10 représentants de la diversité au Québec à découvrir

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Josip Novakovich
À 20 ans, Josip Novakovich, né en Croatie en 1956, a émigré aux États-Unis. Il vit maintenant à Montréal où il enseigne la création littéraire à l’Université Concordia, un sujet sur lequel il a d’ailleurs déjà écrit dans Fiction Writer’s Workshop et Writing Fiction Step by Step, des ouvrages encore inédits en français. Lauréat de nombreux prix, il a été finaliste au prestigieux Man Booker International Prize. Chez Boréal, il a publié deux recueils de nouvelles, Infidélités et Trois morts et neuf vies, ainsi que le roman Poisson d’avril, tous traduits de l’anglais. Tout en sensibilité, son œuvre, souvent teintée d’un humour noir et empreinte d’humanité, traite notamment de front la question de la guerre en Croatie, de la mort et de l’immigration.

Photo : © University of Tampa

 

Felicia Mihali
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’écrivaine Felicia Mihali, née en Roumanie en 1967 et qui vit au Québec depuis 2000, n’a pas peur de fouler les bancs d’école. En effet, celle qui a d’abord étudié à l’Université de Bucarest s’est ensuite tournée vers l’Université de Montréal. Elle a étudié la philologie, les langues (français, chinois et néerlandais), les lettres, l’histoire de l’art, l’histoire et la littérature anglaise. Le pays du fromage, son premier roman fort remarqué publié en 2002, sera ensuite suivi de Luc, le Chinois et moi, La reine et le soldat, Sweet Sweet China, Dina et, notamment, Confession pour un ordinateur. Points communs des ouvrages de cette romancière qui est également journaliste et professeure d’histoire? Des personnages qui se laissent porter par la vie, la question de l’identité et l’histoire qui s’y taillent toujours une importante place.

Photo : © Martine Doyon

 

Blaise Ndala
Originaire de la République démocratique du Congo, Blaise Ndala quitte ce pays en 2003. En 2007, il s’installe à Québec où il sera d’abord professeur de français langue seconde puis fonctionnaire. Son nom résonne à nos oreilles comme celui d’un auteur à suivre depuis la publication de J’irai danser sur la tombe de Senghor (L’Interligne), ouvrage finaliste à plusieurs prix et lauréat du Prix du livre d’Ottawa. Avec cette fiction historique, Blaise Ndala fait acte de mémoire en présentant un nouvel éclairage sur le règne, de plus de trois décennies, de Mobutu Sese Seko au Congo. Ndala invite dans son récit Mohamed Ali et Léopold Sédar Senghor, deux autres figures marquantes des combats pour le respect de la diversité raciale. Dans la même veine, il publie cette saison chez Mémoire d’encrier Sans capote ni kalachnikov, un vibrant plaidoyer pour l’indignation d’un peuple qui souhaite un avenir meilleur. On s’y promène dans l’Afrique des Grands Lacs, dans un camp de démobilisation et dans une histoire qui reste à s’écrire.

 

Yara El-Ghadban
Elle est anthropologue, traductrice, romancière et également musicienne : Yara El-Ghadban, née en 1976 en Palestine et résidant à Montréal depuis 1989 (après avoir parcouru Dubaï, Buenos Aires, Beyrouth, Sanaa et Londres), a signé les romans L’ombre de l’olivier et Le parfum de Nour  ainsi que l’essai Le Québec, la charte, l’autre : Et après?. Dans ces œuvres, elle explore les traces laissées sur une vie par l’exil ainsi que les questions de liberté, le tout avec une écriture sensuelle, qui laisse une place importante aux odeurs, au toucher, aux paysages. Dans son plus récent ouvrage, Le parfum de Nour, elle nous entraîne de Ramallah à Montréal, en passant par Londres. Son regard d’anthropologue, sur le terrain, a certes quelque chose à voir avec son écriture qui cerne la condition humaine, qui réfléchit sur les tenants et aboutissants de l’Ailleurs.

Photo : © Mémoire d’encrier

 

Maya Ombasic
Maya Ombasic est née en 1979 à Mostar, en Bosnie-Herzégovine. À l’adolescence, elle vit à Genève en Suisse, avant de s’installer à Montréal vers l’âge de 20 ans où elle « se sent à la maison », révèle-t-elle sur son site Internet. Elle y enseigne actuellement la philosophie. Cuba, qu’elle qualifie de « paradis perdu », se retrouve au cœur de deux de ses romans, soit Chroniques du lézard et Rhadamanthe. Elle a signé également deux recueils de poésie, Étrangers au coin du pourpre et Cantique des méridiens, un essai littéraire, Paysages urbains et mélancolie chez Orhan Pamuk, ainsi qu’un film, Sur la route du sel. Son dernier roman, Mostarghia, un mot provenant de sa ville d’origine et du mot « nostalgia », le plus autobiographique de son œuvre, met en scène la jeune Maya et sa famille qui doivent fuir le pays pendant la guerre de Bosnie. Ce long périple, durant lequel Maya vieillit, les mène en Suisse et au Canada. Ce récit bouleversant s’adresse au père de Maya; l’horreur de la guerre et les conséquences de l’exil y sont dépeintes avec lucidité et sensibilité. Maya Ombasic a souvent dit que l’écriture était son véritable port d’attache.

Photo : © Michel Paquet

 

Elena Botchorichvili
À 13 ans, la timide Elena Botchorichvili possédait déjà un emploi comme journaliste et commentait des parties de baseball en Géorgie, dans l’ancienne U.R.S.S., à défaut de pouvoir écrire sur la politique. C’est ainsi qu’elle devint la première journaliste soviétique à représenter un grand quotidien sportif à l’étranger, avant de s’établir, en 1992, à Montréal. Mais si elle a pu quitter l’Union soviétique, le régime communiste a laissé en elle des traces indélébiles qui se retrouvent au coeur de son oeuvre (Le tiroir au papillon, Faïna, Sovki, La tête de mon père, Seulement attendre et regarder). L’auteure l’affirme : ce passé vit en elle ; elle en sera toujours prisonnière. Son style d’écriture est composé de phrases très courtes — où chaque mot inutile est éliminé—, empreintes de subtilité et d’humour noir. Celle qui a elle-même traduit, mot à mot, du russe au français, un premier livre afin de le présenter à Boréal (qui l’a ensuite fait traduire par un professionnel) a su se tailler une place de choix dans le milieu littéraire. En 2016, elle recevait le prestigieux Russkaya Premia, prix littéraire russe.

Photo : © Martine Doyon

 

Edem Awumey
Né en 1975 à Lomé, au Togo, Edem Awumey a vécu quelques années en France avant de s’installer au Québec en 2005. Celui qui a publié en France, en Italie, en Allemagne et au Québec se considère d’ailleurs comme « un écrivain voyageur entre les mots et les géographies ». Son premier roman, Port-Mélo, paru chez Gallimard, lui a permis de remporter le Grand Prix littéraire de l’Afrique noire, tandis que son roman Les pieds sales a été sélectionné dans la première liste du prix Goncourt. Il est aussi l’auteur d’un essai, Tierno Monénembo : le roman de l’exil. Au Québec, chez Boréal, sont aussi parus Rose déluge et Explication de la nuit. Son œuvre traite surtout d’errance et d’exil, mais également de l’enfance, de voyage, de la mémoire, et d’identité.

Photo : © Jean-Marc Carisse

 

Monia Mazigh
Elle a d’abord été connue en tant qu’auteure avec le récit Les larmes emprisonnées (Boréal) qui relate la bataille qu’elle a menée pour faire libérer son mari de la prison où il a été injustement enfermé et torturé. L’engagement politique de Monia Mazigh se perçoit aussi dans ses écrits subséquents, les romans Miroirs et mirages et Du pain et du jasmin, tous deux parus aux éditions David, qui portent une parole forte et sensible où la liberté de choix est manifeste. Originaire de la Turquie, elle immigre au Canada en 1991 à l’âge de 21 ans. Elle est titulaire d’un doctorat en finance de l’Université McGill et s’est présentée comme candidate aux élections fédérales de 2004 au sein du NPD. Elle vit actuellement à Ottawa et travaille dans divers organismes qui militent pour les droits de la personne.

 

Dimitri Nasrallah
Né au Liban en pleine guerre civile, Dimitri Nasrallah vivra au Koweït, en Grèce et à Dubaï avant d’arriver au Canada en 1988 à l’âge de 11 ans. Il a fait paraître deux romans en anglais, Blackbodying (2005, DC BookS) et Niko (2011, Esplanade Editions) pour lesquels ils remportent respectivement le McAuslan First Book Award et le prix Hugh-MacLennan. Le livre Niko a été traduit en français en 2016 aux éditions La Peuplade sous le même titre. Ses œuvres racontent avec une dimension poétique remarquable le difficile chemin de la guerre et de l’exil. Il a été journaliste et critique pour différents journaux et a assumé la rédaction de la revue de musique Exclaim! pendant deux ans. Il enseigne la création littéraire à l’Université Concordia.

Photo : © Gopesa Paquette

 

Katia Belkhodja
Katia Belkhodja est née le 30 décembre 1986, à Alger. À 21 ans, alors installée au Québec depuis ses 9 ans, elle fait paraître chez XYZ éditeur La peau des doigts, un roman d’amour et de désir qui reçut alors de nombreux éloges critiques, un roman à la fois poétique et sensuel qui voyage entre Alger, Paris et Montréal. Puis, en 2015, elle fait paraître l’envoûtant La marchande de sable, une novella qui impose son rythme en ensorcelant le lecteur à coup de langue arabe – qui sonne étrange et réconfortante aux oreilles de la protagoniste –, de curieuses magies et de thématiques où le nomadisme et la sédentarité se confrontent. Celle qui travaille actuellement sur un texte composé d’une conversation entre deux mères qui discutent d’existentialisme et de poupées russes explique que son bagage culturel réside principalement dans son hybridité assumée : « Ça me permet surtout de me méfier instinctivement de ce que Chimamanda Ngozi Adichie appelle “l’histoire unique”. Du coup, je tente de me tenir loin des stéréotypes dans mon écriture, de ce qui peut réduire une personne à une caractéristique unique. Je préfère humaniser qu’“exotiser”, disons. »

Photo : © Martine Doyon

 
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