L’appel de la nature

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Avec les premiers chauds rayons du soleil puis l'apparition des perce-neiges, les jardiniers amateurs ne tiennent plus en place. Certains tentent d'aider la nature en pelletant le banc de neige, d'autres font leurs semis trop tôt et se demandent ce qu'ils vont faire de plants de tomates de deux pieds à la fin avril. Les plus sages observent la faune ailée durant cette courte période où les sédentaires, les migrateurs et les nicheurs se côtoient, et en profitent pour se stimuler en consultant l'avalanche des nouveaux livres qui arrivent dans nos librairies. Les éditeurs connaissent l'engouement des Québécois pour le jardinage et l'ornithologie, et il y a toujours d'excellentes nouveautés. Voici un bref survol de celles qui ont réussi à exciter ma curiosité.

Aussi rusé qu’un renard

Je croyais bien que Larry Hodgson avait fait «le tour du jardin» après avoir décrit en détail la culture des annuelles, des vivaces, des arbres, des bulbes, des plantes d’intérieur et des jardinières. Mais non! Il récidive avec Les 1500 trucs du jardinier paresseux (Broquet, 704p., 49,95$). Tandis que certains compliquent les choses, on est toujours surpris de la simplicité des solutions de Larry Hodgson. Iconoclaste, il n’hésite pas à s’attaquer à des tabous bien ancrés. Ainsi, il balaie l’habitude-réflexe qu’a le jardinier méticuleux d’enlever tous les gourmands de ses plants de tomates, ridiculise la vaine guerre au pissenlit et se moque de l’inutilité de certains outils spécialisés qui, après une tentative d’utilisation, rouillent dans le cabanon. L’auteur aborde tous les aspects du jardinage: du potager au tas de compost, de la plantation des vivaces aux insecticides biologiques, de l’outillage à l’agencement des couleurs en passant par les plantes favorites des oiseaux aux bulbes préférés des écureuils (et comment les éloigner!). C’est un livre de référence complet, facile à consulter (l’index est précis), teinté de l’humour «hodgsonien», et éminemment pratique.

Bertrand Dumont a beau n’avoir qu’un an d’expérience comme éditeur, il est déjà au sommet de sa profession tant pour la forme (couverture souple mais résistante, papier glacé et reliure tenace) que pour le contenu de ses livres (clarté et exhaustivité). Il signe cette année un Rosiers rustiques tout à fait exemplaire (288p., 33,95$). La première partie, très complète, est consacrée à la culture (achat, plantation et entretien). Dans la deuxième partie, Dumont présente 420 cultivars choisis en fonction de leur rusticité (facilité d’entretien, peu de protections hivernales) et qu’il a classés par ordre alphabétique. Le tout est illustré par de belles photographies de l’auteur. Un seul petit bémol: il faut constamment se référer à la première partie pour les conseils de cultures. Il me semble qu’un court rappel en pictogrammes (lumière, PH, protection hivernale, etc.) dans les pages de présentation des espèces aurait facilité la vie du lecteur. Mais c’est quand même un livre de fonds à recommander fortement.

Toujours avec le label de qualité Bertrand Dumont éditeur, Plantes grimpantes de Julie Boudreau répertorie tous les végétaux qui s’accrochent aux treillis, murs et pergolas et qui peuvent faire de vos murs extérieurs un champ de verdure et un vrai plaisir pour les yeux (32p., 9,95$). Gloires du matin, clématites, chèvrefeuilles et rosiers grimpants, mais aussi des plantes de jardin moins connues comme la vanille, la bignone du Chili, le haricot asperge ou l’étrange gourde sont présentées avec rigueur et beaucoup d’observations personnelles, qui rendent la lecture passionnante. Plus d’une cinquantaine de plantes sont décrites et suivies d’autant de questions et de réponses pertinentes sur leur culture. De la même auteure, on trouve également deux livres pour enfants: Mon premier potager et Mes 10 activités de jardinage (coll. Jardins d’enfants, 32p. ch., 9,95$ ch.). Tout un contrat de patience pour les petits et leurs parents, mais Boudreau s’en tire haut la main avec des activités originales comme l’observation des coccinelles ou la construction d’une cabane qui fera la fierté de votre jardinier précoce.

Aux Éditions de l’Homme, cette fois, la même Julie Boudreau, qui occupe une place de plus en plus importante et méritée en vulgarisation horticole, publie Fleurs sauvages du Québec (t.2) en collaboration avec Michel Sokolyk à la photo (224p., 25,95$). Un ouvrage de recension bien fait et bien illustré, comme le sont tous les livres horticoles de cette série à laquelle s’ajoutent deux nouveautés ce printemps: Pivoines de Rock Giguère et Roses de Gaétan Deschênes et Louis Authier (320p. et 269p., 29,95$ et 27,95$). Ces guides complets édités par grandes familles de plantes sont en passe de devenir la plus grande encyclopédie horticole des plantes qui s’adaptent à notre climat. Enfin, il faut souligner chez le même éditeur la sortie de Les Belles de Métis. L’héritage floral d’Élsie Reford (180p., 32,95$), ouvrage consacré à l’histoire du célèbre jardin réalisé par Elsie Reford au début du XXe siècle, et surtout aux nombreuses plantes et fleurs qu’elle a popularisées, dont le fameux pavot bleu est le symbole. Écrit par son petit-fils et actuel directeur du jardin, Alexander Reford, et illustré par les beaux clichés de Louise Tanguay, ce livre ravivera les souvenirs de ceux qui ont visité ce superbe jardin du Bas-du-Fleuve ou donnera des fourmis dans les jambes à ceux qui n’ont pas encore eu cette chance.

Du coté de l’ornithologie, soulignons la publication de Les Oiseaux du Québec de Suzanne Brûlotte, qui deviendra vite une bible pour les observateurs d’oiseaux (Broquet, 464p., 29,95$). Jamais un ouvrage consacré aux oiseaux d’ici n’aura été aussi complet: 326 espèces, accompagnées chacune de deux à quatre photographies (mâle, femelle, immature) et d’une description complète. On peut voir côte à côte les oiseaux qui se confondent le plus facilement, et le guide se termine sur une galerie de photos classées par grandes familles et par sexe (20 pages, neuf photos par page): cela facilite grandement l’identification en cas de doute. Jamais un guide n’aura fait autant de place aux femelles, qui sont généralement plus difficiles à identifier que les mâles.

Enfin, la réédition d’Initiation à l’observation des oiseaux de Michel Sokolyk porte bien son nom (Éditions de l’Homme, 240p., 26,95$). C’est un bon livre pour qui veut s’initier à l’ornithologie et dont les photographies, particulièrement claires et esthétiques, sont signées par l’auteur.

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