Les polars historiques de Caroline Roe : par Norbert Spehner (revue Alibis)

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Le roman policier canadien contemporain se caractérise entre autres par sa grande diversité. Tous les genres sont représentés, du roman de détection classique au roman noir, en passant par le thriller, les récits d'espionnage et, bien entendu, le polar historique dont les meilleurs représentants sont, en ce moment, J. Robert Janes (voir Alibis 5), T. F. Banks, Don Gutteridge, Maureen Jennings et Caroline Roe.

Cet article est d’abord paru dans la revue Alibis (n°13, hiver 2005), la seule revue québécoise entièrement consacrée à la littérature policière.

À propos de Medora Sale/Caroline Roe

Caroline Roe est le pseudonyme de Medora Sale (et non l’inverse, comme l’affirme à tort son éditeur français), Roe étant le nom de son mari. Les éléments biographiques présentés dans l’édition française nous apprennent les détails suivants. Elle est née à Windsor (Ontario) et a vécu à Washington, Ottawa et Détroit avant de s’installer à Toronto. Elle est titulaire d’un diplôme (B.A.) de langue moderne de l’université de Toronto et d’un doctorat en études médiévales. Professeur, traductrice, écrivain, elle fait ses débuts en littérature en 1986 sous son nom de jeune fille, Medora Sale. Elle reçoit alors l’Arthur-Ellis Award du meilleur premier roman policier pour Murder on the Run, premier volet d’une série mettant en vedette l’inspecteur John Sanders (et non Harriet Jeffries, comme le prétend encore à tort l’éditeur français. La photographe Harriet Jeffries n’apparaît pas dans ce premier roman, elle ne viendra que par la suite). Entre 1986 et 1994, elle écrira six romans avec ces mêmes personnages. Medora Sale, qui a été la présidente des Crime Writers of Canada en 1989-1990, fait partie de ce groupe d’écrivains canadiens qui ont donné ses lettres de noblesse au polar canadien moderne, avec L. R. Wright, Eric Wright, Ted Wood, Howard Engel, Laurence Gough, William Deverell, Anthony et Christopher Hyde, et quelques autres.

Genèse d’une série médiévale

Spécialiste du Moyen Âge, c’est par hasard que Medora Sale a découvert l’existence de l’évêque Berenguer de Gérone et celle de son médecin juif, Isaac, dans l’Espagne médiévale. Elle s’en est inspirée pour entreprendre en 1998 la série des Chroniques d’Isaac de Gérone, avec comme nom d’auteur Caroline Roe. Changement de nom, changement de style… Du roman noir de procédure policière, elle passe au polar historique. Depuis, sept romans de cette série ont été publiés à raison d’un volume par an (dont deux en 2000). Un huitième doit paraître en novembre 2004. Six d’entre eux sont disponibles en français dans la collection « Grands détectives » des éditions 10/18, dans une excellente traduction de Jacques Guiod.

L’action des romans des Chroniques d’Isaac de Gérone commence à Gérone, en l’an 1348, sous le règne de Pedro IV, roi d’Aragon. Gérone est une ville d’Espagne, située dans la province de Catalogne. Elle se trouve au nord de Barcelone, près de la frontière de l’Andorre et de la France. Au milieu du XIVe siècle, elle abrite la deuxième plus importante communauté juive de toute la Catalogne. Isaac, un membre de cette communauté, est aveugle. Au début de la série, il devient le médecin personnel de l’évêque de Gérone, Berenguer de Cruilles. Il habite dans Le Call, le quartier juif de Gérone, avec sa famille composée de Judith, sa femme, de sa fille Raquel et de leurs derniers-nés, des jumeaux. Une autre fille, Rebecca, qui a épousé un chrétien, vit aussi à Gérone, mais elle est mise à l’écart de la famille d’Isaac qui l’a « répudiée » pour cause d’alliance religieuse contre nature ! À ce petit monde s’ajoute Yusuf, un personnage-clé, un orphelin musulman, recueilli par Isaac et qui est devenu son apprenti. Si Raquel donne un coup de main sur le plan médical à Isaac, dont elle est les yeux, Yusuf est son guide. Sa débrouillardise et son intelligence seront d’un grand secours dans la plupart des « enquêtes » menées par le médecin.

Comme toile de fond de ces histoires, il y a bien entendu le contexte politique explosif de cette époque trouble et troublée, avec ses inévitables intrigues de palais et ses rivalités religieuses, mais aussi ses mœurs, pas toujours très raffinées, avec leur lot de superstitions, de légendes et de peurs réelles ou imaginaires. L’Inquisition y est présente depuis près d’un siècle, mais elle n’a pas encore montré tout son potentiel de terreur et n’apparaît à peu près pas dans les récits de Caroline Roe.

Le Glaive de l’archange
Paris, 10/18 (Grands détectives), 2001, 318 pages.
Éd. or. : Remedy for a Treason, 1998.
Comme tout premier roman d’une série, celui-ci met en place le contexte général, précise le cadre historique, introduit les personnages récurrents. Les temps sont durs, car pendant l’été de 1348, la peste ravage l’Espagne. Isaac lutte pour sauver ses patients, mais perd son assistant Benjamin alors que le reste de sa famille est miraculeusement épargné. L’évêque fait appel à Isaac pour sauver sa nièce Isabel d’une étrange blessure infectée. Isabel est la fille du roi d’Aragon, elle réside au couvent pour sa protection, car des intrigues de cour ont mis sa vie en danger. Pour compliquer les choses, alors que l’épidémie semble vouloir se résorber, une religieuse – en fait un serviteur de la reine d’Aragon déguisé en nonne – meurt dans des bains publics. L’évêque demande à Isaac de mener une enquête discrète sur cette affaire qui a un lien évident avec la présence d’Isabelle au couvent. C’est à ce moment que le médecin va rencontrer le jeune Yusuf, âgé de dix ou douze ans, un mendiant futé qui cache son passé. C’est ensemble qu’ils recueilleront divers témoignages, analyseront les faits pour résoudre l’énigme du meurtre.

S’il est un reproche que l’on peut faire à ce premier roman, c’est surtout le nombre trop élevé de personnages. Au fur et à mesure que l’on découvrira les autres romans de la série, on pourra avoir une meilleure idée de qui est qui, de qui fait quoi, mais ce premier récit, qui nous plonge au sein des intrigues de cour et des problèmes de succession, est assez complexe et nécessite une attention constante du lecteur. Mentionnons que ce roman a été retenu comme finaliste pour les Anthony Awards (États-Unis) et pour le prix Arthur-Ellis (Canada) en 1999.

Remède pour un charlatan
Paris, 10/18 (Grands détectives), 2001, 303 pages.
Éd. or. : Cure for a charlatan, 1999.
En 1353, la mort subite de trois jeunes gens en pleine santé stupéfie les habitants de Gérone. Ils sont morts dans des circonstances identiques, mystérieuses. Rapidement, le bruit court, la rumeur s’amplifie : c’est l’œuvre de sorciers. Des regards soupçonneux se tournent vers Isaac et sa fille Raquel. Quand les choses vont mal, les habitants du quartier juif sont les premiers boucs émissaires. Dans la populace, des appels au lynchage se font entendre, les esprits s’échauffent dangereusement. C’est pourquoi Isaac, aidé par Raquel et par Yusuf, s’empresse de mener son enquête pour prouver que, derrière l’apparente maladie diabolique qui a emporté les trois hommes, se cache en fait un manipulateur implacable qui les a empoisonnés. Rien de magique ou de sorcier, mais un esprit retors qui a abusé de la crédulité de ses victimes.

Plus intéressant que le premier, ce récit a déjà plus l’allure d’une véritable enquête criminelle, alors que l’auteur en profite pour approfondir et fignoler ses personnages. De plus, elle ajoute de nombreux détails de la vie quotidienne de l’époque, nous donnant ainsi un tableau haut en couleur de l’Espagne du XIVe siècle.

Antidote à l’avarice
Paris, 10/18 (Grands détectives), 2002, 318 pages.
Éd. or. : An Antidote for Avarice, 1999.
Ce troisième roman de la série est un des plus complexes, car l’essentiel de l’intrigue repose sur les problèmes politiques de l’époque – le printemps de l’an 1354 –, que l’auteur expose dans une note historique illustrée par une carte. En ce temps-là, le pape vivait à Avignon (les troubles politiques l’avaient chassé de Rome), le roi d’Aragon se préparait à entrer en guerre contre la Sardaigne et l’archevêque de Tarragone convoquait ses évêques à un conseil général afin d’examiner la situation. Berenguer, évêque de Gérone, décide faire le voyage, mais demande à son médecin de l’accompagner. C’est toute une expédition qui se met en branle non sans mal, et Isaac voyage accompagné par sa famille et l’incontournable Yusuf. Le récit prend des allures de roman picaresque, avec messages secrets, chevauchées, morts mystérieuses, menaces, attaques de spadassins, passions amoureuses, etc.

Antidote à l’avarice est avant tout un roman historique, car il ne reste pas grand-chose de « l’énigme policière » proprement dite, noyée dans une foule de considérations politico-religieuses et une intrigue qui compte plus d’une trentaine de personnages. L’action débute à Gérone, puis se transporte à Barcelone, à Avignon et à Tarragone. Ce roman a obtenu le Barry Award du meilleur livre policier en 1999, un prix décerné par les éditeurs américains de la revue Deadly Pleasure.

Consolation pour un pécheur
Paris, 10/18 (Grands détectives), 2002, 309 pages.
Éd. or. : Solace for a Sinner, 2000.
Avec ce quatrième roman, un des plus achevés de la série, Caroline Roe montre une maîtrise parfaite du genre et l’enquête criminelle revient au premier plan. De plus, dans ce récit, elle aborde un thème toujours fascinant, inépuisable, celui du Graal. L’histoire commence avec l’arrivée à Gérone, en mai 1354, d’un étranger qui prétend détenir la très Sainte Relique. Il est décidé à la vendre au plus offrant. Il approche plusieurs notables de la place pour faire monter les enchères. Quand l’un d’entre eux, un marchand fortuné, est sauvagement assassiné et dépouillé d’une forte somme d’argent, un vent de paranoïa balaie la ville et tout le monde se met à soupçonner tout le monde. Les méchantes langues vont bon train. Encore une fois, les rumeurs les plus folles se mettent à courir et l’évêque a fort à faire pour rétablir l’ordre dans une ville qui semble avoir perdu la tête. Il charge Isaac, qui soigne la veuve du marchand assassiné, d’enquêter sur cette affaire très délicate. Quand un second meurtre survient, les choses empirent, d’autant plus qu’Isaac s’est mis dans une position délicate. Le meurtrier a décidé de s’en prendre à sa famille, ce qui met une touche de suspense dans une série qui en était jusque-là singulièrement dépourvue.

Potion pour une veuve
Paris, 10/18 (Grands détectives), 2002, 350 pages.
Éd. or. : A Potion for a Widow, 2001.
Yusuf, dont on suit l’évolution et l’éducation tout au long de la série, est pupille du roi d’Aragon. Voilà qu’un personnage médisant cherche à lui nuire. Pour sa protection, Isaac et l’évêque Berenguer décident alors de l’envoyer en Sardaigne rejoindre le roi. Mais ce dernier doit faire face à de violents soulèvements. Yusuf part en compagnie d’une troupe armée dirigée par Olivier de Centelles. Au cours de leur voyage, ils rencontrent une jeune femme de bonne famille qui recherche les membres de sa famille. Au moment où Yusuf s’apprête à embarquer pour la Sardaigne, Isaac et Raquel tombent sur un homme gravement blessé qui finit par succomber. Pour Isaac, il ne fait pas de doute, il a été assassiné. Il va tenter de découvrir par qui et pourquoi il a été tué. Sa quête va le mener à la troupe d’Olivier. Malgré l’éloignement, Isaac viendra au secours de son disciple Yusuf qui est en difficulté, pour tirer toute cette affaire au clair.

Dans cette histoire, Isaac n’a pas vraiment le rôle principal, alors que Yusuf prend de plus en plus de place et d’assurance. Autre personnage fort : Olivier de Centelles, un officier royal chargé de la sécurité sur la frontière Aragon-Castille. Sévère avec ses hommes, mais juste, il sait faire preuve de compassion. Personnage nuancé, courageux et attachant, il joue un rôle important dans cet épisode aussi complexe que les précédents.

Vengeance pour un mort
Paris, 10/18 (Grands détectives), 2003, 348 pages.
Éd. or. : A Draught for a Dead Man, 2002.
Cette fois l’action se transporte à Perpignan et s’inspire encore une fois d’événements réels qui se sont passés en 1354. À cette époque, le roi et la reine menaient une guerre en Sardaigne. Perpignan demeurait le carrefour des affaires et du commerce. Cette année-là, un syndicat réunit l’argent nécessaire à l’affrètement d’un navire, La Santa Maria Nunciada, qui partit pour l’est de la Méditerranée avec une cargaison de marchandises de haute qualité fabriquées en Rousillon. Cet événement est le point de départ de l’intrigue. Don Arnau Marca est à la tête du puissant groupe d’investisseurs. Quand il refuse de vendre des armes aux ennemis d’Aragon, ses acolytes s’arrangent pour le faire passer pour un traître. Il est arrêté mais réussit à s’enfuir, non sans être blessé au cours de l’évasion. Il est pris en charge par Jacob Bonjuhes, qui habite dans le quartier juif. Isaac, qui est de passage et réside chez son ami Jacob, prend soin du blessé et va tenter de prouver que l’homme a été manipulé, victime de la cupidité de ses associés, des hommes prêts à tout, même au meurtre, pour arriver à leurs sinistres fins.

Une longue note historique, ainsi qu’un plan de la ville de Perpignan, plus une note finale, encadrent le récit qui, comme les autres, trouve son origine dans des faits historiques avérés. Ainsi, Jabo Bonjuhes, le médecin juif de Perpignan, fut élu au conseil du Call en 1357. En 1371, il fut nommé médecin auprès de la maison du roi à Perpignan.

A Poultice for a Healer
New York, Berkley Books, 2003, 320 pages.
En cette année 1354, décidément riche en événements dramatiques, l’évêque tombe gravement malade. Un herboriste veut le voir à tout prix pour le prévenir d’un grave danger, mais il meurt empoisonné avant d’avoir pu révéler la nature de la menace contre l’évêque. Pendant ce temps, deux jeunes gens se disputent un héritage et, alors que l’un d’eux disparaît pendant une attaque de pirates, l’autre, un herboriste, ouvre un cabinet de soins. Mais deux de ses patients meurent empoisonnés dans des circonstances bizarres et la foule réclame justice. Isaac est persuadé de l’innocence du jeune homme et croit même que toute cette affaire est liée à celle de l’herboriste assassiné plus tôt. Isaac interroge les témoins, mène une enquête minutieuse afin de mettre à jour les tenants et les aboutissants de cette histoire.

Encore une fois, Caroline Roe met à profit ses connaissances de médiéviste pour, entre autres, dépeindre les relations plutôt harmonieuses entre Chrétiens et Juifs à cette époque, même si l’antisémitisme pouvait être fréquent et mortel. Encore inédit en français, ce septième roman ne devrait pas tarder à être traduit.

Consolation for an Exile
New York, Berkley Books, 320 pages.
Huitième épisode annoncé pour novembre 2004.

Isaac de Gérone, un héros particulier…

L’évêque de Gérone, Berenguer de Cruilles, a bel et bien existé. Plusieurs documents attestent de ses relations amicales avec la communauté juive. Le personnage d’Isaac, lui non plus, n’est pas entièrement fictif. Caroline Roe nous explique qu’un demi-siècle plus tôt, Isaac l’Aveugle, philosophe mystique et cabaliste, était révéré pour son savoir et son étonnante capacité à « voir » la maladie et l’approche de la mort. Ses disciples diffusèrent son enseignement philosophique et religieux notamment à Gérone. Isaac l’Aveugle aurait donc pu avoir un descendant arrivé jeune dans cette ville et… devenir un personnage de roman.

Isaac de Gérone est un homme imposant, âgé d’une quarantaine d’années. Comment peut-il à la fois être médecin et mener des enquêtes criminelles tout en étant aveugle ? C’est cette question qui a excité ma curiosité et m’a incité à me lancer dans la lecture de cette série. Je ne suis pas particulièrement un fan du roman policier historique pour la simple et bonne raison que je ne fréquente guère le roman historique en général et que, trop souvent, les auteurs sont plus historiens qu’écrivains de polars. Mais par ailleurs, comme j’avais lu quelques polars plutôt réussis de Medora Sale, j’avais moins de réticences à me plonger dans les aventures d’Isaac. Or donc, comment peut-on trouver des indices quand on est aveugle ? En fait, que ce soit pour soigner quelqu’un ou pour enquêter sur un crime, Isaac a besoin qu’on lui vienne en aide. Il ne peut travailler seul. Sa fille Raquel examine les patients, décrit leur état, les symptômes, la couleur de leur peau, la nature des blessures physiques, alors que Yusuf promène Isaac à travers les méandres de la ville, le protège à l’occasion et espionne pour lui. Isaac fait le travail de synthèse, de réflexion qui l’amènera à identifier le coupable. Rien de trépidant, cependant… On n’est pas dans le thriller, il n’y a guère de véritable suspense.

À une ou deux exceptions près, ces romans sont autant, sinon plus, des récits d’aventures, de cape et d’épée, que des polars. On se bat à l’arme blanche, en duel, il y a des poursuites à cheval, des traîtres, des complots, des tavernes, des intrigues amoureuses… Évidemment, il n’y a rien de « canadien » non plus dans ces histoires se déroulant au cœur de l’Espagne médiévale.

Au fur et à mesure que l’on progresse dans la série, on s’attache aux personnages, à Judith, la belle compagne d’Isaac, une maîtresse femme qui mène sa barque avec autorité et compétence, la jeune et belle Raquel, fière, déterminée, vive et intelligente, le jeune Yusuf, courageux, vif, intelligent, et quelques autres dont le colérique, souvent geignard mais néanmoins sympathique évêque Berenguer, qui ne saurait se passer d’Isaac. Les deux entretiennent une relation faite d’amitié, de confiance et d’estime réciproque, ce qui se concrétise par des parties d’échec mémorables.

Chacun de ces romans exige une lecture attentive, car les personnages sont nombreux ainsi que les détails de la vie quotidienne. C’est aussi ce qui fait le charme de cette série. Chaque épisode est un voyage dans le temps, une plongée au sein d’un monde exotique qui nous paraît loin d’un point de vue géographique et temporel, et pourtant tellement proche par l’humanité des personnages. L’amour ou la haine, la pitié ou la vengeance, la cupidité, la luxure, la jalousie ou la compassion sont aussi les moteurs de ces fantômes du passé auxquels Caroline Roe a su donner une seconde vie.

Comme le dit Michèle Witta, dans les Crimes de l’année (n. 13, p. 118) : « La Canadienne Caroline Roe nous restitue avec bonheur l’ambiance du royaume d’Aragon où, malgré la tolérance du souverain, les luttes intestines entre Aragonais et Castillans conduisaient souvent les partisans des deux camps à la trahison et au massacre. Cependant, loin des combats des seigneurs, le peuple vivait dans une paix bien établie, troublée seulement par les intrigues domestiques. » J’ajouterai à cela que cette quiétude était troublée aussi par quelques meurtres, domestiques ou pas, car ne l’oublions pas, c’est de romans policiers qu’il s’agit ici.

Annexe

La série John Sanders/Harriet Jeffries, de Medora Sale
Cette série, encore inédite en français, a reçu un accueil critique mitigé. Paradoxalement, ce sont les trois premiers (que j’ai lus) qui ont le plus séduit les critiques, les choses se gâtant par la suite.

Murder on the Run
Toronto, PaperJacks, 1986.
Un tueur en série s’attaque à des joggeuses dans des parcs et des ravins isolés de Toronto. Cette première enquête périlleuse de l’inspecteur John Sanders le mènera dans le monde interlope des trafiquants de drogue et de la corruption policière.
Harriet Jeffries n’apparaît pas dans ce premier roman.

Murder in Focus
New York, Scribner’s, 1989.
John Sanders se rend à Ottawa pour participer à un séminaire sur l’antiterrorisme. Il est mêlé bien malgré à une affaire de meurtre qui se complique encore davantage quand il rencontre Harriet Jeffries, une belle photographe qui a eu la mauvaise idée de photographier deux types dangereux se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment. Commence alors, une liaison tumultueuse qui donne du piquant à l’action.

Murder in a Good Cause
Toronto, Viking/Penguin, New York, Scribner’s, 1990.
À Toronto, une enquête de routine sur la mort d’une riche actrice entraîne John Sanders sur les traces d’un groupe terroriste. Sa tâche n’est pas facilitée, car la belle Harriet Jeffries est de la partie. Il se trouve qu’elle l’attire autant qu’elle l’irrite !

Sleep of the Innocent
Toronto, Viking/Penguin, New York, Scribner’s, 1991.
Le sergent Rob Lucas tente désespérément de protéger son témoin-clé dans une affaire de meurtre. Sa propre vie est en danger. John Sanders intervient et Harriet, la jolie peste, n’est jamais bien loin !

Pursued by Shadows
New York, Scribner’s, Toronto, Maxwell Macmillan, 1992.
À Toronto, John Sanders et Harrier Jeffries sont les principaux suspects dans le meurtre du peintre Guy Beaumont, l’ex-amant de Jeffries, retrouvé mort dans l’appartement de la belle photographe.

Short Cut to Santa Fe
New York, Scribner’s, Toronto, Maxwell Macmillan, 1994.
John Sanders et Harriet Jeffries s’offrent des vacances romantiques à Taos, au Nouveau Mexique. Mais leur bonheur sera de courte durée, car ils sont très vite plongés dans un cauchemar meurtrier.
Ce dernier roman de la série a eu des critiques plutôt négatives. Peut-être était-il temps, après tout, de passer à autre chose…

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Bio de Norbert Spehner

Né en France en 1943, Longueuillois depuis 1968, il a été professeur au cégep Édouard-Montpetit jusqu’à sa retraite toute récente. Fondateur de la revue Solaris (née Requiem) en 1974, il a écrit plusieurs ouvrages bibliographiques sur la SF, le fantastique, les tueurs en série, etc. Son dernier en date, Le Roman policier en Amérique française (Alire, 2000) lui a mérité le plus important prix canadien de polar en 2001, le Arthur-Ellis, volet francophone.

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