet, Fais confiance à la mer, elle te portera (Leméac)…

À CHACUN SA BIO
Bon an, mal an, une kyrielle de biographies déferlent en librairie. En 2010, côté politique, la curiosité nous attire chez Tony Blair (Albin Michel), Margaret Trudeau (Flammarion Québec), Confucius (Seuil), Nelson Mandela (Archipel), Robert Bourassa (Malins) et l’ex-felquiste Jacques Lanctôt (Stanké). Les célébrités ne sont pas en reste, de Janine Sutto (Libre expression), racontée par son gendre Jean-François Lépine, sans oublier Arnold Schwarzenegger(Transit), Keith Richards (Robert Laffont), Frank Zappa (Triptyque), Roman Polanski (Philippe Rey) et RBO (Les éditeurs réunis). Bien hâte de jeter un œil aux témoignages de Jean Coutu (Homme), Ingrid Betancourt (Gallimard), Élisa T. (JCL) et Natasha Kampusch (JC Lattes), la jeune Autrichienne séquestrée pendant 3096 jours. Le libraire est également intrigué par l’entretien entre Alberto Manguel et Claude Rouquel (Leméac), les récits de voyage de René Ouellet et Éric Bertrand (Bertrand Dumont), le dernier amour de George Sand (Grasset), l’esprit de contradiction de Lysiane Gagnon (Boréal), la saga des Tudors (Flammarion), le retour du prof Léo-Paul Lauzon (Michel Brûlé) et les Rencontres extraordinaires (Nil), qui dévoile des liens surprenants entre, notamment, Michael Jackson et le créateur des albums Martine ou Andy Warhol et Jean-Paul II.

Littérature étrangère

TÊTES D’AFFICHE
Avec près de 500 nouveaux titres, la France domine sans contredit la production littéraire de la rentrée. Et avec seulement 85 premiers romans, les éditeurs misent cette année sur les poids lourds de la littérature.

En tête des tirages les plus élevés, on retrouve sans surprise le traditionnel Amélie Nothomb avec Une forme de vie (Albin Michel), suivi de près par Michel Houellebecq et La carte et le territoire (Flammarion), deux romans qui mettent en scène des héros portant le même nom que leurs créateurs. Jean d’Ormesson retourne au récit philosophique avec C’est une chose étrange à la fin que le monde (Robert Laffont) et Olivier Adam explore le thème du suicide dansLe Cœur régulier (L’Olivier).

Faste programme donc, dont on retiendra également quelques titres d’auteurs confirmés tels que Ouragan de Laurent Gaudé (Actes sud), l’ambitieux roman historique Le siècle des nuages dePhilippe Forest(Gallimard), sans oublier le nouvel effort du prix Nobel sud-africain J. M. Coetzee, L’Été de la vie (Seuil). Jean-Baptiste Del Amo, qu’on a découvert en 2009 avec Une éducation libertine, revient avec Le Sel (Gallimard) alors que le traducteur réputé Claro propose CosmoZ  (Actes Sud).

FEMMES DE LETTRES
Les éditeurs font plus que jamais la part belle au beau sexe cette saison.  Outre le retour des trois plus audacieuses écrivaines françaises (Claire Castillon, Virginie Despentes et Ann Scott), soulignons la présence de la jeune auteure Karine Tuil, qui livre son héroïne à l’emprise d’un prédateur sexuel dans Six mois, six jours (Grasset), tandis qu’Eliette Abécassis fait le récit amer d’Un mariage ordinaire (Albin Michel). Maria Luna Vera s’aventure pour sa part chez les travestis dans Pute (Buchet-Chastel), alors que Virginie Mouzat sonde les relations mère-fille dans La vie adulte (Albin Michel) et que Léonora Miano cherche l’amour dans Blues pour Elise (Plon).

À LA GUERRE COMME À LA GUERRE
Comme toujours, les récits de guerre ont la cote chez nos cousins. Cinq romans lui sont consacrés à l’enseigne seule de Grasset, dont L’ennemi du bien de Stéphane Denis, l’intrigant L’homme mouillé d’Antoine Senanque et le très attendu Otage de l’auteur franco-américain et prix Nobel de la paix Elie Wiesel. L’insomnie des étoiles de Marc Dugain (Gallimard) est campé dans l’après-Deuxième Guerre, tout comme Troisième jour de Chochana Boukhobza (Denoël). Martin Provost, quant à lui, aborde la Première Guerre mondiale dans Bifteck (Phébus), alors que Tony Cartano s’attaque à la guerre d’Espagne avec Des gifles au vinaigre (Albin Michel).

PREMIERS DE CLASSE
Côté découvertes, quelques premiers romans de jeunes (et moins jeunes) auteurs prometteurs ont piqué notre curiosité, à commencer par la chronique satirique Libre seul et assoupi de Romain Monnery (Au Diable Vauvert). On s’intéressera à l’Enfance ultramarine d’Anne-Sophie Constant (CNRS) ainsi qu’à La colère du rhinocéros de Christophe Ghislain (Belfond). Du plomb dans le cassetin de Jean Bernard-Maugiron (Buchet-Chastel) et Le Front russe de Jean-Claude Lalumière (Le Dilettante) promettent de faire sourire tandis que Requiem pour Lola rouge de Pierre Ducrozet (Grasset) et  Nevrospiral de Patrick Olivier Meyer (Calmann-Lévy) éveilleront des désirs passionnels chez leurs lecteurs.

DE PAR LE MONDE
Du côté anglo-saxon, les tablettes des librairies se pareront bientôt des nouveaux titres de Ken Follet (La chute des géants, Robert Laffont) et Philip Roth (Indignation, Gallimard) qu’on devine déjà au sommet des palmarès. Bret Easton Ellis fait comme à son habitude la manchette avec ses Suite(s) impériale(s) (Robert Laffont) et Salman Rushdie joue au conteur dans Luka et le feu de la vie (Plon).

La prolifique romancière américaine Joyce Carol Oates revisite un fait divers dans Petite sœur, mon amour (Philippe Rey), cependant qu’Amanda Boyden propose un portrait chaotique de la Nouvelle-Orléans dans En attendant Babylone (Albin Michel). À la même enseigne, Louise Erdrich propose le sombre La Malédiction des colombes quand, de son côté, l’historienne britannique Anita Brookner explore le déracinement amoureux dans Étrangers (Fayard).

Les hispanophones ne sont pas en reste cette saison : l’Argentin Alan Pauls propose une singulière Histoire des cheveux (Bourgeois) alors que le Salvadorien Horacio Castellanos Moya fait paraître l’audacieux Effondrement aux Allusifs. Le toujours populaire écrivain lusophone Paulo Coelho est de retour avec Brida (Flammarion), et l’auteure allemande primée du Nobel 2009 Herta Müller propose La Bascule du souffle (Gallimard).

POST-MORTEM
De nombreux auteurs mythiques verront leurs œuvres traduites ou révisées en langue française cet automne. Aux éditions de l’Olivier paraîtront ainsi les versions intégrales des recueils du nouvelliste postmoderne Raymond Carver, Débutants et Parlez-moi d’amour. L’éditeur indépendant Tristram revisite pour sa part les légendaires «Gonzo papers » d’ Hunter S. Thompson, dont les deux premiers tomes, Parano dans le bunker et Dernier tango à Las Vegas, ont assuré la gloire du délirant journaliste américain.

Deux nouveaux textes du regretté David Foster Wallace se voient enfin édités au Diable Vauvert; les étonnants La fille aux cheveux étranges et C’est de l’eau, véritables chefs-d’œuvre de la littérature américaine.

Pour finir, le roman inédit À qui la faute de Sophie Tolstoï (Albin Michel) fait son entrée dans les bacs à l’occasion du centenaire de la mort de son mari Léon.

Polar

Il est loin, le temps où le roman policier n’était qu’un passe-temps pour messieurs. En plus d’être considéré comme un vrai genre littéraire, le « polar » est devenu le plus populaire d’entre eux, se diversifiant en même temps que ses publics. Résultat : la plupart des grands éditeurs, et plusieurs plus petits, ont une collection policière. Un coup d’œil sur l’automne en témoignera.

REGARDS SUR LE RIVAGE
Les « suspects habituels » du polar ne chôment pas cette année! Chez Rivages, dont la politique éditoriale est remarquable, des auteurs peu connus (Doug Allyn avec Juke Box Cadillac, Peter Temple avec Un monde sous surveillance) côtoient des classiques de notre temps (Tokyo, ville occupée, deuxième tome de la trilogie de David Peace et le second David Fulmer, Jass.) La célèbre « Série Noire » de Gallimard revit depuis quelques saisons. De nouvelles preuves : Coup de sang, premier roman de l’Irlandais Hughes Declan, une recrue en pays francophone; En ce sanctuaire, une nouvelle aventure alcoolisée du privé Jack Taylor de Ken Bruen et Les Yeux morts, d’Elsa Marpeau.

ARCHIPEL EN VUE
À l’Archipel, où l’on assume une vocation très « grand public », deux auteurs maison retiendront l’attention : Sebastian Fitzek (Tu ne te souviendras pas) et James Patterson, le « millionnaire numérique » (Une ombre sur la ville). Sensiblement le même créneau chez Belfond : Ze Star (Ben Elton), Sans un adieu (Harlan Coben), Rhapsodie en noir (Craig McDonald) et L’Heure d’avant (Collin Harrison).

SONATE POUR CETTE TERRE DU SUD
Ces dernières années, d’autres éditeurs sont venus réclamer leur place dans le genre, tels Sonatine ou Actes Sud, qui ajoutera quatre titres, de quatre pays différents, à sa collection « Actes Noir » : Bunker, d’Andrea Maria Schenkel; La neuvième pierre, de Kylie Fitzpatrick; La terreur de vivre, de Urban Waite et Djoliba, fleuve de sang, d’Alain Wagneur. Un nouveau venu intrigant, Asphalte, propose trois recueils thématiques de nouvelles dans sa nouvelle collection « Asphalte Noir » : Paris noir, Los Angeles noir et Londres noir. Chez les Éditions des Deux Terres, deux nouveaux Ruth Rendell (On ne peut pas tout avoir et Tu accoucheras dans la douleur) et deux enquêtes philosophiques d’Isabel Dalhousie, par Alexander McCall Smith (La douce tranquillité des samedis et L’importance d’être reconnaissant).

AU SEUIL D’UNE NOUVELLE CITÉ
Le Seuil ne cédera pas sa place en cet automne occupé : L’empoisonneuse d’Istanbul (Petros Markaris), L’envers du décor (Joseph Wambaugh), La danse de la mort (Veit Heinichen) et Pour la place du mort (Charlie Huston) viendront augmenter ses collections policières. Les Presses de la Cité marqueront leur territoire en rouge grâce à de nouveaux « Sang d’encre » : Du sang sur la neige, de Levi Henriksen; Box 21, d’Anders Roslund; L’Ennemi intime, d’Ava McCarthy et, la star de la maison, Elizabeth George, avec Le Cortège de la mort.

UN PETIT GOÛT DE CHEZ NOUS
Chez les autres éditeurs, signalons quelques publications qui forment la pointe de l’iceberg. Notez qu’une visite chez votre libraire indépendant vous permettra de découvrir des œuvres qui, si elles ne sont pas présentées en piles comme des denrées périssables, méritent une place dans votre bibliothèque. Chez les éditeurs d’ici, soulignons la parution de L’Homme qui mangeait les livres (Patrice Robitaille, Interligne), de Comment appeler et chasser l’orignal (Sylvain Houde, Coup de tête) et du deuxième tome des « Marionnettistes », de Jean-Louis Fleury (Guy Saint-Jean). Chez Libre Expression, on fait paraître un quatrième Luc Bertrand (Le Quinzième verset) et un troisième Johanne Seymour (Vanités). Flammarion Québec a mis la main sur En plein cœur, de Louise Penny, la première enquête de son Armand Gamache traduite en français.

SOUFFLE DE DÉCOUVERTES
D’autres titres à surveiller chez Bragelonne (Deuil, de Peter James), Calmann-Lévy (Un meurtre gratuit, de David Levien), Fayard (Ça ne fait de mal à personne, de James Russell et Redemption factory, de Sam Millar), Fleuve Noir (Hors d’haleine, de Jon Stock), Florent Massot (Private Gentleman, de Martin Booth, tout juste sorti en film), Michel Lafon (Black Run, de Alex Barclay et Des cadavres trop bavards, de David Baldacci) et le Serpent à Plumes (Haine, d’Anne Holt). N’oublions pas Baleine, qui publiera entre autres Holiday, de Jean-Bernard Pouy et une aventure québécoise du Poulpe (Maria, chappe de haine, de Luc Baranger).

Science-fiction

Contrairement à ce qui se fait pour le roman policier, seuls quelques éditeurs se commettent en science-fiction et en fantastique. Mais on aurait tort de négliger les littératures de l’imaginaire, qui conservent leurs fidèles côté éditeurs et côté lecteurs. L’espace nous manque pour en rendre compte autrement que de façon exhaustive, mais voici, mentionnés, quelques incontournables.

Terry Pratchett fera paraître, toujours à l’Atalante, le 33e tome des « Annales du Disque-monde », Allez les mages. Le deuxième volume de « La Lignée », de Guillermo del Toro, La Chute, paraîtra aux Presses de la Cité. Dragons et serpents, de Robin Hobb (Pygmalion), est le premier d’un nouveau cycle. Mentionnons chez Mnémos Stefano Beni (Terra!) et David Gemmell (Le Lion de Macédoine, 2 tomes). Ian MacDonald et son Fleuve des dieux (Denoël) devraient aussi attirer l’attention. Bragelonne est particulièrement actif avec, par exemple, Ombres et flammes (Kevin J. Anderson), La Louve et la croix (Andrew S. Swann) et Abandonnés des dieux (premier tome des « Elfes » de James Barclay). Au Québec, Héloïse Côté (Tueuse de dragons, Alire) et Jean-Pierre Davidts (Les Sept larmes d’Obéron (t. 3) se lancent dans l’aventure.

Comme on peut le voir, l’imaginaire, les frissons et l’évasion sont bien vivants!

Littérature jeunesse

PASSEZ AU VERT!
Cet automne, réfléchissez à l’avenir de la planète : Planète vivante (Québec Amérique), une collaboration avec le Biodôme de Montréal, pousse à comprendre et à préserver la biodiversité alors que Voici ma planète (Bayard) traite des changements climatiques. Pour les petits, L’Arbrier (Albin Michel) propose des activités pour découvrir les arbres du quartier. Le voyage de Kwé-Kwé (Planète rebelle, avec CD) explore quant à lui l’idée de symbiose avec la nature dans un conte amérindien renouant avec nos ancêtres.

100% FILLES: «JE SERAI LA PLUS BELLE POUR ALLER DANSER»
On le sait, les filles aiment être coquettes. Afin de combler leur appétit de trucs de beautés, de questions sur la puberté et d’idées pour s’amuser, quelques ouvrages sont de mise. Bien entendu, les célèbres L’ABC des filles (Les Malins) et sa version française Le Dico des filles (Fleurus) sont LES bibles pour adolescentes. De plus, Le guide du gardiennage (Les Malins) est essentiel. Et pour amuser les fillettes, Fêtes de princesses et de fées gourmandes (Guy Saint-Jean) propose des recettes et des décorations qui rendront magiques les moments passés en leur compagnie. Pour les plus âgées pour qui amour, école secondaire, relations sexuelles et liberté font partie des tracas quotidiens, voici des romans qui sauront les réconforter : La fille d’en face (Leméac), Aurélie Laflamme (t. 7), Morgane (t.3) (Intouchables), La fille qui voulait être Jane Austen (Albin Michel), Oseras-tu? (t. 4) (Guy St-Jean), Où vas-tu, Sunshine? (Gallimard) et Lili-La-Lune (t.1) (Vent d’Ouest).

PARCE QU’ON EST TOUS DIFFÉRENTS
La différence est au cœur des préoccupations de nombreux jeunes. Dans Karim le Kaki (Bayard, dès 3 ans), Félix présente son formidable ami qui a un accent et des goûts bizarres. Et pourquoi ne pas feuilleter L’Encyclopédie des religions (Gallimard) pour découvrir la richesse de chaque croyance? Autre aspect de la différence : les enfants dont la mère est en prison. C’est le thème abordé dans le nouveau roman de Sylvie Frigon, chez Remue-Ménage. Et pour ceux qui se trouvent trop petits, Ti-Boutte, de Janette Bertrand (Bagnole), saura vous convaincre du contraire! Le dragon de l’album Charles à l’école des dragons (Seuil) a quant à lui besoin d’un coup de pouce pour prendre son envol…

LE GOÛT DU SPORT?
Qui a dit que les sportifs n’aimaient pas lire? Surement pas ces auteurs qui consacrent leur plume au sport! Du côté de Scholastic, la biographie illustrée Le fameux Tim Horton ravira le fan de hockey, tout autant que Bienvenue à Rocketville, petit roman aux éditions du Phoenix, qui raconte l’histoire de Zack, 9 ans, qui reçoit un équipement de hockey de son père, équipement pour le moins… magique! Côté baseball, les petits riront avec l’album J’aime pas les mascottes (400 coups) pendant que les 8 ans et plus se régaleront des romans de François Gravel Ça, c’est du baseball! et Du soccer extrême, chez Foulire.

HISTOIRES DE FAMILLE
Cet automne, ce sont les grands-parents qu’on retrouve sous les feux de la rampe! Pour les lecteurs de 8 à 11 ans, on annonce L’été de grand-papa (L’Interligne), Vlad et moi et les nids-de-poule (Soulières), Ma mémé passe l’Halloween (Pierre Tisseyre) et Le complot (Phoenix). Pour les 13 ans et plus, on recommande Une bougie à la main (Boréal), un roman d’apprentissage sur la vie adulte.

AMOUR, AMOUR, QUAND TU NOUS TIENS!
Alors que Louise Portal revisite l’histoire d’amour la plus populaire dans Juliette et Roméo (Hurtubise), les éditions Marchands de feuille offrent une ritournelle audacieuse avec Tarentelle. Quant à eux, les 400 coups publient Écho et Narcisse, un mythe romantique illustré par Marion Arbona. Et, parce que l’amour a plusieurs visages, l’album Le plus beau des cadeaux (Alice) nous en dévoile toutes les facettes.

RACONTE-MOI UNE HISTOIRE
Parfois, même si on adore nos amis, on a besoin d’être seul. La solution Ninja (Scholastic) propose une histoire brillante sur le thème de la solitude en amitié. Tout est question de liberté. Justement, le très coloré Un poil de liberté (Isatis) raconte les aventures du chat Monchou, qui goûte à la liberté de l’extérieur pour la première fois. Dans la même veine, le félin de l’espace de Basile au secours de Ted (Scholastic), entre roman et BD, saura en faire rigoler plusieurs. Dans ce type de romans hybrides, les tomes 3 et 4 des « Dragouilles » (Michel Quintin) sont attendus avec impatience. Victor et la dent perdue (Hurtubise), illustré par Fil et Julie, raconte l’histoire rocambolesque d’un petit qui perd une dent… Mais chez les 400 coups, ce sont les parties du corps des animaux qui disparaissent dans Les oreilles de Monsieur lapin! Un clin d’œil au Nez de Gogol? Toujours avec les bêtes, le magnifique Alex et MauveLa tortue (Les heures bleues) est un album humoristique où deux enfants inventifs cherchent une solution pour aider une tortue épuisée.

DES SÉRIES DE FANTASTIQUES ROMANS
Plusieurs nouvelles séries fantastiques sortent pour la rentrée. En rafale, voici des titres dignes de mention : Le Cercle d’Éloan (t. 1) (Mortagne) où des jeunes insulaires découvrent les pouvoirs d’un mystérieux cristal ainsi qu’un monde insoupçonné; Damné (t.1) (Hurtubise), de l’auteur du Talisman de Nergal, Hervé Gagnon; Les premiers magiciens (t. 1) (Hurtubise), qui plaira aux filles grâce à son histoire magique où les enfants humains naissent dans les feuilles de chou et où l’alliance entre le peuple des hommes et celui des magiciens est rompue; Emrys (t. 1 (Intouchables), écrit par l’auteur de Celtina, où le protagoniste éponyme a accès à l’information universelle grâce à un cristal; et Les quatre Nillë (t. 1) (Marcel Broquet), l’histoire d’une héroïne qui sort tout juste de l’adolescence et qui devra combattre le mal au nom du bien. Et bien sûr, il ne faut pas oublier les séries qui ont fait leurs preuves : Will Ghundee (t. 6), Le royaume de Lénacie (t. 3), Tila (t. 8), Jacob Jobin (t. 3), Wariwulf (t. 3), Les ailes d’Alexane (t. 2) et Arielle Queen (t. 9).

HISTOIRES À DORMIR DEBOUT
Pour bien dormir, il faut éviter les cauchemars (Les cauchemars de Léonard, Dominique et compagnie), laisser notre esprit vagabonder dans des décors oniriques (La machine à rêver, Soulières), se sentir détendu (Massage pour petites mains, Dominique et compagnie), savoir s’accrocher aux étoiles et se doucher dans la rosée (Kalladimoun, Interligne) ainsi que vaincre sa peur du noir (Max Malo à la belle étoile, Québec Amérique) et celle des monstres (Mémère et ses cinq monstres, Hurtubise et L’École des monstres, Québec Amérique). Sur ce, bonne nuit, beaux rêves, pas de puces pas de punaises!

Beau livre

À LA SOUPE!
Boulimiques d’images, voici de quoi faire saliver vos pupilles. Cette saison marque plus que jamais le retour au « comfort food » et à la simplicité. Avec Soupesoup (Flammarion), Caroline Dumas nous propose ses soupes, sandwichs et salades savoureux, tandis que Bob Lechef nous enseigne l’art de cuisiner sans se casser la tête avec L’anarchie culinaire 2 (La Presse). Aux Éditions de l’Homme, Jean-François Plante nous révèle ses secrets culinaires avec Plaisirs coupables et Laurent Godbout nous sert une cuisine décontractée dans Comme au chalet (De l’Homme). Dans Le bonheur de cuire (Québec Amérique), le chef réputé Philippe Laloux partage sa passion pour son métier et, enfin, nos Chasseurs d’épices préférés, Ethné et Philippe de Vienne, sont de retour chez Trécarré.

L’ART ET L’HISTOIRE
À l’occasion du centenaire du quotidien, son directeur aux pages culturelles Jean-François Nadeau fait paraître Le Devoir, un siècle québécois aux Éditions de l’Homme. À la même enseigne, nous retrouvons le deuxième tome de l’excellent Gilles Vigneault, l’apprenti sage signé Mia Dumont. Chez Fides paraîtra À chacun son métier d’Hélène-Andrée Bizier, quatrième livre de la série consacrée à l’histoire du Québec en photos. La célèbre photographe Anne Geddes revient cette année avec l’album Naissances (Hors Collection) et la toujours surprenante maison d’édition Taschen propose une histoire des graffitis avec Trespass: une histoire de l’art urbain illicite.

VASTE MONDE
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage sans même quitter la maison, grâce aux beaux-livres de la saison. Tandis que Bruno Blanchet livre le troisième tome de La frousse autour du monde aux éditions La Presse, Chrystine Brouillet nous amène en balade dans la ville lumière avec ses Carnets de Paris, illustrés par l’aquarelliste Jean-Guy Meunier (Les heures bleues). Le pilote et photographe Mario Faubert propose de survoler la région magnifique du Nord du Québecdans Nunavik – Québec inconnu (Passage), un ouvrage regroupant des textes des chanteuses Chloé Sainte-Marie et d’Élisapie Isaac et préfacé par Yann Arthus-Bertrand.Ce dernier fait également paraître chez La Martinière La Biodiversité, dans lequel il présente les menaces qui pèsent sur notre planète. Chez le même éditeur, Hans Silverster dresse un portrait insolite d’un village éthiopien dans Fenêtre sur l’Afrique, un album-photo préfacé par l’écrivain Alain Mabanckou.

Bande dessinée

L’été est une saison cruelle pour les amoureux du 9e art! Le rayon des nouveautés ne leur offre pratiquement rien, sinon l’écho de leur attente. Heureusement, le temps des tablettes vides est révolu, et les prochaines semaines promettent leur lot de parutions alléchantes.

Par où commencer, sinon par la BD québécoise qui annonce à elle seule deux suites attendues? Tout d’abord, Francis Desharnais récidive avec un second tome de Burquette (Les 400 coups). La jeune Alberte a réussi à échapper à la burqa, mais parviendra-t-elle à fuir la machine à coudre en fonte? On se régale déjà des nouveaux délires audacieux de l’auteur! Dans un registre un peu plus sérieux, Jean-Sébastien Bérubé travaille sur la suite des captivantes aventures de Radisson (Glénat Québec). Michel Falardeau, quant à lui, renoue enfin avec la BD! On avait beaucoup apprécié Mertownville. On attend donc avec impatience son « one-shot » Luck (Dargaud).

Le Canadien Bryan Lee O’Malley, qui a connu un succès pour le moins inattendu avec « Scott Pilgrim » (Milady), n’a pas fini de séduire ses lecteurs, car les tomes 2 et 3 seront disponibles en français cet automne. Côté américain, le dixième tome de « Fables » (Panini comics) est finalement arrivé en librairie. Ceux qui ne connaissent pas encore Bill Willingham et sa version décapante de l’univers des contes de fées doivent absolument s’y mettre. Intelligent et culotté! Le douzième « Walking Dead » doit également paraître cet automne.

Évidemment, la BD européenne n’est pas en reste. Les mordus de science-fiction seront ravis d’apprendre la sortie du tome 4 d’ « Orbital » (Dupuis), de Serge Pellé et Sylvain Runberg. Les Espagnols José Robledo et Marcial Toledano poursuivent également sur leur lancée avec le tome 3 de « Ken Games » (Dargaud), un polar bien ficelé et rafraichissant. De plus, le prolifique Joann Sfar signe Chagall en Russie (Gallimard), un roman graphique qui raconte la vie d’un certain peintre…

L’arrivage en provenance du Japon a aussi de quoi régaler les amateurs de mangas. On attend avec impatience le tome 3 de « Bakuman » (Kana), par les auteurs de Death note, mais aussi Rock (Casterman), le dernier Kyoko Okazaki et le deuxième tome de la nouvelle série d’Aya Nakahara (connu pour « Lovely Complex »). Et, bien que le nombre de tomes de cette série soit en train de devenir indécent, on ne peut s’empêcher d’espérer Les Gouttes de Dieu (t. 15) (Glénat).

Pour terminer, petite curiosité à surveiller : l’adaptation en bande dessinée d’Orgueil et préjugés et Zombies (Casterman) par Cliff Richards et Tony Lee. Le remake de Jane Austen par Seth Grahame-Smith n’a décidément pas fini d’avoir du succès!

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