Un genre polarisé

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Il y a les romans policiers qu’on reconnaît facilement à l’insigne que porte leur héros. Il y a les récits de science-fiction qui transportent dans un futur plus ou moins plausible. Il y a les histoires fantastiques dont on embrasse délibérément l’improbable réalité. La littérature de genre est-elle vraiment si facile à définir? La cuvée 2013 nous invite à en douter.

Une formule qui fonctionne
André Marois est un habitué du roman noir, pourtant son dernier livre vogue aux frontières de la SF. Publié en début d’année, La fonction (La courte échelle) s’articule autour d’un pouvoir extraordinaire qui permet à tout un chacun de reculer le temps d’une minute. Le hic? On ne peut en faire l’usage qu’une seule fois. Frank, le personnage central, a déjà gaspillé sa Fonction. Mais dans quelles circonstances? Ça, il n’ose pas le dévoiler.

L’année zombie
Les zombies ont littéralement envahi les tablettes des librairies en 2013! Heureusement, certains auteurs apportent un agréable vent de fraîcheur à cette créature en décrépitude. Le Manitobain Corey Redekop réussit avec brio à faire rire les lecteurs en mettant en scène un acteur gai torontois qui accède à la célébrité tant convoitée après être revenu à la vie. Critique sociale humoristique plus que récit cadavérique, Mister Funk (XYZ) fait voler en éclats les cadres conventionnels du genre.

Laisser sa marque
Parfois, un roman arrive à se démarquer non pas par son excentricité, mais par son côté terre à terre. C’est le cas de Traces (Leméac), dans lequel Anna Raymonde Gazaille évite habilement les retournements rocambolesques, qui sont monnaie courante dans les romans policiers, pour offrir à ses lecteurs une intrigue humaine et vraisemblable. Un polar qui tire sa force de la psychologie de tous ses personnages, principaux comme secondaires.

Quelques titres en rafale
L’auteure à succès Chrystine Brouillet a régalé ses fans d’un nouveau roman noir au courant de l’été (Saccages, La courte échelle). Le romancier et poète Louis-Philippe Hébert a quant à lui surpris les siens avec un polar inusité où deux Québécois se prenant pour Sherlock Holmes et le docteur Watson se mettent en route pour une nouvelle aventure (La Cadillac du docteur Watson, Lévesque éditeur). Jacques Savoie, qui a reçu cette année le Prix des lecteurs Radio-Canada pour son précédent roman, a renoué avec l’inspecteur Jérôme Marceau dans Le fils emprunté (Libre expression), pour une nouvelle incursion dans les milieux malfamés de Montréal.

Le spécimen rare
La pieuvre
Julie Rivard (VLB éditeur)
Qui a dit que le crime était une affaire d’hommes? Le Québec est maintenant aux prises avec une impor tante organisation criminelle composée uniquement de femmes. Un polar léger qui déploie ses tenta – cules avec simplicité et élégance.

Complétement déchaîné
Les chaînes du Léviathan
Jonathan Brassard (Coups de tête)
Une soirée bien arrosée au pied d’un monstre marin fraîchement capturé prend une tournure inattendue pour Charles. Avec un humour incisif et une étonnante maîtrise de la métaphore, l’auteur montre qu’on finit tous par porter des chaînes.

Le meilleur premier polar
Tout homme rêve d’être un gangster
Jean Charbonneau (Québec Amérique)
Si la Société du roman policier de Saint-Pacôme a remis à l’auteur le prix du meilleur premier polar, ce n’est pas pour rien. Jean Charbonneau parvient à transformer une histoire de gangsters montréalais en captivante fresque historique de la fin des années 40.

En 2013, votre libraire a craqué pour…
Un ménage rouge
Richard Ste-Marie (Alire)
Vous avez été nombreux à goûter L’inaveu, vous adorerez plonger dans cette nouvelle intrigue angoissante et tout aussi aboutie. Du polar recherché qui se dévore.
Christian Vachon Pantoute (Québec)

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