Les jeunes et le théâtre

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Le théâtre pour la jeunesse est un lieu de rencontre entre les jeunes, les idées et l’art, un lieu où les questionnements sur le monde actuel foisonnent, un lieu peut-être trop boudé par les adultes. De l’historique du genre au Québec jusqu’aux pièces jouées à la maison, en voici un bref tour d’horizon.

Depuis la toute première pièce jeunesse québécoise – Les trois désirs de Coquelicot de Luan Asllani) –, bien de l’eau a coulé sous les ponts, pour utiliser la formule éculée. Si au départ, soit dans les années 50, les compagnies théâtrales pour adultes se sont tournées vers le public jeunesse grâce à un répertoire de contes traditionnels, c’était pour l’initier à cet art et ainsi s’attirer un nouveau public. Ce n’est qu’une quinzaine d’années plus tard que des compagnies exclusivement dédiées au théâtre jeunesse verront le jour avec l’objectif d’amuser les petits spectateurs. Parce que le manque flagrant de pièces écrites pour les jeunes se fait sentir de plus en plus, on verra alors, au début des années 70, apparaître les premiers textes québécois destinés à la jeunesse. Ceux-ci dessineront les assises d’un théâtre fort en cherchant alors, autrement qu’à divertir, à exprimer le monde et les préoccupations des jeunes. C’est ainsi que l’on pourra découvrir les textes puissants, encore criants de cette vérité qui étreint la jeunesse, que sont Cé tellement cute des enfants (Marie-Francine Hébert), Je suis un ours (Louise Lahaye), L’Umiak (François Camirand) et Une lune entre deux maisons (Suzanne Lebeau).

Le théâtre jeunesse contemporain
S’il fut une époque où 80% des pièces étaient jouée dans les écoles, les théâtres jeunesse qui ont pignon sur rue sont aujourd’hui de plus en plus nombreux, offrant des pièces de répertoire ou des créations, du théâtre dramatique, d’objets, de marionnettes, multidisciplinaire, etc. Parmi les dramaturges contemporains coups de cœur, il faut nommer, de façon certes non exhaustive, les talentueux David Paquet, Jean-Philippe Joubert, Marie-Josée Bastien et Simon Boulerice. Les pièces La librairie (Bastien) et Les mains dans la gravelle (Boulerice) sont assurément des ouvrages à retenir. Chacun à leur façon, ces quatre dramaturges mettent en mots le monde et les enjeux qui touchent les tout-petits ou les ados, ils créent tous un univers profond où, parce que tout est possible, tout peut être remis en question.

Faire jouer les jeunes
On le sait, les jeunes aiment être dans l’action. Il est donc bien de se rappeler que le théâtre peut être vu, certes, mais peut aussi être joué. Outre les pièces des dramaturges mentionnés ci-dessus, pièces qui sont toutes faciles à se procurer et idéales à mettre en scène pour le simple plaisir, il existe une collection québécoise qui propose aux amateurs de la scène ainsi qu’aux pédagogues des pièces qui peuvent être jouées à la maison ou à l’école. Il s’agit de la collection « Petit théâtre », chez Boomerang éditeur. Tout est pensé pour le bonheur des apprentis comédiens : les répliques sont en nombre égal pour chaque personnage, les sujets sont drôles, les péripéties rythmées, les textes faciles à mémoriser. Vol de toile dans un musée, histoires loufoques entre vétérinaire et clients, bulletin de nouvelles sans présentateur, auditions de lutins pour remplacer le père Noël : les sujets sont diversifiés et axés sur le plaisir de jouer.

Grâce à son pouvoir d’évocation, le théâtre jeunesse est décidément un terrain de jeu pertinent où amener de temps en temps les enfants pour les faire rire, jouer et réfléchir. 

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