Polar et littératures de l’imaginaire : rentrée 2015

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Voici quelques titres phares qui risquent d’attirer votre attention au courant du prochain trimestre.

Mort mystérieuse d’un respectable banquier anglais dans la bibliothèque d’un manoir Tudor du Sussex
L. C. Tyler (Sonatine)

Décidément, l’écrivain britannique aime rendre hommage à la grande Agatha Christie! Après Homicides multiples dans un hôtel miteux des bords de Loire, il revient avec un nouveau roman noir désopilant qui flirte cette fois allégrement avec Dix petits nègres. Quand un ami d’enfance d’Ethelred est retrouvé étranglé, avec une corde, dans la bibliothèque d’un manoir qui ressemble en tout point à celui du jeu Clue, on sait qu’on tient entre les mains un chef-d’œuvre d’intelligence et d’humour.

Machine et machinations
Florence Morin (Sémaphore)

Les éditions Sémaphore ne donnent pas dans le polar habituellement, pourtant le premier roman de Florence Morin mérite bel et bien cette étiquette. Ingénieure de formation, la jeune auteure nous ouvre les portes d’un univers redoutable : celui de l’énergie. Quand une journaliste scientifique est brutalement assassinée, extrémistes écologiques, scientifiques, compagnies pétrolières et mafia sont pris dans un étrange bal aux enjeux cruciaux. Un polar écologiste teinté de réalisme.

Cassandra
Todd Robinson (Gallmeister)

Jusqu’à tout récemment, avoir d muscles et des gueules de tueur avait bien servi Boo et Junior. Mais les biceps, ça ne vous aide pas forcément à retrouver la fille du procureur de Boston. Ce premier roman du rédacteur en chef de la revue américaine Thug Lit colle parfaitement à la collection « Néo noir » des éditions Gallmeister avec son réalisme, son humour et sa noirceur étrangement teintée d’élégance.  

 

Pour découvrir notre courte entrevue avec l’auteure Isabelle Gagnon, cliquez ici! 

Alors que la belle Alix cherche l’apaisement après plusieurs années de hargne, son jumeau Paul– jadis enfant timide – n’arrive plus à contenir sa colère. L’assassin de leurs parents devra payer. Et Alix devra choisir : perdre à jamais le lien qui l’unit à son frère ou sombrer avec lui du côté obscur. Dans Du sang sur mes lèvres (Héliotrope), Isabelle Gagnon nous invite à arpenter avec elle des territoires sombres, faits de terrains glissants.

 

3 enquêteurs québécois qu’on aime suivre

On attend toujours leur prochaine enquête avec impatience et c’est avec délectation qu’on renoue chaque fois avec leur personnalité colorée! Ainsi, on retrouve avec plaisir l’ex-inspecteur de la Sûreté du Québec, Armand Gamache, créé par Louise Penny, dans Un long retour (Flammarion Québec), alors qu’il sort momentanément de sa retraite pour rendre service à une amie, dont le mari est porté disparu. Parallèlement, le Joseph Laflamme d’Hervé Gagnon escorte une fois de plus les lecteurs à travers le Montréal du XIXe siècle dans Maria (Libre expression), un récit qui s’inspire de la vie d’une religieuse canadienne qui a créé un véritable scandale au sein de l’Église catholique en affirmant que cette dernière s’adonnait à des pratiques scabreuses. Il ne faudrait pas oublier également le sympathique antiquaire Alexandre Jobin, d’André Jacques, qui mélange encore l’art et le sang de main de maître dans La bataille de Pavie (Druide). Décidément, suivre les enquêteurs québécois, c’est les adopter!

3 nouveaux auteurs à surveiller

Bien qu’il en soit à ses premières armes dans l’univers du récit romanesque, Philippe-Aubert Côté ne fait aucune concession dans Le jeu du démiurge (Alire), osant proposer aux lecteurs un univers de science-fiction gorgé de détails et affranchi des canevas. Diplômé en sciences biomédicales, l’auteur met ses connaissances au service d’une intrigue posthumaniste enlevante. Du côté de la fantasy, le Vancouvérois Sebastien de Castel surprend également les amateurs du genre avec Les Manteaux de Gloire (Bragelonne). Avec son trio de chevaliers à l’humour et à l’honneur manifestes, ce roman aux allures des Trois mousquetaires à la sauce fantasy a de quoi séduire les foules. Pour ce qui est du roman policier, c’est vers Clayton Lindemuth et Une contrée paisible et froide (Seuil) qu’il faut se tourner pour un vent de fraîcheur, quoique chargé de violence et de soif de vengeance; dans le Wyoming rural des années 70, les pulsions sont sauvages.

3 récits à glacer d’effroi

L’auteure québécoise Zhanie Roy nous invite à plonger dans une fable morbide, mais non dépourvue d’humanité, dans Trois fois la bête (À l’étage). Alors que se multiplient les cadavres d’enfant dans un village québécois des années 30, les accusations pointent vers le loup. Mais est-il vraiment la seule bête dans les parages? François Lévesque joue lui aussi du côté de l’horreur dans La noirceur (Alire), avec un hommage manifeste au travail d’Hitchcock et de Polanski. Transportant ses personnages dans une maison familiale au passé trouble, Lévesque nous capture dans un huis clos cauchemardesque où la tension est à son paroxysme. Plusieurs fois adapté au cinéma, l’Américain Peter Straub défend une fois de plus son titre de maître de la terreur avec Messe noire (Bragelonne). Un rituel secret qui tourne mal dans les années 60, des étudiants marqués à jamais par le mal et beaucoup d’angoisse au programme de cette lecture empreinte de fantastique.

3 collectifs au service de la littérature de genre

Qu’arriverait-il si votre bibliothèque préférée devenait une scène de crime? Et qu’est-ce que cela donnerait si une quinzaine d’auteurs faisaient travailler à leur tour leur imagination? Reprenant la formule de Crimes à la librairie, Crimes à la bibliothèque (Druide) met à son tour en vedette une impressionnante brochette d’écrivains et une belle diversité de textes. L’audacieuse série chorale « Cobayes » des éditions de Mortagne se poursuit avec Olivier. C’est au tour de Yvan Godbout de montrer les conséquences horrifiques de l’étude clinique menée par AlphaLab : des frissons, encore des frissons. Vous cherchez une autre preuve que plusieurs têtes valent parfois mieux qu’une seule? Ne manquez pas le Dictionnaire de la science-fiction (Hurtubise). Abordant le sujet avec une iconographie saisissante, cette petite bible de la SF ne lésine sur rien : cinéma, jeux vidéo, bande dessinée, séries télévisées… le tour d’horizon est complet!

3 littératures de l’imaginaire au féminin

Esther Rochon est une figure des littératures de l’imaginaire d’ici. Dans son nouveau recueil de nouvelles La splendeur des monstres (Alire), vous retrouverez d’ailleurs la novella qui lui a valu le Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois en 1987, introuvable depuis plusieurs années. Or, le livre est d’abord et avant tout un recueil de textes inédits autour du monstrueux. La Canadienne d’origine française, Marie Liondor est en revanche une jeune recrue dans l’univers de la littérature de genre. Elle affine sa plume dans Le grand chaos (L’interligne), où elle met en scène une secrétaire travaillant dans un laboratoire de recherche qui se retrouve soudainement propulsée dans un futur fantastique. Du côté étranger, il faut surveiller le premier roman de la Britannique Catherine Chanter. L’auteure a déjà conquis le public anglophone avec son récit publié cet automne en français sous le titre Là où tombe la pluie (Les escales). Alors que le monde subit une sécheresse inhabituelle, une maison, une seule, est épargnée par la catastrophe.

 

Et tous ces autres titres en rafales…

Plusieurs grands noms à surveiller également cet automne, à commencer par Patrick Senécal qui, sa série « Malphas » maintenant terminée, renoue avec les profondeurs sombres de la nature humaine dans Faims (Alire), à paraître à la fin octobre. Ghislain Taschereau (le créateur de l’inspecteur Specteur) revient quant à lui sur le chemin du thriller avec Étoiles tombantes (Goélette).. De l’autre côté de l’océan, les éditions Albin Michel sortent l’artillerie lourde avec, notamment, un nouveau Stephen King (Revival), un nouveau Lisa Gardner (Famille parfaite) et un nouveau Bernard Werber (6e sommeil). Aussi, parmi les auteurs étrangers à ne pas manquer, Donato Carrisi, l’auteur du Chuchoteur, fait paraître Maleficio (Calmann-Lévy), Thomas H. Cook signe Le crime de Julian Wells (Seuil), Patrick Pécherot publie Plaie ouverte à la maison Gallimard et Dan Smith nous happe avec Hiver rouge (Cherche midi). Les éditions Gallmeister continuent aussi d’étoffer leur merveilleuse collection Néo noir avec Cassandra de Todd Robinson. En science-fiction, il ne faut pas oublier de souligner la parution de Les enfants du Poséidon. La terre bleue de nos souvenirs (T. 1) d’Alastair Reynolds (Bragelonne), véritable phénomène à l’étranger. Du côté québécois, les éditions Recto Verso font paraître un récit de science-fiction qui a attiré notre attention : La règle de trois d’Éric Walters.

Quelques suites attendues feront leur apparition sur les tablettes des librairies, dont Compte à rebours. Seconde Terre (T. 3) de Priska Poirier, Sang de pirates (T. 2) d’Élisabeth Tremblay et Origines. Traqueurs (T. 3) de Mario Boivin, tous aux éditions de Mortagne. Sébastien Chartrand clôt sa trilogie « Le crépuscule des arcanes » avec Le sorcier de l’île d’Orléans (Alire). Sans oublier que c’est le retour de la série populaire « Millénium », cette fois sous la plume de David Lagercrantz (Ce qui ne me tue pas, Actes Sud).

Vous aimeriez vous aventurer un peu hors des sentiers traditionnels? Ne manquez pas Jours parfaits de Raphael Montes (Hurtubise), un polar au ton léger qui fait sourire. Ou plongez dans Une fille trop curieuse de Stéphanie Gauthier (Triptyque).

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