Évelyne Bloch-Dano : Madame Proust

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Épouses, mères, sœurs ou maîtresses : les femmes qui entouraient les écrivains ont toujours eu une influence indiscutable sur le travail de leurs hommes. Avec Madame Proust (Grasset), Evelyne Bloch-Dano lève le voile sur le personnage insaisissable que fut Jeanne, la mère de l'auteur d'À la recherche du temps perdu, Marcel Proust, pour qui le plus grand malheur aurait été « d'être séparé de maman ».

Dans cette biographie, Madame Bloch-Dano a voulu autant cerner le personnage de Jeanne Proust que mesurer l’incidence que cette dernière a eue sur Marcel et son œuvre :
« Mon projet était d’abord d’aller à la recherche de Jeanne, de savoir qui elle était, d’où elle venait, de faire un portrait le plus fidèle possible de celle dont l’influence sur son fils allait être si déterminante », explique la biographe. Au fil de l’ouvrage, le lecteur découvrira donc l’ amour unissant la mère et l’enfant, une relation qui allait au-delà de la limite communément admise sans toutefois être condamnable : « Par contre, précise Bloch-Dano, je pense qu’Adrien, le père de Marcel, pouvait être agacé par leurs démonstrations d’affection en public. »

La biographe s’attarde aussi sur Jeanne, issue d’une famille bourgeoise juive, et Adrien, médecin catholique : « Les Proust forment un couple très représentatif de la grande bourgeoisie parisienne de la IIIe République ; la différence de religion est atténuée par leur commun athéisme », analyse l’auteure, qui a également découvert que ces derniers n’étaient pas unis « par la passion, mais par des sentiments d’attachement et de complémentarité. Jeanne n’était pas une rebelle, mais pas non plus une prude. Elle était une femme fidèle à ses engagements : cela a joué un rôle dans leur couple. » Il ressort de Madame Proust l’image d’une femme aimant profondément son fils qui, bien qu’elle ait, comme toutes les mères à cette époque, espéré un mariage pour sa progéniture, en acceptait l’homosexualité. Il en va de même en ce qui concerne la difficulté de Marcel à trouver sa place dans le milieu du travail : « [Jeanne et son mari] appartiennent à des milieux où le travail est fortement valorisé. Elle a d’abord tenté de pousser Marcel vers une profession, puis elle a compris que sa vocation d’écrivain était inébranlable. À ce moment-là, elle a, de toutes ses forces, essayé de lui faire acquérir rigueur et discipline de travail. », précise Évelyne Bloch-Dano. Avec la parution de Madame Zola (Grand Prix des lectrices de Elle 1998), Évelyne Bloch-Dano a été l’une des premières auteures à se pencher sur le rôle des femmes dans la vie et l’œuvre des grands hommes de lettres.

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