Lady Susan / Jane Austen (trad. Pierre Goubert) (Folio)
Petit bijou méconnu de la grande Jane Austen, le court roman épistolaire Lady Susan mérite qu’on lui rende ses lettres de noblesse. Écrit vers 1794, il a été publié pour la première fois en 1871, longtemps après la mort de son auteure. À travers ses lettres, nous apprenons à connaître Lady Susan Vernon, jeune veuve trentenaire à la personnalité horripilante. Égoïste, manipulatrice, mais redoutablement intelligente, Lady Susan ne laisse personne indifférent. On retrouve ici tout le génie de Jane Austen, qui réussit à tisser des intrigues amoureuses prenantes, mais aussi à mettre en scène des personnages féminins forts qui font face à la discrimination sexuelle et sociale tout en tirant leur épingle du jeu. À lire absolument!
Un choix de Camille Gauthier, Le Fureteur (Saint-Lambert)

 

Comment écrire Comment écrire un best-seller / Éric St-Pierre (Québec Amérique)
Comment écrire Comment écrire un best-seller est probablement l’un des secrets les mieux gardés de la littérature québécoise. Une série de quinze lettres compose ce roman épistolaire savoureux, dans lequel l’infâme Rick Stone, auteur richissime, consent à guider sa nièce sur les traces mordorées de son succès. Analyste génial à la verve presque aussi flamboyante que celle d’Achille Talon, Rick Stone a tout compris : devenir romancier à succès n’a rien à voir avec le talent, ni même l’écriture. Une bonne dose d’aplomb (et un adjoint à toute épreuve) suffit parfois à projeter les plus ambitieuses vers les plus hautes sphères — même privées des privilèges du sexe fort, c’est dire! Un portrait corrosif du milieu littéraire. Jouissif!
Un choix d’Émilie Roy-Brière, Pantoute (Québec)

 

13 petites enveloppes bleues / Maureen Johnson (trad. Julie Lopez) (Gallimard)
Fantasque, imprévisible, originale, telle était la tante Peg que Ginny adorait. Peu après sa mort, Ginny reçoit treize petites enveloppes bleues qu’elle doit ouvrir selon un ordre précis, après avoir rempli la mission de chacune des lettres. De New York à Londres, d’Édimbourg à Paris, Ginny traversera les pays autant que les épreuves tout en suivant les folles idées de sa tante. Confrontée à la solitude, limitée par sa timidité, la jeune fille plonge dans l’aventure sans faillir, transformant le jeu en quête, le voyage en retour vers soi. Un roman ado à la voix unique, où la correspondance se veut une présence subtile afin de perpétuer les souvenirs et une invitation à savourer chaque moment. Dès 13 ans
Un choix de Chantal Fontaine, Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)

 

La septième vague / Daniel Glattauer (trad. Anne-Sophie Anglaret) (Le Livre de Poche)
Après le succès du roman épistolaire moderne Quand souffle le vent du nord paru en 2011, constitué d’échanges de courriels entre un homme et une femme qui ne se sont jamais vus, l’auteur publie La septième vague, remettant en scène ces personnages face à leur désir inassouvi. Si dans le premier livre, quelques mots envoyés à la mauvaise adresse sont le prélude à une correspondance si passionnée qu’elle tourne mal, on assiste ici à d’étranges retrouvailles virtuelles. Après l’absence, l’impatience dévore. Mais des témoins avisés de cette relation particulière se font dérangeants. Car si Emmi est mariée, Léo n’est pas plus libre. Les mots sont-ils un pont entre deux rives ou une arme perfide?
Un choix de Sandrine Lazure, Paulines (Montréal)

 

Rêves de machines / Louisa Hall (trad. Hélène Papot) (Folio)
Comme le maestro à son pupitre, Louisa Hall orchestre cette brillante réflexion sur l’intelligence artificielle et la nature de l’humanité, jouant de cinq voix pour faire entendre cette symphonie épistolaire. Si les lois de l’informatique sont binaires, celles de ce roman s’organisent plutôt autour du chiffre cinq. Cinq temporalités et cinq voix principales s’incarnent au fil de lettres, entrées de journal, séances de clavardage et mémoires. Toutes parlent du ton de la confidence, portent une charge émotive qui affleure périodiquement et savent rapidement trouver l’empathie du lecteur fasciné par elles. Des voix particulièrement réussies que l’on ne veut plus oublier, dont on veut héberger, le temps de notre durée, les échos porteurs.
Un choix de Thomas Dupont-Buist, Librairie Gallimard (Montréal)

 

Corps conducteurs / Sean Michaels (trad. Catherine Leroux) (Alto)
À bord d’un cargo, rapatrié de force en Russie, Léon Thérémine adresse une longue missive à l’amour de sa vie. Il fait le point sur son passé, ses amis, ses percées technologiques, son invention de l’instrument de musique auquel il donnera son nom, le jazz, la danse, son parcours aux États-Unis, où il a été dépêché par les services secrets soviétiques en tant qu’espion… Puis il y a Clara Rockmore, dont il s’éprend douloureusement. Le gouvernement soviétique ne tarde pas à remarquer que Thérémine s’attache aux États-Unis et le condamne aux camps de travail sibériens, dans l’enfer de l’hiver. Un roman grandiose, sublime, musical et électrisant où les rêveurs et les amoureux se rencontrent autour d’un verre de scotch, au son du piano et des ondes fluctuantes.
Un choix de François-Alexandre Bourbeau, Liber (New Richmond)

 

La fille dans l’écran / Lou Lubie et Manon Desveaux (Station T)
La fille dans l’écran est un roman graphique réellement passionnant, notamment parce qu’il nous fait vivre une histoire d’amour qui va au-delà des frontières, grâce à la correspondance de deux jolies jeunes femmes. Il se rapproche ainsi de Blankets de Craig Thompson en étant capable de nous émouvoir efficacement. La fille dans l’écran est le fruit d’une collaboration entre deux auteures merveilleuses, Lou Lubie et Manon Desveaux, et mène plus largement à un dialogue entre différents arts (la photographie et le dessin) et différents endroits (Montréal et Périgueux en France). Le jeu des couleurs remarquable rappelle également le roman graphique Goupil ou face de Lou Lubie, dont une nouvelle édition est attendue prochainement et qui aborde les troubles bipolaires de façon ludique et intelligente.
Un choix de Mathieu Lachance, Le Fureteur (Saint-Lambert)

 
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