Faims / Patrick Senécal, Alire, 608 p., 16,95$
Une famille vit une vie paisible à Kadpidi, une petite ville sans histoire de la région de Yamaska. Mais un été, le Humanus Circus débarque à Kadpidi et chamboule la tranquillité apparente de la ville où règne une violence sourde, où se dissimulent des gens assoiffés par le vide de leur existence, réprimant rêves, pulsions et désirs. Mais peut-être est-ce une bonne chose de taire ses instincts lorsque ceux-ci impliquent de faire du tort aux autres? Cette société civilisée le deviendra de moins en moins, laissant place à la noirceur des êtres, voire à l’horreur. Impossible de rester indifférent à cette histoire dérangeante et sombre, qui s’insinue peu à peu en nous et qui interroge la morale, les tréfonds de l’âme et la barbarie humaine.

 

Underground Railroad / Colson Whitehead (trad. Serge Chauvin), Le Livre de Poche, 408 p., 14,95$
Serti du prix Pulitzer, ce roman est un terrible rappel de ce qui était la réalité il y a un siècle et demi encore. L’esclavage était en vigueur aux États-Unis et l’auteur en restitue l’essence, faite de terreur, de violence et d’injustice. C’est en compagnie de Cora, jeune femme issue d’une lignée d’esclaves, que nous emprunterons la trajectoire de l’Underground Railroad, une voie ferrée souterraine menant ultimement à la liberté. De sa plantation de coton en Géorgie, elle s’enfuira avec Caesar et sillonnera plusieurs États. De façon anachronique, l’auteur rejoue l’Histoire en ramenant des faits avérés : des recherches sur la syphilis par des médecins américains qui ne soignaient pas les Noirs pour les utiliser comme cobayes afin de suivre la progression de la maladie, la stérilisation de femmes noires pour accélérer l’extinction de la race, la réclusion d’une femme dans un grenier qui y restera sept ans avant de pouvoir partir. Ce livre dur est un manifeste contre l’abjection.

 

Un certain M. Piekielny / François-Henri Désérable, Folio, 282 p., 14,25$
Un jour, après plusieurs incidents malencontreux, François-Henri erre en Lituanie, à Vilnius, plus précisément, et atterrit devant la maison où Roman Kacew, connu sous le nom de Romain Gary, a vécu de ses 7 à 11 ans. Il s’agit de la maison que l’écrivain évoque dans La promesse de l’aube. D’ailleurs, il se remémore alors cette phrase de Gary : « Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire : au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny… » L’auteur part donc à la recherche de ce M. Piekielny, qui était le voisin de Roman Gary lorsqu’il était enfant. Ou était-ce plutôt un personnage sorti tout droit de la tête de Gary? Naviguant dans ses souvenirs, l’auteur mène une enquête dans ce roman charmant et vibrant qui rend hommage à la littérature et à l’imaginaire.

 

La bête creuse / Christophe Bernard, Le Quartanier, 720 p., 18,95$
En 1911, en Gaspésie, Victor Bradley et Monti Bouge ne s’aiment pas depuis l’enfance. Cette animosité se perpétue de génération en génération. Lauréat du Prix des libraires du Québec, ce roman est une fresque déroutante, une œuvre au souffle incroyable et à la langue riche, un délire bien orchestré, une saga de la vie foisonnante des Bradley et des Bouge, et de leur descendance. Le quotidien s’y trouve sublimé, comme l’a révélé le libraire Olivier Boisvert : « Comment Christophe Bernard a-t-il pu traduire avec autant de virtuosité la propension gaspésienne à raconter la vie immédiate? Comme si celle-ci était toujours traversée par le merveilleux et l’inouï. Pour envelopper le mystère, tordre le cou à l’ordinaire et tisser des menteries aussi belles que des forêts pas coupées à blanc, il loge dans une classe à part. » En librairie le 18 juin

 

Autour d’elle / Sophie Bienvenu, Le Cheval d’août, 216 p., 13,95$
Adolescente âgée de 16 ans, Florence, enceinte, part de sa maison de Québec pour aller accoucher à Montréal et confier son enfant en adoption. Ce petit garçon, Adrien, est adopté par un couple aisé. Plus tard, Florence, maintenant journaliste, enfouit son secret. De son côté, Adrien grandit en rêvant de retrouver sa mère. La vie de Florence se dévoile peu à peu, à travers divers tableaux, des instantanés ressemblant à des nouvelles, qui s’attardent sur les personnes entourant Florence. C’est par la voix de ces personnes autour d’elle, qui croisent son chemin, avec qui elle entretient un lien important ou non, que l’existence de Florence émerge dans ce roman polyphonique finement construit qui témoigne avec émotion du parcours de ces êtres blessés et qui interroge les choix que l’on fait dans la vie et le poids du passé.

 

Trois baisers / Katherine Pancol, Le Livre de Poche, 860 p., 14,95$
Après Les yeux jaunes des crocodiles, La valse lente des tortues, Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi et la trilogie « Muchachas », Katherine Pancol renoue pour une dernière fois avec ses personnages attachants et singuliers que nous aimons tant, comme Hortense, Gary, Zoé, Joséphine, Junior, Stella et Tom. Hortense se prépare pour son premier défilé; l’ombre de Ray Valenti plane toujours dans la vie de Stella; son copain Adrian craque pour Hortense; Zoé continue d’essayer de faire le bien autour d’elle. Dans ce roman choral pétillant et flamboyant, la vie poursuit sa valse. Et il faut tout prendre, tout embrasser, autant les fulgurances que les désillusions.

 

L’archipel du chien / Philippe Claudel, Le Livre de Poche, 230 p., 13,95$
Si l’humain a l’obsession des territoires, il n’en reste pas moins qu’à l’origine, la Terre appartient à tous et qu’au risque de perpétuer un cliché, le cœur des êtres est sans frontières. C’est ce que revendique ce roman de Claudel, qui a un parti pris pour la main tendue, pour la rencontre de l’autre. Sur une île paisible, alors qu’on pense à y installer des thermes pour le tourisme, trois morts échoués sur la plage sont retrouvés par la Vieille et son chien. À partir de ce moment, on tentera de cacher la chose pour ne pas attirer l’attention. Mais l’Instituteur tient à la vérité, envers et contre tous, ce qui ne sera pas sans conséquence. Malheureusement d’actualité avec le triste sort que subissent nombre de migrants, ce livre n’est certes pas réjouissant, mais il nous place devant un miroir et nous redonne le goût d’agir avec humanité, si tant est que cela puisse désigner l’envie du bien pour son prochain.

 

Le jeu de la musique / Stéfanie Clermont, Le Quartanier, 344 p., 15,95$
Même s’il est désigné comme un recueil de nouvelles, ce livre s’inscrit dans la continuité et l’on retrouve dans chacune des parties l’évolution des personnages. Souvent brisés par la chute de leurs rêves, ceux-ci vivent cependant pour les instants d’éclaircie. Vincent, quant à lui, n’a pas pu s’y accrocher. C’est en se rappelant leur ami suicidé que les jeunes de ces histoires, où les narrateurs se succèdent, confrontent leur fragilité, leurs amours, leurs désirs et leurs choix. Car s’il y a des raisons de vouloir mourir, il y en a aussi qui donnent envie de vivre. L’amitié est au cœur de la trentaine de nouvelles interreliées, de même que le militantisme, le voyage et l’amour, bien entendu, et une certaine marginalité. Ils viennent contrer la fatigue et les déceptions pour nous propulser vers la beauté, comme ce livre qui est un ravissement. En librairie le 18 juin

 
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