À chaque édition de la revue Les libraires, nous vous proposons une sélection de livres qui se glissent facilement dans votre poche. Petit prix et petit format, certes, mais de grandes découvertes et de belles plumes!

La prière des oiseaux
Chigozie Obioma (trad. Serge Chauvin), J’ai lu, 576 p., 16,95$
Pauvreté, trahison, vengeance, sacrifice, poids de l’héritage et de la fatalité sont au menu de cette œuvre puissante, qui a été finaliste au Man Booker Prize en 2019, tout comme Les pêcheurs, le premier roman de l’auteur nigérian. Au Nigeria, Chinonso voit sa vie chamboulée par sa rencontre avec une jeune femme, Ndali, qu’il sauve alors qu’elle s’apprêtait à se suicider en sautant d’un pont. Une histoire d’amour impossible naît entre eux. Lui, modeste fermier, et elle, étudiante universitaire aisée dont la famille n’accepte pas leur relation. Afin de pouvoir être digne d’elle et améliorer sa condition, Chinonso vend tous ses biens dans le but d’aller à Chypre pour étudier. Mais échapper à son destin tragique n’est jamais simple. Le sort s’acharne sur lui ; d’autres embûches se dresseront sur sa route l’éloignant encore davantage de Ndali.

 

Le mammouth
Pierre Samson, Héliotrope, 368 p., 18,95$
Pierre Samson s’inspire d’un fait divers méconnu et oublié : la mort d’un chômeur et immigrant ukrainien en mars 1933, abattu sans raison par un policier qui sera par la suite blanchi, ce qui échauffera les esprits et provoquera une émeute. Ce personnage, symbole de l’injustice et de l’oppression, sort de l’anonymat dans ce roman grâce à l’auteur qui brosse un portrait saisissant d’une ville chamboulée par la crise économique, une ville aux multiples visages. Dans cette véritable fresque sociale, Samson reconstitue minutieusement le Montréal des années 1930, une époque où règnent corruption, brutalité policière, misère, discrimination et tensions sociales.

 

La fracture
Nina Allan (trad. Bernard Sigaud), 10/18, 438 p., 16,95$
Vingt ans après sa disparition, Julie réapparaît mystérieusement. Elle avait disparu en 1994 dans la région de Manchester, alors qu’elle avait 17 ans. Sa famille avait continué d’espérer même si l’enquête — qui n’avait pas abouti — penchait pour l’hypothèse d’un meurtre. Mais l’histoire que racontera Julie à son retour est difficile à croire… Est-ce vraiment elle? Ce suspense envoûtant, dense et intrigant flirte avec le fantastique et la science-fiction (Julie prétend avoir disparu sur une autre planète…). Et si Julie racontait une histoire imaginaire pour ne pas se remémorer l’horreur qu’elle a subie? Et si c’était de la folie? Et si…? Comment délimiter la réalité? Alors qu’il jongle avec la perception du réel ainsi qu’avec la mémoire et les émotions des personnages (et les nôtres!), ce roman nous déstabilise et nous fait douter de tout. Déconcertant!

 

Les oubliées du printemps
Nele Neuhaus (trad. Elisabeth Landes), Le Livre de Poche, 698 p., 16,95$
C’est le retour du duo de policiers formé par Pia et son collègue Oliver qui, cette fois, est chargé de vérifier si le décès d’un homme est de cause naturelle. Cet homme âgé, vivant seul, a été découvert dans sa maison plusieurs jours après sa mort sans que personne ne se soit inquiété de son absence. Il semble avoir fait une chute mortelle. Mais l’enquête prendra une tout autre direction lorsque des ossements humains seront retrouvés chez lui. Après l’identification de ces ossements, il s’avère que toutes les victimes sont des femmes qui ont disparu le jour de la fête des Mères. Alors que cette affaire pointe vers un tueur en série, les enquêteurs devront éplucher le passé du vieil homme qui, jadis, accueillait avec sa femme des enfants sans foyer. Les héritages familiaux, la maltraitance des enfants et la haine pourraient bien être au cœur de cette affaire…

 

La panthère des neiges
Sylvain Tesson, Folio, 190 p., 14,50$
Lauréat du prix Renaudot en 2019 et adapté en film documentaire, ce récit retrace l’expérience de l’écrivain Sylvain Tesson, qui a accompagné l’équipe du photographe animalier Vincent Munier dans leur expédition au Tibet pour photographier les dernières panthères des neiges. Au cours de cette aventure propice à l’introspection et à la contemplation, l’auteur, aux aguets dans le froid, dans l’espoir de voir apparaître l’animal qui se camoufle, apprend la patience et laisse ses pensées errer, se remémorant notamment le décès de sa mère. C’est une ode à la poésie et à la beauté de la nature, du silence, de la vie.

 

La vie sur Mars
Marie-Sissi Labrèche, Nomades, 216 p., 13,95$
Voilà un roman qui fait bande à part dans l’œuvre de la grande blonde aux yeux de biche qui écrit sur la folie et l’amour comme nulle autre. Dans La vie sur Mars, il est encore question d’une femme et de ses questionnements existentiels et amoureux. Mais ici, la femme a eu un enfant et l’aventure se déploie principalement en Lorraine. On y suit Neil qui, de retour dans la maison familiale ancestrale où sa mère, une écrivaine, a été retrouvée morte, mettra la main sur un manuscrit. Celui de sa mère, celui qui parle de son enfance, mais aussi de sa conception, et de tout ce qui entoure son père, astronaute français en mission sur Mars depuis trop longtemps déjà… Les révélations seront choquantes, mais, parfois, il faut un grand tremblement pour reprendre pied…

 

Le cerveau et la musique
Michel Rochon, BQ, 192 p., 10,95$
Le journaliste scientifique, qui a notamment travaillé pour Découverte et La semaine verte, sait comment s’adresser à un large public et vulgariser un sujet pour le rendre non seulement digeste, mais passionnant. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a été finaliste au prix Hubert-Reeves (Grand public) 2019 et au prix Opus de la même année avec Le cerveau et la musique. Dans cet essai, il explore le cerveau sous son angle musical, tissant des liens avec le Big Bang, la neuropsychologie, l’intelligence artificielle, la linguistique et les mathématiques. On y apprend notamment que l’activité cérébrale, lorsque l’on joue de la musique, est étonnante. Rochon parle aussi d’improvisation musicale, laquelle aurait une certaine parenté avec la méditation… Amateurs d’art, comme de sciences, vous en aurez des frissons!

 

Trouve-moi
André Aciman (trad. Anne Damour), Le Livre de Poche, 320 p., 13,95$
Cette suite du roman Appelle-moi par ton nom, adapté au cinéma, sonde à nouveau la complexité et les nuances du sentiment amoureux et du désir, tout en s’attardant au temps qui passe, aux souvenirs, aux trajectoires de vie et à la pérennité de l’amour. Des années après son amour d’été avec Oliver, Elio vit maintenant à Paris où il poursuit une carrière de pianiste. Il fait la rencontre d’un homme plus âgé, encore une fois, ce qui ravive le souvenir d’Oliver, qui, de son côté, est enseignant aux États-Unis, marié, père de deux enfants et quelque peu désillusionné. Tous les deux réalisent qu’ils pensent encore l’un à l’autre, même s’ils croyaient que leur histoire appartenait au passé. Il y a aussi le père d’Elio, qui, en chemin pour visiter son fils, fait connaissance avec une jeune femme qui le trouble. Ces trois histoires, celles d’Elio, de son père et d’Oliver, sont racontées à des époques différentes et pourraient bien être un préambule aux possibles retrouvailles d’Elio et d’Oliver…

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