Jacques Ferron, sa sœur Madeleine et son beau-frère Robert Cliche entretiennent une correspondance soutenue par les sujets de la famille et des changements sociaux. Le premier livre, Une famille extraordinaire (Leméac), comprend 179 lettres et fait état des années 1946 à 1960 alors que les épistoliers ont entre 24 et 39 ans. Jacques exerce la médecine, en Gaspésie puis à Montréal, tout en entreprenant l’écriture, tandis que Madeleine et Robert sont en Beauce, ce dernier devenant de plus en plus un avocat reconnu et un activiste politique. Sa femme travaille à ses côtés avant d’écrire à son tour un peu plus tard. Les lettres entre le frère et la sœur sont parcourues d’une tendresse épique dont l’un et l’autre ne sont pas épargnés et qui rendent compte de l’ébullition qui anime leurs esprits. Les annotations de Marcel Olscamp et Lucie Joubert permettent de suivre la ligne du temps et d’établir des rapports entre les lettres et certains textes de création des Ferron.

Le deuxième tome, Le Québec n’est pas une île (Leméac), regroupe 277 missives se rapportant aux années 1961 à 1965, premier temps de la Révolution tranquille. Les frictions se font plus franches, notamment entre les beaux-frères qui militent dans des partis qui n’ont pas la même vision. Dans le détour, seront aperçues des personnes significatives, René Lévesque, Thérèse Casgrain, Pierre Elliot Trudeau. En parallèle, la littérature domine autant que la politique, la création et la production des Ferron continuant de s’émanciper. Ces documents forment un témoignage tant fraternel que collectif et se lisent comme ils se sont écrits : avec insatiabilité.

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