Intrigués par les histoires que vous venez de lire en pages précédentes? Plusieurs livres recensent les créatures fascinantes qui peuplent l’imaginaire animiste de la culture japonaise, et plusieurs le font de façon illustrée. En voici quelques incontournables récents.

Impossible de passer sous silence le monumental travail de recherche, dans les archives comme sur le terrain, et de mise en images de Matthew Meyer, illustrateur et auteur américain basé au Japon, qui propose aux éditions Nuinui trois ouvrages dédiés aux yōkai, monstres et fantômes du Japon (Yōkai, Le livre du hakutaku et Mononoke). Chacun de ses livres est composé sous la même forme : une pleine page illustrée inspirée par les artistes de l’époque Edo, tels que Toriyama Sekien et Kawanabe Kyōsai, ainsi qu’un texte descriptif exposant les particularités, origines et légendes liées à chacune des créatures présentées. On y apprend ainsi notamment que Yonaki babā est la « sorcière des larmes nocturnes », soit une vieille femme hirsute qui se poste devant les maisons où une tragédie vient de se produire et qui, se nourrissant du malheur de ses habitants, les singe en pleurant bien fort. Mais gare à celui qui l’entend : ses larmes sont contagieuses. On découvre que le kaichigo est l’esprit qui occupe les boîtes contenant des coquillages et que les kenmun sont des yōkai velus, habitant les eaux et les arbres et s’éclairant grâce à leur salive. On adore par ailleurs les pages consacrées aux plus connus que sont les kitsune, kappa et kodama. Mais, impossible de nommer les 300 créatures qui peuplent ce trio de volumes encyclopédiques : elles ont toutes un petit quelque chose d’étonnant qui ravira le curieux.

Les représentations des yōkai ont d’abord eu lieu aux siècles passés sur des rouleaux peints, des gravures sur bois, des kimonos, des objets religieux, des poteries, des jouets et même des armes. La collection de Yumoto Kōichi regroupe près de 3 000 pièces qui font honneur à ces créatures surnaturelles et plusieurs d’entre elles sont présentées dans Le Musée des Yōkai, aux éditions Sully.

Autre livre de qualité à souligner : Un monde flottant : Yōkai et haïkus, de Nicolas De Crécy, aux éditions Soleil. Dans une forme qui rappelle l’emaki (rouleau peint traditionnel), cet ouvrage est un leporello (œuvre en accordéon) où on se plaît à plonger, en mode méditatif. L’illustrateur s’adresse à ceux qui ont l’âme voyageuse en plaçant ses esprits dans les villes de Tokyo et de Kyoto, auxquelles il rend ici hommage grâce à sa technique alliant fusain, aquarelle, gouache et encre de Chine.

Délaissant la forme du documentaire, on vous propose de plonger dans Onibi : Carnets du Japon invisible (Issekinicho), une bande dessinée d’une qualité irréprochable qui raconte l’histoire de Cécile et Olivier, qui achètent un appareil photo censé photographier les yōkai, invisibles à l’œil nu. Ils parcourent ainsi des coins reculés du Japon afin de figer sur pellicule ces créatures, découvrant aux passages les habitants, coutumes et légendes de chaque endroit. Loin des clichés, cet ouvrage offre une visite inusitée de l’archipel nippon!

Et finalement, il faut souligner à nouveau le travail de Benjamin Lacombe qui, dans Esprits et créatures du Japon ainsi que dans Histoires de fantômes du Japon (Soleil), met en images, dans une esthétique plus baroque que nipponne, les magnifiques et emblématiques textes de Lafcadio Hearn.

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