Il ne suffit pas d’avoir porté un uniforme de policier pour être un auteur de polars épatants. Il faut aussi savoir tendre les ficelles d’une histoire qui saura tenir en haleine ses lecteurs et posséder un certain talent littéraire. Voici cinq auteurs qui l’ont bien compris.
Photo : © Versilio

Danielle Thiéry
Danielle Thiéry a eu une carrière foisonnante, travaillant notamment comme inspectrice de police, chef de la brigade des stupéfiants à Lyon et directrice de la sûreté pour des entreprises comme Air France ou La Poste, en plus d’être devenue la première femme, en France, à accéder au grade de commissaire divisionnaire. Depuis 1990, elle a signé près d’une trentaine d’ouvrages, dont le très primé Des clous dans le cœur (prix Quai des Orfèvres, prix polar à Cognac et prix Exbrayat). Dans son plus récent thriller, Mourir ne suffit pas, coécrit avec Marc Welinski aux éditions Anne Carrière, elle aborde la relation entre une psychologue également animatrice radio qui reçoit l’appel d’une femme prise au cœur d’une prise d’otages dans un restaurant chic. Peut-être, sur ce coup-là, Danielle Thiéry a-t-elle puisé son inspiration dans la prise d’otages, au démantèlement de laquelle elle a assisté, lors de l’événement terroriste du vol Air France 8969 en 1994?

 

Photo : © Bruno Chabert

Olivier Norek
Lieutenant de police à la section Enquête et Recherche de Seine-Saint-Denis durant dix-huit ans, missionnaire humanitaire et auteur de six livres, dont Surtensions et Code 93 qui ont reçu des prix, Olivier Norek cerne parfaitement ce qui fait d’un bon thriller un ouvrage qu’on ne lâche pas. Dans son plus récent roman, Impact (Michel Lafon), il met en scène un homme dont la fille est mort-née en raison de la pollution. Dès lors, il entre en guerre contre l’humanité afin de démontrer à quel point les changements climatiques, dus à la pollution des humains, sont nuisibles. La menace est réelle et, pour se faire entendre, il est prêt à prendre les armes et à faire couler le sang. Mais quel impact un homme seul peut-il avoir sur l’urgence climatique? Pour les amateurs de cold case et pour retrouver l’expérience de Norek en tant que policier, vous pourrez aussi tourner les pages de Surface, où un corps disparu depuis vingt-cinq ans remonte à la surface d’un lac d’Aveyron, là où une capitaine des stups de Paris vient d’être envoyée. Et pour les enfants, Norek signe Le lapin shérif, qui aborde la question de la confiance en soi avec un joli clin d’œil aux forces de l’ordre!

 

Daniel Touchette
Voilà un homme qui mène son récit tambour battant dans Léa (L’Apothéose), nous entraînant aux côtés d’une jeune policière dévouée patrouillant le centre-ville de Montréal, d’un sergent-détective d’expérience devenu alcoolique et attendant sa retraite avec impatience, et d’un ado à bout d’être le souffre-douleur de son école secondaire. C’est la Léa du titre qui reliera ces trois personnages entre eux. Les lecteurs apprécieront notamment dans ce roman — et sa suite, Ulla — sentir que l’auteur, Daniel Touchette, est à la fois un grand lecteur de ce genre, mais aussi un homme d’expérience sur le terrain. Il a en effet travaillé durant une trentaine d’années au Service de police de la Ville de Montréal, notamment comme sergent-détective, commandant d’un district et directeur adjoint.

 

Photo : © Alexandre Isard

Christophe Molmy
Adolescent, Christophe Molmy était fasciné par les polars et en dévorait à la tonne. Maintenant ancien chef de la Brigade antigang de Paris (il y était en 2015, nous y reviendrons) et aujourd’hui promu à la Brigade de protection des mineurs, il a la particularité d’être tout en nuances, dans la vie comme dans ses polars. Il n’y a pas seulement de mauvais méchants et de bons gentils, et il joue justement sur ce mince fil entre ce qui peut séparer l’un de l’autre au cœur de ses personnages. Son plus récent ouvrage est davantage un roman noir qu’un roman d’enquête : avec La fosse aux âmes, il quitte effectivement les histoires de bandits (on vous conseille Les loups blessés et Après le jour) pour plutôt revenir sur les attentats au Bataclan, en 2015, explorant ce qui délimite la folie de la résilience, la déchéance de l’espoir.

 

Photo : © Paolo Bevilacqua

Pierre Pouchairet
Un véritable passionné de son métier : voilà Pierre Pouchairet, qui a travaillé pour les services de Police judiciaire de Versailles, mais aussi pour ceux de Nice, de Lyon et de Grenoble, où il fut d’ailleurs nommé commandant, chef de la section criminelle. Mais son boulot l’amènera au-delà de la France : en 1998, il s’occupera des stups à Beyrouth; en 2001, à Ankara; en 2006, il travaillera pour la sécurité intérieure en Afghanistan; et en 2010, au Kazakhstan. Son œuvre romanesque foisonnante fait justement écho à cette pléthore d’expériences. S’il amorce l’écriture par un essai (Des flics français à Kaboul, La boîte à Pandore), il s’intéressera ensuite aux thrillers dont les enquêtes tiennent les lecteurs en haleine. Son dernier roman paru est La consule assassinée (Filature[s]), où l’on suit l’enquête de l’équipe du Quai d’Orsay, dépêchée en ex-République soviétique où la consule de France a été retrouvée morte dans son bureau. Notez qu’en 2018, il signait avec Yves Saint-Martin, également ancien commandant de police, Mort en eaux grises, un polar qui se déroule à Paris et dont les droits d’auteur ont été intégralement versés à un orphelinat qui a pour vocation d’accompagner les familles de policiers endeuillées et de soutenir leurs orphelins.

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