L’arbre penché : Texte inédit de Mélissa Verreault pour la JMLDA 2016

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La JMLDA, qui aura lieu le 23 avril, a d'abord pris son envol le 21 avril 2016 avec un grand rassemblement de lecteurs dans plusieurs régions du Québec et du Canada. Pour la région de Québec, c'est Les libraires qui ont eu l'honneur d'organiser l'événement. L'auteure Mélissa Verreault a accepté de se prêter au jeu et d'écrire un texte sur le droit d'auteur. Ainsi, c'est à la Librairie du Quartier, sur l'avenue Cartier, que les passionnés du livre ont pu entendre ce texte, lu par sa créatrice. Pour ceux qui n'ont pu être présents, voici le magnifique hommage que rend la talentueuse Mélissa Verreault aux créateurs du livre que sont les auteurs. Voici L'arbre penché

L’écrivain est celui qui vit incliné – au-dessus de son clavier, de ses feuilles de papier, de ses ouvrages de référence. Un saule pleureur aux branches tombantes et au regard constamment baissé, à la recherche d’un mot, d’une phrase, d’une idée.

Le lecteur, lui, s’il doit aussi se courber fréquemment pour mieux se plonger dans les histoires qui le fascinent, se permet souvent des positions plus variées : à genoux, couché, sur le côté, les jambes en l’air, les bras croisés. Il est le roseau flexible s’adaptant à toutes les situations.

L’éditeur, pour sa part, se penche sur le texte qu’on lui a confié 

pour, peu à peu, le transformer en livre. Il constitue le pont entre les deux rives que représentent l’auteur et le lecteur; il est le tronc d’arbre posé en travers de la rivière, qui nous aide à la traverser sans nous mouiller.

Plusieurs personnes ayant une tendance au cambrement et au torticolis, dont les réviseurs, les infographes, les correcteurs, les traducteurs, travaillent à leur tour sur l’œuvre, pour la mener à l’orée de la perfection. Une panoplie d’individus qui, tels les érables du centre-ville, permettent de mieux respirer.

Bien sûr, n’oublions pas le distributeur, grand orme qui diffuse les livres comme des samares au printemps, ni le libraire, plante aux allures frêles qui pourtant résiste face aux géants : tous deux passent leur temps repliés au-dessus des boîtes de livres, accroupis devant les étagères, à essayer de trouver la meilleure place pour chacun des fruits qu’on leur a remis.

Vous l’aurez compris, le milieu du livre est une forêt dont les arbres vivent la majeure partie du temps prosternés. Il y a par contre une occasion particulière où ils se tiennent debout, fiers et convaincus : lorsque vient le temps de défendre le droit d’auteur. Car, s’ils veulent préserver l’originalité, l’intelligence, la richesse et la force de la littérature, ils se doivent de se battre ensemble, pour que soit reconnu et respecté le travail des artisans qui la forgent, ici comme ailleurs. Ainsi vivent les arbres : en se protégeant les uns les autres, en partageant la lumière, en s’enracinant dans le terreau le plus fertile – celui de la solidarité.

 

 

Biographie
Mélissa Verreault est née en 1983. Titulaire d’une maîtrise en création littéraire de l’UQAM, elle étudie actuellement à la maîtrise en traduction de l’Université Laval, où elle est également chargée de cours en création littéraire. Mariée à un Italien, elle a séjourné plusieurs mois dans le pays de son époux. Ils résident maintenant à Lévis avec leurs triplées. L’auteure a publié aux Éditions La Peuplade deux romans, soit Voyage Léger (finaliste au Prix France-Québec 2012) et L’angoisse du poisson rouge (finaliste au Prix des libraires du Québec 2015), ainsi qu’un recueil de nouvelles, Point d’équilibre (Prix du CALQ – Œuvre de l’année pour la région de Chaudière-Appalaches). Son prochain roman, Les voies de la disparition, paraîtra à l’automne 2016.

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