Elles sont nombreuses, les occasions de célébrer dans le milieu du livre québécois cette année! À défaut d’avoir l’espace pour accorder une double page à chacun de ces fêtés, voici en un coup d’œil une multitude de bonnes raisons de sortir les chandelles et de crier haut et fort combien la littérature québécoise est vivante!

30 ans à soutenir les auteurs en devenir : le programme de parrainage de l’UNEQ
En 1991, l’UNEQ mettait sur pied un programme qui jumelait un auteur confirmé (mentor) à toute personne désireuse d’améliorer son travail d’écriture (mentoré). Depuis 30 ans, à raison d’une dizaine de mentorés par année, l’UNEQ participe ainsi à la professionnalisation de différents auteurs. En contrepartie à une contribution de 100$ par le mentoré, ce dernier se verra octroyer seize heures de rencontres avec un auteur qui comprend, pour les avoir expérimentés, les affres et les beautés de la création, et qui connaît les rouages du milieu littéraire. Un bon coup de pouce pour quiconque souhaite faire de son rêve d’écrire une réalité!

 

De l’édition régionale à provinciale : Les Z’ailées ont 15 ans
La maison d’édition jeunesse Les Z’ailées, fondée en 2006 par Karen Lachapelle et située en Abitibi-Témiscamingue, compte plus de 150 titres à son catalogue. Si l’objectif de départ était de faire connaître les auteurs de la région (on pense à l’haltérophile olympienne Christine Girard qui y a signé son autobiographie ou aux romancières Nadia Bellehumeur et Cathy Pomerleau), force est de constater que des auteurs des quatre coins de la province y côtoient maintenant les Témiscabitibiens! Leur auteure la plus prolifique est sans contredit Amy Lachelle, laquelle est originaire de Ville-Marie, qui dirige actuellement la maison d’édition en plus d’y avoir publié une quarantaine d’ouvrages.

 

La Peuplade : 15 ans à bousculer les frontières
Plus besoin d’associer la maison d’édition La Peuplade à son domicile, le Saguenay : cette maison a depuis 15 ans décloisonné toutes les frontières de l’écriture, certes, mais également celles du cœur, des idées, de la géographie. Elle publie entre autres une poésie féminine qui s’approprie le territoire (La patience du lichen), des textes de communautés dont on avait peu lu les mots jusqu’ici (Homo sapienne), des livres qui raflent tous les prix (Le lièvre d’Amérique), des odes à l’amour du Nord (Nirliit), des rééditions sensationnelles (l’œuvre de Tove Jansson). Avec un modèle d’affaires audacieux où ses livres sont dorénavant vendus directement — et non en rééditions ou en collaboration — en France, La Peuplade a réellement bousculé les frontières. Hymne à la littérature et à la richesse du territoire, sa nouveauté d’octobre se retrouvera en librairie sous le titre Journal d’un bibliothécaire de survie, signé Charles Sagalane.

 

Guy Saint-Jean : un changement de nom pour ses 40 ans!
C’est à l’aube de sa quatrième décennie que Guy Saint-Jean Éditeur tronque son patronyme pour une version plus épurée : Saint-Jean. Parmi les cinq propriétaires actuels, qui ont succédé au fondateur qui a donné son nom à la maison, on compte notamment ses filles, Nicole et Marie-Claire Saint-Jean (laquelle est l’auteure derrière le pseudonyme de Marie Gray) et, depuis peu, Pierre-Yves McSween, comptable qui a vendu plus de 200 000 exemplaires de son ouvrage En as-tu vraiment besoin?, et qui a choisi de contribuer financièrement au développement de son éditeur. Rappelons que cette maison d’édition est l’enseigne sous laquelle on retrouve plusieurs succès de librairie, dont les nombreuses et hautement appréciées séries de Louise Tremblay D’Essiambre (dont la plus récente série Place des Érables se déroule à Montréal dans les années 1960), les Histoires à faire rougir de Marie Gray qui ont été les titres précurseurs des succès du roman érotique au Québec, et les deux et ô combien pertinents et bien faits documentaires biographiques pour la jeunesse Histoires du soir pour filles rebelles. Cet automne, surveillez leurs nouveautés : Le grand livre du batch cooking, Le petit guide de la masturbation féminine et Je suis pas cheffe, pis toi non plus! de Geneviève Pettersen.

 

Revue Relations : 80 ans à défendre la justice sociale
Elle s’est donné un bon coup de fraîcheur, la revue Relations, avec son édition qui marque son vénérable 80e anniversaire! Toujours avec l’objectif de prendre parti, au nom de l’humanité commune, pour faire entendre des voix qui réclament justice et aider à leur compréhension, la revue Relations passe de six numéros par année à quatre, mais bonifie le nombre de pages de chaque édition et accueille dans son giron de nouvelles voix, notamment celle de l’auteure Lorrie Jean-Louis, qui se fera un devoir de nous faire voir le monde par la lorgnette des personnes exclues de la société. Avec une maquette et un logo retouchés, cette revue soutenue par les jésuites demeure libre et indépendante et s’intéresse aux questions politiques, environnementales, aux enjeux de société et aux minorités. Pour son 80e anniversaire, elle lance également deux balados qui accompagnent chaque édition : une version audio de la chronique littéraire de Valérie Lefebvre-Faucher et En dialogue, qui prolongera les réflexions amorcées dans les dossiers thématiques. Vous ne connaissiez pas encore Relations? Laissez-vous tenter : on y apprend autant qu’on y grandit comme citoyen!

 

Vivre le théâtre entre les pages : Dramaturges Éditeurs le fait depuis 25 ans!
L’art théâtral en est un éphémère; un art vivant dont on peut se sustenter lorsqu’il est joué sur les planches. À défaut de pouvoir revoir une pièce appréciée qui n’est plus en tournée, la publication de textes théâtraux demeure toutefois une façon de prolonger le plaisir et de déjouer le temps. Il existe au Québec une seule maison d’édition qui se spécialise en dramaturgie francophone et cette dernière célèbre cette année son 25e anniversaire : Dramaturges Éditeurs. Son mandat, articulé autour de la publication de pièces contemporaines, comprend également la publication d’essais sur la pratique théâtrale ou sur les métiers de la scène. Depuis 25 ans et avec plus de 200 titres à son catalogue, cet éditeur offre un panorama représentatif de l’activité théâtrale d’ici, que ce soit en théâtre adulte, jeunesse, de format court ou même de monologue. Leurs nouveautés de la saison sont Les filles du Saint-Laurent de Rébecca Déraspe et Annick Lefebvre, Seeker de Marie-Claude Verdier et La formation au métier d’acteur : Écrits sur parole de Luc Morissette.

 

Savais-tu? : 20 ans, c’est géant!
À l’occasion de l’entrée dans la vingtaine de la populaire collection de documentaires jeunesse Savais-tu? (plus de 75 titres et plus de 700 000 exemplaires vendus au Québec!), les Éditions Michel Quintin font paraître la réédition du tout premier titre paru, Les dinosaures, dans une édition spéciale plus grande (cette fois 29 × 40 cm) qui inclut du contenu bonifié. On y apprend notamment que le mamenchisaure avait un cou d’une longueur de… 17 mètres! De quoi capter l’attention des petits lecteurs, non? Si le trio formé par Alain M. Bergeron, Michel Quintin et Sampar rencontre autant de succès, c’est grâce à l’expertise complémentaire des trois : l’humour des dessins de Sampar, le sens de la répartie d’Alain M. Bergeron aux textes et les connaissances scientifiques de l’éditeur Michel Quintin, qui, rappelons-le, est vétérinaire de formation et a mis sur pied les éditions portant son nom pour joindre sa passion des ouvrages documentaires à celle des animaux. C’est d’ailleurs dans les locaux de sa clinique vétérinaire à Waterloo que les Éditions Michel Quintin virent le jour, lieu qui fut partagé entre les deux entreprises durant près de 20 ans!

 

Marchand de feuilles : des livres qui enflamment depuis 20 ans
« Chez Marchand de feuilles, nous commandons une littérature sauvage et instinctive. Des livres constellation. Atypiques. Nous souhaitons bâtir une littérature alchimique qui agit comme un remède sur le malaise moderne. Marchand de feuilles se réclame du bruit. Nos livres font du vacarme. Nos livres sont inflammables. » Ça donne des frissons, non? Il s’agit d’un extrait du manifeste de cette maison d’édition, à lire dans son intégralité et à votre plus grand bonheur sur son site Web. Impossible, en quelques lignes seulement, de retracer les 20 ans d’histoire de cette maison qui a publié La femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavalette et La fiancée américaine d’Eric Dupont, mais aussi des titres plus discrets mais tout aussi excellents tels que Reine de Françoise de Luca, Mademoiselle Moon de Janet Hill ou encore Une mère exceptionnelle de Valérie Carreau. On se contentera donc de dire que cette maison est menée avec passion par Mélanie Vincelette, également auteure de talent (elle signe d’ailleurs des ouvrages jeunesse sous le nom Mélanie Tellier chez Marchand de feuilles), et que Marchand de feuilles continue, 20 ans plus tard, à faire grandir le paysage littéraire québécois grâce à son audace et cette vigile sur les talents émergents d’ici. Son plus récent titre est Nîtisânak (Mes proches) de Lindsay Nixon, qui s’attarde aux amours queer, aux enseignements ancestraux des nations amérindiennes et aux liens qui guérissent.

 

65 ans de service pour la Librairie Ste-Thérèse
Il y en a eu, du changement en 65 ans pour la Librairie Ste-Thérèse, sise au numéro 1 de la rue Turgeon de la ville à qui elle emprunte le nom! Au commencement, la librairie était un magasin général nommé Aux variétés Blainville, où les livres y avaient toutefois déjà leur place. D’année en année, le commerce prit différentes orientations pour amorcer sa vie de librairie-papeterie dans les années 1970. « Nous sommes parmi les premières librairies à obtenir notre agrément en date du 1er février 1982 », nous précisait en entrevue monsieur Luc Lavoie, l’actuel propriétaire. En 1995, le commerce devint entièrement une librairie lorsque trois ans plus tôt, la division de la papeterie fut vendue. Depuis, la librairie compte pour elle seule deux étages, dont un est entièrement destiné à la littérature jeunesse! Oui, ça vaut le détour!

 

10 ans pour Kwahiatonhk!
Du 18 au 21 novembre a lieu cette année la 10e édition de Kwahiatonhk! : Salon du livre des Premières Nations. Véritable célébration de la littérature autochtone dans toute sa diversité, cet événement est l’occasion parfaite pour découvrir de nouveaux auteurs et des écrivains confirmés. Ce qu’on aime de ce salon? Il en est un à échelle humaine et il réunit lecteurs, éditeurs, chercheurs, curieux. On y présente notamment des spectacles littéraires, des déjeuners-poésie, des séances de dédicaces et d’écrivains publics, des conférences et tables rondes d’auteurs et d’experts de la littérature autochtone, des animations jeunesse, etc. Le tout a lieu à Québec et dans ses environs : restez à l’affût en visitant kwahiatonhk.com.

 

25 ans à faire rayonner la littérature de genre : Alire
Les éditions Alire ont vu le jour en 1996, à Lévis, grâce à Jean Pettigrew, Lorraine Bourassa et Louise Alain. Portés par le désir de faire connaître les auteurs québécois des littératures policières et de l’imaginaire (polar, science-fiction, fantastique, fantasy, horreur), ils ont mené jusqu’à maintenant un travail acharné, nous offrant notamment les titres de Patrick Senécal, Jean-Jacques Pelletier et Élisabeth Vonarburg, mais aussi ceux d’auteurs émergents qui sont maintenant des piliers du genre. Alire a également la caractéristique d’être l’un des rares éditeurs québécois à traduire des auteurs canadiens de littérature de genre, dont le plus éminent demeure Guy Gavriel Kay. En plus du roman de l’auteur Wayne Arthurson, L’automne de la disgrâce, mettant en scène un journaliste métis au passé trouble qui enquête sur le meurtre d’une prostituée autochtone, les rayons des librairies verront arriver cet automne Les années d’éclosion (1970-1978), signé Claude Janelle et Marc Ross, le vingtième tome du projet d’inventaire des textes de science-fiction, de fantastique et de fantasy publiés aux XIXe et XXe siècles dans la francophonie canadienne.

 

Illustration : © Sophie Gagnon-Roberge

sophielit.ca : celle qui fait lire les ados, les profs et… les adultes!
Sophie Gagnon-Roberge est une lectrice boulimique, une influenceuse aimée, une prescriptrice de choix. Sur le site sophielit.ca, qui a maintenant 10 ans, elle commente par des billets un nombre inimaginable de titres destinés aux ados, et de tous genres. Son expérience de maman et d’enseignante de français au secondaire lui permet de bien cerner si les thèmes sont bien traités, et elle ose les critiques constructives lorsque c’est mérité. Et on l’aime tellement, que c’est à elle qu’on a confié notre chronique jeunesse! « Avec sophielit.ca, mon but initial était simplement de garder des traces de mes lectures pour mes élèves : leur donner envie de lire ces livres à leur tour. C’est chouette de voir que maintenant, je peux contaminer des milliers d’ados via ce site! », nous dévoilait-elle.

 

10 chandelles pour La Mèche
Quand La Mèche est débarquée dans le paysage littéraire, au sein du Groupe d’édition la courte échelle, elle l’a fait avec La solde de Éric McComber et Et au pire, on se mariera, signé Sophie Bienvenu, adapté au cinéma par Léa Pool en 2017 et vendu à plus de 20 000 exemplaires. Déjà, La Mèche marquait son territoire. Dix ans plus tard, elle compte quarante titres à son catalogue, comme autant de preuves que la littérature peut être dérangeante, déroutante, audacieuse et douce — parfois tout cela à la fois. Roman, polar, essai, récit de soi et genres hybrides : on y trouve le dénominateur commun d’une écriture libérée. On souligne l’essai Le bal des absentes qui soulève des textes féministes injustement négligés, et la collection « Les doigts ont soif » qui fait la part belle au mariage entre langages visuel et textuel, comme avec Les forces vitales, de Sarah Bertrand-Savard. Ses nouveautés de la saison sont le roman onirique Dans la solitude du Terminal 3 d’Éric Mathieu et le polar dystopique qui révolutionne le système carcéral qu’est L’équilibre, de Cassie Bérard. On apprend aussi une bonne nouvelle pour 2022 : l’excellent Burgundy, de Mélanie Michaud, s’exportera chez JC Lattès en France et le délicieux École pour filles d’Ariane Lessard paraîtra quant à lui chez La ville brûle!

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