À l’occasion des deux siècles de la parution de cette œuvre majeure, nous avons compilé trois excellentes raisons de lire ce bijou de la littérature qui mêle habilement gothisme, romantisme, mythologie et fantastique.

1. Parce que c’est une femme qui l’a écrit en 1818…

Et pas n’importe quelle femme! Mary Shelley est la fille de Mary Wollstonecraft, pionnière du féminisme, et du romancier et philosophe William Godwin, ainsi que la femme du poète Percy Shelley. D’abord publié anonymement, Frankenstein reçoit des critiques pour la plupart élogieuses. Mais lorsque la seconde édition révèle le nom de Mary Shelley, elles ne se fondent plus sur la qualité du livre, mais sur l’auteure, lui reprochant de manquer « de la douceur inhérente au sexe féminin », et accusent le Prométhée moderne de n’être « qu’une pâle imitation des romans de son père ». Mais la dimension romantique et moderne est louangée par les critiques de toutes les époques qui légitiment Mary Shelley dans le cercle des grands auteurs… et des grandes auteures.


2. Parce qu’il n’est pas forcément tant lu

Tout le monde a déjà entendu ou fait cette erreur qui hérisse le poil des littéraires et donne de l’urticaire aux professeurs de littérature anglaise. Non, Frankenstein n’est pas le nom du monstre, mais bien celui du protagoniste, Victor de son prénom, qui a créé et donné vie à la créature, qui elle, n’est jamais nommée. Outre cette méprise, les multiples adaptations ont également contribué à éclipser la dimension philosophique intense contenue dans le roman, tout comme elles font abstraction de la richesse du récit. Dans ce roman épistolaire – eh oui! –, Robert Walton, un explorateur arctique, décrit à sa sœur ses pérégrinations et rapporte l’histoire que lui narre l’homme qu’il a recueilli à la dérive, Victor Frankenstein. Ces récits enchâssés proposent alors une mise en abyme complexe qui révèle une écriture sublime.


3. Parce que sa conception est atypique

L’histoire de l’écriture de Frankenstein est atypique. Au commencement était un groupe d’amis romantiques, exilés d’une Angleterre qui les considère comme des renégats au vu de leur vie privée sulfureuse pour l’époque : adultère, inceste, libertinage ou encore athéisme sont au rendez-vous. Afin d’occuper leurs soirées au bord du lac Léman, en Suisse, ils décident de se conter des histoires effrayantes. Ce groupe est bien entendu composé des Shelley, mais aussi du célèbre poète Lord Byron ou encore de John William Polidori. Cette soirée accouchera de la nouvelle The Vampyre… et de Frankenstein. Tous les éléments étaient réunis pour la création d’une œuvre horrifique : les débats passionnés des romantiques sur la création d’un homme artificiel, les pluies diluviennes en plein été laissant imaginer une malédiction sur ces artistes en exil, ainsi qu’un cauchemar sous opium, dévoilé dans la préface de l’édition de 1831, où Mary Shelley rêve d’un « pâle étudiant des arts profanes agenouillé aux côtés de la chose qu’il avait assemblée… »

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