Anne Hébert: Force de la nature

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On ne peut parler de littérature québécoise sans parler d’Anne Hébert. En effet, en tant qu’auteure incontournable dans l’histoire littéraire de notre peuple, non seulement aura-t-elle charmé les nôtres, mais elle aura également été lue par une panoplie de lecteurs et lectrices à l’extérieur de nos frontières, du grand public aux départements universitaires de littérature.

Puisqu’Anne Hébert fut une auteure très prolifique, il est difficile de traiter de son œuvre en seulement une page. Je tenterai néanmoins de l’aborder le plus fidèlement possible à l’aide des trois titres suivants: Kamouraska, Le torrent et Les Fous de Bassan.

Commençons par un des plus grands succès d’Anne Hébert, basé sur une histoire vraie: Kamouraska. L’auteure y raconte le récit d’une femme remariée, Élizabeth Rolland, qui fut jadis l’épouse d’Antoine Tassy, seigneur de Kamouraska. Leur vie conjugale s’avérant impossible, Élizabeth et son amant, le docteur George Nelson, concoctent l’assassinat du seigneur. Élizabeth, narratrice, se remémore ces événements à la suite du drame. L’écriture d’Anne Hébert y est exigeante, représentative de l’histoire racontée dans le roman. Tout au long de l’intrigue, le lecteur baigne dans le malaise à cause du fait que le thème principal abordé — l’amour — se développe parallèlement aux thèmes de l’homicide, de la mort. L’amour, sentiment référant souvent au bonheur, s’avère finalement terrifiant lorsqu’il est soumis à la plume d’Anne Hébert, dans la mesure où la force qui relie Élizabeth à son amant la plonge finalement dans la violence et la terreur. Cependant, on ne peut traiter de Kamouraska sans mentionner le vocabulaire employé, un vocabulaire qui, comme dans la majorité des œuvres d’Anne Hébert, renvoie à une pléiade d’émotions fortes et dérangeantes.

S’il ne faut nommer qu’une œuvre avec laquelle Anne Hébert parvint à se créer un nom sur la scène littéraire, que ce fût intentionnel ou pas, il faut naturel­lement nommer Le torrent. La nouvelle la plus importante de ce recueil est bien entendu la nouvelle éponyme. Développée à travers une quarantaine de pages, l’histoire est celle d’une femme tombée enceinte en dehors du mariage et qui tente de retrouver son honneur dans son village en faisant de son fils un prêtre. Toutefois, ces ambitions ne sont pas partagées par ce dernier, ce qui provoquera de graves séquelles sur sa vie. L’aspect fondamentalement intéressant du recueil réside dans le fait que ces nouvelles contiennent une variété d’histoires, de styles et de vocabulaires. Le lecteur peut ainsi explorer davantage l’écriture prolifique d’Anne Hébert et tenter de mieux cerner cette fabuleuse auteure.

Enfin, le dernier titre, mais non le moindre, est Les Fous de Bassan, reconnu par plusieurs comme étant l’un des meilleurs romans de notre littérature. L’intrigue se déroule dans un lieu canadien fictif, Griffin Creek, et s’oriente autour d’une tragédie terrifiante survenue le soir du 31 août 1936. Le lecteur découvrira cette tragédie à travers une histoire racontée sans ordre chronologique. En effet, l’ouvrage regroupe des extraits de journaux ou des textes rédigés par quelques personnages clés dont, le pasteur et les petites Atkins. Comme dans tout autre roman d’Anne Hébert, il est difficile d’identifier un seul thème propre à l’histoire puisque plusieurs sont explorées: la sexualité, la «régiona­lité» géographique, la force de la nature, etc. Bien qu’il soit audacieux de tenter de considérer le roman de façon homogène, il reste néanmoins important de constater que son lecteur ressentira terreur et angoisse tout au long de sa lecture, d’où la puissance de l’œuvre.

Pour conclure, il serait possible d’écrire des milliers de pages sur Anne Hébert, dans la mesure où une seule est loin de pouvoir traiter adéquatement de l’ensemble de son œuvre. En effet, on ne peut aborder convenablement la production d’Anne Hébert sans parler de ses autres romans incontournables, tels que Les enfants du sabbat, Les chambres de bois et Le premier jardin. Ajoutons qu’en dehors du domaine romanesque, l’art d’Anne Hébert s’est étendu également au théâtre et à la poésie. Le tombeau des roi est notamment son recueil de poésie le plus connu et le plus apprécié. À vous, maintenant, de partir à la découverte de cette fierté littéraire et nationale qu’est Anne Hébert.

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