Librairie Lu-Lu : Ma librairie, ma maison, mon chalet

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En 2015, la librairie Lu-Lu de Mascouche célèbre ses 30 ans d’existence. Trois décennies d’une aventure qui a commencé grâce à une histoire d’amour et qui aura vécu trois déménagements, l’ajout d’une succursale au bord de la mer et fait des centaines et des centaines de lecteurs bien servis. Chez Lu-Lu, on se sent comme chez soi… et Céline Camirand, copropriétaire, nous explique pourquoi

En 1985, Céline Camirand rencontre Marc Villeneuve. Alors qu’ils ne se connaissaient que depuis trois mois (« Amour, quand tu nous tiens… », de dire madame Camirand!), ils décident de fonder une librairie. Ils sont, avouons-le, amoureux, audacieux et téméraires! « J’étais à ce moment en rédaction de maîtrise en histoire de l’art, boulimique de livres et d’art. Quant à Marc, il était entre deux projets, après avoir travaillé à la librairie Paulines et à la librairie Flammarion, rue Saint-Denis à Montréal. » C’est un petit local du Vieux-Terrebonne, avec une pièce attenante pouvant servir de logement afin de limiter leur frais, qui concrétisera leur projet. Fébriles, ils signent le bail, donnent la mise de fonds nécessaire (« l’équivalent de mon petit prêt étudiant »), font le choix des livres et entament les négociations pour les droits de retour avant de se lancer dans des projets de menuiserie pour les tablettes. Le tout, en trois semaines.

À la librairie comme à la maison
Si la librairie offre maintenant que du livre neuf, il n’en fût pas toujours ainsi. « Comme nos finances étaient très serrées, nous devions mettre aussi une partie de nos livres personnels sur les tablettes, l’usagé côtoyant alors le neuf. Nos livres préférés étaient souvent sur les tablettes du bas… et nous espérions qu’ils ne trouvent pas preneurs! » De là vient donc le nom de Lu-Lu, en référence à ces livres qui avaient déjà fait des heureux.

Durant deux ans, le soir venu, certains passants qui empruntaient le chemin de la librairie avaient droit à un drôle de spectacle : de la vitrine, ils pouvaient apercevoir un couple lisant, bien installé au milieu des livres. « La librairie nous servait alors de salon de lecture », explique la propriétaire. Comme ils habitaient l’unique pièce attenante, leur salon était au centre des étagères du commerce. Oui, de quoi être drôlement inspiré pour tourner les pages! Et, quant à la salle de bain de la librairie, elle comprenait un bain. Bien entendu, aucun client ne s’y prélassait entre deux achats de livre. Mais les propriétaires, eux, oui… Vu l’exiguïté de leur pièce, ils devaient partager leurs commodités avec la boutique. N’est-ce pas littéralement vivre au cœur des livres, ça?! Parfois, un client chanceux était invité à passer de l’autre côté de la porte, le temps d’un café avec Marc ou Céline. Gageons que la littérature devait alors être l’un des sujets de discussion de prédilection!

Il faut croire que la proximité des propriétaires avec leur clientèle explique en partie leur succès. Deux ans après l’ouverture, ils déménagent dans un petit mail. Ils y seront quinze ans, le temps d’y faire deux agrandissements successifs et de se rendre compte qu’ils n’ont plus le choix : ils doivent agrandir à nouveau. Et comme il est parfois plus rassurant d’être propriétaire de l’emplacement plutôt que locataire, ils se lancent!

« Durant les années 2000, Marc allait chaque semaine porter le carton récupérable chez un type sympathique qui nous a un jour proposé son entrepôt comme nouveau site pour Lu-Lu. Rebelote, nouveau déménagement, achat de la bâtisse, coups de marteau et traits de scie encore une fois pour faire de nouveaux meubles, recrutement de nouveau personnel vu l’agrandissement considérable. Ouf! » Fait intéressant à noter, l’entrepôt acquis – qui n’a plus rien à voir avec un entrepôt, rassurez-vous – était jadis une entreprise de récupération de papier. Dans ce vaste local de deux étages, le papier a donc toujours été à l’honneur.

On peut dire que Marc Villeneuve a mis la main à la pâte pour cette nouvelle acquisition. Les meubles, bibliothèques et étagères tout en bois, confectionnés par le propriétaire, assurent la chaleur des lieux. « La librairie est encore un peu comme notre maison, finalement, explique sa conjointe. J’y expose d’ailleurs quelques tableaux, comme dans mon salon. » Parce que, oui, l’ancienne étudiante en histoire de l’art dit que si elle n’était pas libraire, elle serait artiste-peintre, lectrice à temps complet ou… coureuse de grève en Gaspésie. Ah oui, la Gaspésie? « Il y a quelques années, Marc a fait l’acquisition d’une petite cambuse à Carleton-sur-Mer en Gaspésie, où nous avons un chalet. Nous avons décidé au printemps 2015 de tout rénover et d’y ouvrir début juillet notre petite librairie-galerie Lu-Lu sur mer. Nous pensions en  faire uniquement un commerce estival, mais l’accueil est tellement chaleureux que nous venons tout juste de décider de rester ouvert jusqu’à Noël. Lu-Lu sur mer sera donc ouverte de juin à décembre chaque année. » De la maison au chalet : décidément, on se sent chez soi chez Lu-Lu!

Aujourd’hui, la librairie Lu-Lu est bien installée à Mascouche. Tous les ans, elle participe d’ailleurs à de petits salons du livre dans plus de cinquante écoles différentes, partageant ainsi son amour de la littérature jeunesse. Et, outre cette « librairie ambulante », on nous assure que la littérature générale est le nerf de la guerre de la maison mère « Nous sommes maintenant une équipe de vingt-deux personnes, dont plus de la moitié à temps plein, vingt-deux personnes comme autant de passeurs de culture. » 

 

Une belle anecdote : Céline Camirand raconte
« Un jour, une fillette d’environ 7 ans se présente chez nous avec un chèque-cadeau. Après réflexion et déambulation entre les rayons jeunesse, elle montre son choix de livre à sa maman, qui lui répond spontanément que ce livre est trop vieux pour elle. Retour dans les sections, nouvelle recherche, nouveau choix et même réponse de maman! La situation se corse… Nouvelle recherche, nouveau choix, ouh la la, c’est compliqué! Finalement la petite présente un nouveau livre et s’empresse de dire à sa mère : tu sais maman, j’ai TOUTE LA VIE pour le lire! Et vlan, notre jeune philosophe passe à la caisse! »

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