Des classiques censurés

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Des classiques censurés

Candide (1759)
Voltaire
Ce conte sera jugé trop subversif ainsi que « pernicieux » par l’Église et se retrouvera ainsi sur la fameuse liste de l’Index. Le parlement ainsi que la Chambre syndicale des imprimeurs et libraires séviront également contre Voltaire. À la mort de ce grand auteur en 1778, l’Église lui refusera les obsèques religieuses à Paris : ultime réplique aux écrits de celui qui a souvent mis à mal l’autorité religieuse.

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (1960)
Harper Lee
Bien qu’il ait reçu le Pulitzer, ce roman n’a pas toujours fait l’unanimité, au Canada comme aux États-Unis, en raison des sujets abordés – viol et inceste – et du langage outrageant et raciste utilisé, qui reflétait pourtant la réalité de l’Amérique des années 30. Si plusieurs parents ont demandé aux écoles de retirer ce titre, c’est tout de même plus de 30 millions d’exemplaires qui ont été vendus dans le monde entier!

Lolita (1955)
Vladimir Nabokov
Ils sont nombreux, les pays à avoir banni, plusieurs années durant, Lolita : France, Angleterre, Argentine, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud. Cette histoire, habilement écrite, d’un écrivain qui tombe follement amoureux d’une fille de 12 ans est encore de nos jours controversée en raison de son caractère pédophile, voire incestueux, puisque Humbert est le beau-père de Lolita…

Les aventures de Sherlock Holmes (1881)
Arthur Conan Doyle
Les premières aventures du célèbre détective n’ont pas été appréciées par l’Union soviétique. Les autorités jugent que M. Doyle fait l’apologie du spiritisme et de l’occultisme et interdisent le livre en 1929. Or, il semblerait que les États-Unis aient aussi censuré l’auteur britannique. En effet, une circonscription scolaire de l’État de Virginie a retiré Une étude en rouge de son programme en 2011, invoquant la représentation négative de la religion mormone.

Les fleurs du mal (1857)
Charles Baudelaire
En 1857, deux ouvrages majeurs de la littérature française se retrouvent sur le banc des accusés. Si Madame Bovary de Flaubert n’est finalement pas condamné pour outrage à la morale publique, Les fleurs du mal n’aura pas cette chance. En plus d’écoper d’une amende, le poète maudit doit faire le deuil de six poèmes frappés d’interdiction, et ce, jusqu’en 1949, c’est-à-dire pendant près de cent ans.

Sa majesté des mouches (1954)
William Golding
Après un écrasement d’avion, un groupe de jeunes garçons survit sur une île. S’ils sont d’abord enchantés, c’est leurs besoins primaires qui prennent ensuite le dessus sur leur civilité. Démonisé pour sa saveur profane, banni des écoles pour violence extrême et mauvais langage, taxé de raciste, d’antiféministe et de diffamatoire à l’endroit des handicapés (le souffre-douleur est asthmatique…), ce roman a de quoi faire peur à certains : il démontre que l’humain, après tout, est possiblement un être sauvage…

 

Classiques québécois censurés

La Scouine (1909)
Albert Laberge
Anticipant que l’Église n’apprécierait pas son portrait volontairement sinistre de la vie rurale, l’auteur – pionnier du réalisme et du naturalisme québécois – décide de publier les chapitres de son livre dans différentes publications, et ce, durant plusieurs années. Il s’attire néanmoins les foudres de l’archevêque de Montréal en 1909 avec le chapitre « Les foins » publié dans l’hebdomadaire La semaine, dès lors interdit.

L’appel de la race (1922)
Lionel Groulx
Écrit sous un nom d’emprunt, le premier roman de Lionel Groulx secoue la bourgeoisie québécoise avec son personnage ultranationaliste qui sacrifie son mariage avec une Anglaise convertie pour répondre à « l’appel de la race ». Les jésuites irlandais, particulièrement, ont entrepris des mesures pour faire interdire l’ouvrage, allant même jusqu’à cogner aux portes du Vatican.

 

Classiques jeunesses censurés

Les aventures d’Alice au pays des merveilles (1865)
Lewis Carroll
Alice n’a pas que traversé de l’autre côté du miroir, elle a aussi traversé le temps. Ce classique de la littérature a étrangement attiré les foudres de certains. En 1931, la Chine interdit ce titre sous prétexte
qu’il était indécent de faire parler des animaux comme des humains, et donc de les rendre égaux. Une raison qui nous apparaît aujourd’hui insolite… Après tout, tout est possible dans l’imaginaire. Surtout au pays des merveilles.

Jeanne, fille du Roy (1974)
Suzanne Martel
À la traduction de ce roman historique hautement réaliste, l’éditeur anglophone, sans en avertir l’auteure, coupe et modifie certains passages où la narratrice, qui arrive tout juste au Canada et n’a pas encore apprivoisé cette terre et les Amérindiens qui y vivent, fait preuve de préjugés à leur égard. Mais ça ne suffit pas : la commission scolaire de Régina retire tout de même le livre, criant au racisme. « On ne peut réécrire l’Histoire pour qu’elle soit « politiquement correcte » », défend Martel.

Ève Paradis (1987)
Reynald Cantin
La trilogie de Cantin, rééditée depuis en un seul tome, fut interdite d’achat par les bibliothèques du Conseil scolaire Chauveau et boycottée en 1991 par une école secondaire québécoise. Que l’auteur ait été professeur durant quinze dans cette même école n’y change rien : le langage, l’inceste abordé et l’avortement décrit sont montrés du doigt.

Ani Croche (1985)
Bertrand Gauthier
L’Association des parents catholiques du Québec porte plainte contre ce roman signé par le fondateur et éditeur de la courte échelle. On reproche à Ani Croche son non-respect de l’autorité mais, surtout, la chanson que l’héroïne invente pour parodier les dix commandements. Le roman n’a finalement été ni banni ni censuré, et l’immense brouhaha médiatique autour de ces récriminations aura certainement contribué à la vente des 60 000 exemplaires!

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