Petit voyage autour du globe, avec en tête la découverte de polars d’exception : voici notre sélection loin d’être exhaustive qui vous offre du noir d’un océan à l’autre!

Canada (Manitoba)
Pourquoi ne pas s’intéresser à la province manitobaine en plongeant dans deux polars qui s’y déroulent? D’une part, avec Ligne brisée (Québec Amérique) de l’auteure métisse Katherena Vermette, vous découvrirez un polar qui dénonce le racisme systémique dont trop de femmes autochtones sont victimes dans un quartier de Winnipeg reconnu pour son taux élevé de criminalité. D’autre part, avec Le fruit de la haine (Nouvelle plume) de Margot Joli, vous plongerez en 1968 en zone rurale, au cœur de la rivalité historique entre la communauté anglophone et celle francophone, à La Rochelle.

États-Unis (Montana)
On connaît Thomas King notamment pour son essai L’Indien malcommode, mais le voilà lancé dans une série de cinq romans policiers, initiée avec Meurtres avec vue (Alire), mettant en scène cet ex-policier autochtone devenu photographe qui s’établit dans la ville de Chinook et s’opposera aux policiers locaux lors d’une affaire de meurtre.

États-Unis (Kansas)
1959, cirque ambulant, carrousel, cadavre tatoué : voilà tous les éléments réunis sous la plume du prolifique R. J. Ellory pour faire du Carnaval des ombres (Sonatine) un polar haut en couleur.

Argentine
Avec une adresse vertigineuse, Caryl Férey plonge avec Mapuche (Folio) dans les bas-fonds d’une Argentine malmenée par la dictature, la guerre et la corruption. Lorsqu’un travesti est retrouvé assassiné, Jana, une autochtone mapuche dont la tribu a été arrachée à son territoire, et Ruben, détective privé, se retrouveront mêlés à cette affaire qui remontera jusqu’en 1973, où près de 30 000 personnes ont disparu…

Québec (Saint-Hyacinthe)
La petite ville de Saint-Hyacinthe est l’hôte de deux intrigues policières. D’abord dans Le puits de Vincent Fournier-Boisvert (ADA), où l’histoire commence en 1996 lorsqu’une vache est retrouvée décapitée. Suivra la disparition du fils du propriétaire de ladite vache, puis la découverte de stupéfiants dans l’estomac de l’animal… L’enquête donnera du fil à retordre à la sous-lieutenante Monique Demers et son bougon de patron Réal Rondeau. C’est également cette ville qui est dans la mire de Pierre Breton, dans Le dragon de Saint-Hyacinthe. Avec des personnages attachants et une intrigue finement menée, on plonge dans ce polar où Danny Dragon, célèbre chanteur d’un groupe yéyé, est retrouvé calciné dans sa maison cossue qui a pris feu. Cyrille, chef de police depuis douze ans, se mettra sur l’affaire.

États-Unis (État de New York)
Quoi de plus américain qu’une histoire présidentielle dont l’auteur est… Bill Clinton? Dans La fille du président (JC Lattès), on assiste au kidnapping de la fille du président, qui tente de tenir le coup entre ses angoisses de père et son devoir de maintenir la sécurité nationale. Cosigné avec James Patterson, ce roman fait suite à une précédente écriture à quatre mains dans Le président a disparu. Mentionnons que si on ne connaît pas la valeur de la fortune de l’ex-président, celle de James Patterson est quant à elle estimée à 560 millions de dollars, faisant de lui le troisième auteur le plus riche du monde. Cet argent, l’auteur américain en fait profiter les librairies indépendantes : en 2013, il leur a versé 1 million de dollars pour la mise de l’avant du livre jeunesse, en 2015, il a remis 250 000$ à celles qui, selon lui, font la différence dans leur communauté. En 2020, afin de soutenir les librairies indépendantes américaines et éviter que la COVID ait raison d’elles, il leur a fait un don de 500 000$.

Haïti
Pourquoi pas un détour vers le polar vaudou? C’est ce que propose Gary Victor dans sa série comprenant Saison de porcs, Soro et Cures et châtiments, tous publiés chez Mémoire d’encrier. Grâce à son inspecteur Dieuswalwe Azémar, un alcoolique impénitent qui se bat contre la corruption, Victor cisèle de son regard la société haïtienne et son histoire traditionnelle. Avec cette légère touche de magie vaudou — mythe, réalité? — ajoutée à la trame narrative, les lecteurs vivront un voyage étonnant au cœur d’une Haïti noire de voyous et d’intrigues enlevantes.

Islande
On connaît tous, de l’Islande, l’œuvre d’Arnaldur Indridason. On vous présente donc plutôt Arni Thorarinsson et son enquêteur Einar, reporter qui travaille pour un grand journal islandais où les histoires à élucider sont légion, entre un faux suicide assisté et un pénis offert à un mariage dans un bocal. En froid avec le commissaire de police — car il remet tout en cause et avec raison —, Einar voit également sa fille suivre ses traces en devenant photographe au même journal. Concernant Treize jours, sa plus récente parution, voici ce qu’en a dit le libraire Christian Vachon : « Plus qu’un bon polar, un regard lucide et désabusé sur les travers sociaux de notre temps. » On attire également votre attention sur l’auteure Lilja Sigurdardottir, Prix du polar islandais 2019.

Allemagne
Tout comme dans le récent Les exfiltrés de Berlin, l’œuvre de l’Allemand Harald Gilbers se déroule presque exclusivement en Allemagne, dans les années 1940. Le journaliste et romancier Jean-Christophe Grangé dépose dans ce même lieu et cette même époque l’intrigue des Promises, où un membre de la Gestapo et une riche psychiatre tâcheront de retrouver un mystérieux tueur en série.

France (Paris)
170 000 : c’est le nombre d’exemplaires du premier tirage du roman 1991 de Franck Thilliez, nouvelle coqueluche parisienne des amateurs de polars. Dans cette enquête, le responsable de l’affaire Franck Sharko replonge dans le cold case de trois femmes enlevées, violées et poignardées entre 1986 et 1989. Sharko est sans indice, jusqu’à ce qu’on toque à sa porte…

Espagne
Docile, le nouveau polar de l’Espagnol Aro Sáinz de la Maza (Actes Sud), est intrigant par son titre et sa couverture illustrant un individu masqué d’une tête de lapin. Il nous entraîne à Barcelone, avec l’inspecteur Milo Malart dont la vie personnelle bat de l’aile, qui doit affronter un ado au visage d’ange soupçonné d’avoir tué tous les membres de sa famille à coups de pierres…

Angleterre
Les intrigues se déroulant en Angleterre sont légion, c’est pourquoi nous nous concentrerons sur quatre séries de cosy crimes, des œuvres qui se déroulent dans la ruralité britannique, qui ont pour enquêtrices des dames bien mises et dont les meurtres ne font pas l’objet de sanglantes descriptions : Sa Majesté mène l’enquête de S. J. Bennett, Les dames de Marlow enquêtent de Robert Thorogood, Les détectives du Yorkshire de Julia Chapman, ainsi que la série entamée avec Cottage, fantômes et guet-apens d’Ann Granger. Des polars qui vous tiennent en haleine et en humour, sans vous faire hérisser le poil de bras!

Norvège
Trois incontournables : Gunnar Staalesen, Jo Nesbø et Monica Kristensen.
Un auteur à découvrir : Heine Bakkeid, avec Rendez-vous au paradis (Les Arènes)

Suède
Le duo d’auteurs Maj Sjöwall et Per Wahlöö a ouvert le bal du polar scandinave à partir de 1965, montrant les côtés plus sombres de ce qui était perçu comme un « État-providence ». Suivront ensuite les auteurs internationalement aimés que sont Henning Mankell, Stieg Larsson et Camilla Läckberg, laquelle insuffle une belle dimension féminine à ses intrigues se déroulant dans de petites localités et qui parle notamment de la culpabilité nationale due à la neutralité de la Suède durant la Seconde Guerre. Sans oublier Viveca Sten, qui a délaissé sa carrière juridique pour se consacrer à l’écriture et qui a réuni plus d’un million de lecteurs autour de sa série mettant en scène l’inspecteur Andreasson et Nora Linde. On attire aussi votre attention sur le polar discret mais déjanté Comment cuire un ours, de Mikael Niemi, publié cet été chez Stock.

Angola
Dans la capitale de l’Angola, sur la côte ouest de l’Afrique australe, on retrouve Daniel Benchimol, un enquêteur qui a ceci de particulier qu’il rêve à des gens qu’il n’a jamais rencontrés et qui, pourtant, existent réellement… On frôle ainsi le polar onirique dans La société des rêveurs involontaires (Métailié), signé par le journaliste et éditeur José Eduardo Agualusa. Si les frontières avec le réel vous interpellent, il vous faudra aussi lire l’histoire de ce bouquiniste albinos qui vend aux plus offrants de faux passés, dans Le marchand de passés.

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