La littérature jeunesse québécoise est totalement foisonnante et excitante cette saison : des nouveautés en grand nombre et de tous genres, plusieurs albums faisant place à la diversité culturelle et sexuelle, des illustrations osant de plus en plus et des sujets comblant toutes les préoccupations. Impossible de parler en détail de tous les livres de qualité annoncés d’ici à la mi-octobre : n’oubliez donc pas d’aller passer un après-midi dans le rayon jeunesse de votre libraire favori!

À surveiller

Élénor
Odette Barberousse (Monsieur Ed)
Dans cet album entièrement dessiné à la main aux crayons de couleur et de plomb, on plonge dans un univers onirique avec Élénor, qui n’aime pas dormir. Du moins, c’est le cas jusqu’à ce qu’elle fasse la rencontre de cet étrange Machin qui sent le caramel au beurre salé et qui l’entraîne dans un monde fabuleux : celui des rêves, où tout est aussi possible que décousu, où tout est aussi formidable qu’étrange. Les couleurs y sont dansantes, les situations cocasses et l’histoire bien menée. Un chouette livre pour convaincre les enfants que dormir peut aussi être un moment rempli d’aventures! Dès 4 ans

Voyages autour de mon cœur
Gilles Tibo et Geneviève Desprès (La Bagnole)
Véritable hymne à l’imagination, autant de la part de l’illustratrice que de l’auteur, cet ouvrage est un réel bijou qui fait voyager le lecteur dans les contrées lointaines de l’impossible, de l’imaginaire et du merveilleux. Chaque page nous entraîne dans un monde totalement différent du précédent, chaque mot et chaque dessin se renouvelant constamment. Au fil des textes poétiques et des illustrations sans faille, on découvre un village de valises, un ours en bateau, un lait-étoilé, une maison qui se déplace… De quoi faire rêver! Dès 4 ans

Le poil de Baribal (avec CD)
Renée Robitaille et Olesya Shchukina (Planète rebelle)
Une femme tombe bouche à bouche avec un homme. Bien décidée à avoir un bébé avec lui, elle lui en fait mention. Mais voilà que le beau s’endort… La femme se tourne donc vers la sorcière, qui lui explique qu’elle doit dénicher « un poil d’oreille de l’ours noir grimpant et grouillant » afin d’arriver à ses fins. La voilà donc dans une aventure pleine de rebondissements qui la mènera à une conclusion fort simple. Un ouvrage d’une grande fraîcheur, en décalage avec la production littéraire jeunesse habituelle et qui, oh joie!, vient avec un CD où conte et musique s’amalgament à la perfection. Dès 5 ans

Les 1000 enfants veulent un animal de compagnie
Valérie Fontaine et Yves Dumont (Québec Amérique)
Les 1 000 enfants de la famille Chose, qui sont en fait maintenant 1 002, veulent un animal de compagnie. Leur père revient alors avec une tortue. Mais que peuvent faire 1 002 enfants avec une seule tortue? Bien vite, la ménagerie aura autant d’animaux qu’il y a d’enfants dans la maison, et il faudra beaucoup de créativité pour gérer toute la pagaille engendrée! Les illustrations permettent de se plonger dans le quotidien de cette famille rocambolesque avec beaucoup d’humour et sauront assurément plaire aux jeunes, notamment avec l’ingénieuse machine qui permet de récolter les besoins de tous ces animaux de compagnie! Dès 3 ans

Dis-moi pourquoi on pleure
Fran Pintadera et Ana Sender (La courte échelle)
Dans cet album d’une grande tendresse, le duo décortique de façon poétique la raison d’être des larmes, alors qu’une mère explique à son enfant les différentes raisons possibles pour pleurer : de colère, de tristesse, de solitude, de difficulté… Rien n’est dit froidement et tout coule — notamment grâce aux illustrations qui évoquent ce bouillon émotif, ces larmes protéiformes, ces raisons imagées — de façon à nous faire saisir l’ampleur des émotions qui peuvent créer ces larmes, ce langage infini. Un album magnifique que les adultes chériront également… Dès 4 ans

Premier rendez-vous : Le pire meilleur ami
Alexandra Larochelle et Louis Patalano (Éditions Michel Quintin)
Dans ce roman écrit à quatre mains par les scénaristes de la série télévisée L’agent Jean (ce livre n’a rien à voir avec cette série, par contre!), on retrouve une juste dose d’humour et toute la force des émois adolescents qui rendent les romans aussi palpitants que chavirants. En annonçant à Azalée qu’il accompagnerait son nouveau chum plutôt qu’elle à la danse du solstice, Théo l’a rendue furieuse. Pour se faire pardonner, il décide de lui donner un coup de main pour qu’elle rencontre un nouveau cavalier… mais c’était sans savoir qu’elle avait peur d’embrasser un garçon pour la première fois! Dès 13 ans

 

Panique à la mi-temps
Mika (Bayard Canada)
Au village Lac-à-la-truite-arc-en-ciel, deux sujets sont sur toutes les lèvres : le football et l’environnement. Ainsi, au moment où les villageois apprennent que l’école secondaire sera démolie pour qu’on y érige un écocentre révolutionnaire, deux clans se forment : les pour et les contre. Le lecteur suivra le périple du quart-arrière de l’équipe de football qui se verra investi de la mission de sauver son équipe dans ce roman plein de péripéties et dont, doit-on le rappeler pour cette collection, la graphie du texte permet au lecteur de rester captif. Dès 9 ans

 

Les avenues
Jean-François Sénéchal (Leméac)
Voici le roman qui clôt la trilogie mettant en scène Chris, jeune déficient intellectuel. Il a maintenant son permis de conduire, est devenu papa, avec tous les défis que cela implique, et s’en sort assez bien. Il écrit à sa mère, dont il a appris qu’elle vivait à Vancouver, afin de l’inviter à lui rendre visite — chose qu’elle fera, mais tout tournera au désastre, laissant un tourbillon d’émotions au fond du ventre de Chris. Oui, les sentiments liés à l’acceptation de la différence peuvent être complexes, et Sénéchal les dissèque avec le brio qu’on lui connaît. Dès 13 ans

 

 

Lucy Wolvérène (t. 1) : Les cristaux d’Orléans
Sandra Dussault (Québec Amérique)
On plonge dans un récit historique empreint de fantastique avec Sandra Dussault dans Les cristaux d’Orléans, premier tome d’une nouvelle série. Lucy Wolvérène a 17 ans en 1907. Elle doit voler pour se nourrir, et elle ne concède aucune estime aux autorités en place ni aux hommes-corbeaux qui sillonnent la ville la nuit. Un jour, l’occasion se présente pour elle de perpétrer le coup du siècle… Aventures garanties! Dès 14 ans

 

 

Marcher sur une ligne de trottoir, ça jamais!
Émilie Rivard (FouLire)
Valériane est incapable de marcher sur une craque de trottoir : jamais encore, de toute sa vie, elle ne l’a fait! Lorsqu’elle l’avoue à sa nouvelle amie, cette dernière l’invite à rencontrer le club des superstitieux. Ensemble, ils décideront qu’il est temps qu’ils fassent preuve de courage… Sous l’écriture toujours aussi dynamique et drôle d’Émilie Rivard, on plonge dans un roman qui donne le sourire à chaque page et dont l’inventivité est notable! Dès 8 ans

 

Impossible
Catarina Sobral (Les 400 coups)
Voilà un documentaire qui n’en est pas tout à fait un et qui se démarquera par le ludisme et les couleurs de ses illustrations, lesquelles sont parfois drôles, parfois poétiques. Il y est question de l’origine de l’univers, de la naissance des étoiles, des planètes et des plantes. On répond à la question « Qu’est-ce que le big bang? » et à bien d’autres encore. Un ouvrage épatant qui nous prouve qu’en fait… rien n’est impossible! Dès 6 ans

 

La planète dont tu es le superz’héros
Florence-Léa Siry (ill. Sans cravate) (Petit Homme)
D’une pertinence immense et avec une approche tout à fait à propos pour les jeunes, voici l’ouvrage qu’il faut mettre entre les mains de la nouvelle génération afin de l’aider à préserver sa planète pour son futur. Florence-Léa Siry y parle de gaspillage alimentaire — bien entendu, puisqu’il s’agit de sa spécialité —, mais elle va bien au-delà de cela pour proposer différentes astuces et créations possibles afin de réduire ses déchets quotidiens. Elle y explique aussi en détail tous les enjeux actuels, décortiquant le vocabulaire associé. Les initiatives sont simples et font place à un DIY créatif et stimulant. Ce livre est vraiment génial! Dès 8 ans

 

Sucré, salé, poivré et compagnie
Jacques Pasquet et Claire Anghinolfi (Isatis)
Quel beau documentaire, complet et ludique, que voici! Les enfants seront épatés d’apprendre d’où proviennent ces aliments qui parsèment leur table à manger quotidienne, de la vanille à la moutarde, en passant par la cannelle, le sel et bien d’autres saveurs qui donnent goût aux plats! Les illustrations y sont très claires et les textes expliquent à la fois l’origine, les particularités et les usages — d’ici comme d’ailleurs dans le monde — de ces épices aussi communes que fascinantes! Dès 9 ans

 

Les oizofilos : Pause philo
Karine Gottot et Mathieu Lampron (Bayard Canada)
Se tromper est-il grave? Qu’est-ce que le respect? Le sens des mots peut-il nous mélanger? Voilà le genre de questions auxquelles la drôle de bande d’oiseaux créée par Karine Gottot et Mathieu Lampron nous convie dans Les oizofilos : Pause philo. Le livre regroupe dix histoires parues dans Les explorateurs, accompagnées d’information pour approfondir la réflexion. Dès 6 ans

 

Quatre filles intrépides
Emmanuelle Bergeron et Caroline Merola (Soulières éditeur)
Les ouvrages qui présentent la biographie de femmes aux qualités notoires ont la cote. Soulières éditeur poursuit sa lancée (entamée bien avant la vague populaire, osons le dire!), mettant cette fois de l’avant l’intrépidité d’Émilie Fortin-Tremblay qui participa à la ruée vers l’or, d’Ines Mexia qui fut une botaniste prolifique, de la journaliste Nellie Bly qui fit notamment le tour du monde en 72 jours et d’Alexandra David-Néel qui s’intéressa profondément au bouddhisme. Oui, elles méritent qu’on s’attarde à leurs exploits! Dès 8 ans

 

De très courts romans
Dans Alessandro Le Petit (Québec Amérique), Danielle Chaperon a imaginé un royaume où plus les gens sont petits, plus ils sont choyés socialement. Incidemment, le roi est le plus rabougri d’entre tous. Lorsqu’il vient aux oreilles de celui-ci qu’un bébé est né assez petit pour tenir dans la paume d’une main, voilà que l’ordre établi ne convient plus… Un conte humoristique dont les illustrations, nombreuses, de Camille Pomerlo sont à ravir! Dans le très court roman Grandir!, signé par Gille Tibo et illustré par Janou-Eve LeGuerrier (Québec Amérique), l’auteur explore quant à lui les réflexions d’un garçon qui, réalisant qu’il grandit rapidement, cherche ce qu’il souhaite faire plus tard. Du même auteur et cette fois chez Soulières éditeur, Ça ira mieux demain, illustré par Oussama Mezher, est aussi un court roman pour les 8 ans et plus qui met en scène une petite dont les parents se séparent : comment peut-on gérer sa peine, son ennui, sa colère?

Albums d’exception
Ils sont nombreux, ces albums à nous épater! Dans Derrière le frigo (La Pastèque), on croise une petite fille qui déménage. Arrivés dans leur nouvelle demeure, son père et elle entendent sans cesse un étrange bruit émaner du frigo… Si les prémices semblent simples, c’est le don de conteur de François Turcot (qu’on connaît comme poète chez La Peuplade) et les illustrations du Belge Christophe Jacques qui prennent le haut de cette trépidante aventure où suspense et ludisme sont au rendez-vous. Les illustrations de Mathilde Cinq-Mars attirent notre regard sur l’album Le grand secret de Clarence, de Christine et Roy McGregor chez Scholastic, ces dernières dessinant l’histoire de Clarence qui, à presque 100 ans, ne sait pas lire et en garde le secret. À la mort de sa femme, il décidera de surmonter le défi de la lecture. Impossible de ne pas le nommer, même si sa parution est prévue pour novembre au Québec : Lucky Joey, le nouvel opus signé Carl Norac et Stéphane Poulin (Pastel), mettant en scène un écureuil laveur de vitres dans Central Park qui, en plus d’adorer son métier, est amoureux. Autre album aux illustrations magnifiques à souligner : Les trois frères de Marie-Louise Gay (Dominique et compagnie), où trois garçons partent à l’aventure au milieu de la nature et de l’hiver tout blanc. Une expédition qui culmine par des animaux créés de neige pour leur — et notre — plus grand plaisir!

Evelyne Fournier et Anne-Marie Bourgeois se sont associées pour créer un ouvrage qui fera sourire plusieurs parents : Paul-Absent, chez Québec Amérique. Alors que Paul est parti chez son grand-père pour toute une journée et toute une nuit, chez lui, ses parents entendent les mouches voler… Mais que font donc les parents lorsque leur petit loup est absent? Voilà un album tendre comme tout, où on apprend que, parfois, les grands s’ennuient plus que les petits!

Finalement, Jacqueline Woodson, récompensée en 2020 par le prestigieux prix Andersen, offre un récit sur les impacts de la gentillesse. Dans Un petit geste (D’eux), une petite fille choisit de ne pas accueillir la nouvelle venue de son école, jugeant avec ses camarades son linge usé, ses jeux désuets. Mais un jour, leur professeur leur explique que la gentillesse est comme une pierre lancée dans l’eau : elle fait des vagues à la surface et a un impact positif. Sous des illustrations en photoréalisme qui mettent de l’avant des enfants issus de différentes communautés ethniques, cette histoire montre que, parfois, la seconde chance n’existe pas… De quoi nous faire agir dès maintenant!

À lire aussi
Lola sur le rivage, Teresa Arroyo Corcobado (Monsieur Ed)

D’auteures adulte à jeunesse
Deux auteures reconnues pour leurs romans pour adultes se lancent cette saison dans le secteur jeunesse. Amélie Dubois (à qui on doit Ce qui se passe à Cuba reste à Cuba) publie Mali et la tortue toute nue, chez Les Éditeurs réunis. C’est l’histoire d’une tortue dont la carapace a été emportée par une vague. La petite Mali décidera de l’aider, et les amies ratisseront ainsi les fonds marins, croisant un homard bleu, un poisson-globe tatoué, un piranha végétarien et bien d’autres habitants marins farfelus! Ensuite, tournons-nous vers Dominique Fortier, qui publie, accompagnée de sa fille, Violette et Fenouil, aux éditions de La Bagnole. L’histoire est celle d’une grenouille transformée en vache. Par chance, sa meilleure amie est une princesse dégourdie qui fera tout pour lui redonner sa forme d’origine. C’est Zoé Lalonde, 5 ans, qui a imaginé cette histoire ensuite mise en mots par sa mère et illustrée par Amélie Dubois (une autre, pas celle du précédent ouvrage mentionné!). On appréciera particulièrement de ce texte que la sorcière s’éloigne des stéréotypes et que la petite héroïne soit d’une débrouillardise exemplaire. Oh! Et parlant d’Amélie Dubois, notez qu’elle illustre également l’album La porte de garage (Druide), texte d’Alain M. Bergeron qui retrace la jeunesse du hockeyeur Phillip Danault, dont la légende dit qu’à force d’entraînements, il laissait des traces de rondelle sur la porte de garage de sa maison. Ce qui fera sourire le lecteur est assurément l’astuce que développeront alors ses parents!

À lire aussi
Capitaine Boudu et les enfants de la Cédille, Éric Mathieu (L’Interligne)

Bien pris celui qui croyait prendre
La forêt (La courte échelle), de Rob Hodgson, raconte l’histoire de trois renards qui cherchent des lapins pour s’en faire un festin. L’enfant suivra leurs recherches et leurs péripéties avec beaucoup d’entrain, car dans les images se cachent bien des détails inconnus des renards… Oh, et qui a dit que ce n’était finalement qu’une histoire de renards affamés!? Autre album à l’histoire bien tournée : Le lion et le singe, de Frank Sylvestre et Elise Kasztelan, chez Planète rebelle. Grâce aux dons de conteur de Sylvestre, l’histoire d’un lion tombé dans un trou, et demandant de l’aide à un singe, saura captiver le jeune lecteur — et le plus grand! Avec des couleurs aussi vives que le texte, cet album pose une bien grande question : est-ce qu’une bonne action apporte une bonne action? Toujours du côté de Planète rebelle, la conteuse Isabel dos Santos revisite un vieux conte qui lui était raconté par sa grand-mère sous le titre La soupe au caillou frais du jour. Alors qu’un étranger arrive dans un village, tous se braquent et ne lui offrent pas la possibilité de s’alimenter. Mais voilà, le voyageur est fort intelligent et il sera bien rusé en évoquant cette soupe au caillou qu’il s’apprête à cuisiner. Tous les villageois, pour ne pas perdre la face en ne connaissant pas la recette, lui apporteront ce qu’il lui manque jusqu’à ce que, tous réunis autour d’une bonne soupe chaude, ils découvrent que l’altérité n’est pas toujours source de peur! Dessiné par Virginie Bergeret aux crayons de bois dont les rouges, les jaunes et les bleus éclatent sur le papier, ce conte a de quoi franchir les décennies pour se raconter encore et encore…

Place à l’originalité
Le mignon Bob le bobo, de Mélina Schoenborn et Sandra Dumais (La courte échelle), raconte quant à lui l’originale aventure d’un très gentil et courtois bobo qui cherche une place où se poser. Une histoire parfaite pour dédramatiser les égratignures et les nombreuses poques que collectionnent les enfants!

Toujours dans le très original, on se tourne du côté de La course aux cacahuètes, de Nadine Robert et Charles Dutertre, chez Comme des géants; la course, qui donne son nom au titre, a ceci de particulier que les participants doivent avaler avant la ligne d’arrivée trois cacahuètes dont l’effet magique dure cinq secondes : l’une permet de faire un bond de géant, l’autre fait pousser des ailes et la troisième engourdit les jambes. Qui gagnera le pudding à la rhubarbe en jeu? Il faudra suivre la course pour le savoir… Dans une narration très vivante et aux tournures aussi agréables que rarement présentes en littérature jeunesse, le lecteur de Dans le ventre du loup (Thomas Scotto et Carmen Mok, D’eux) suivra une petite fille qui se fait avaler par un loup. Qui l’eût cru, au fond du loup, elle découvrira les Avalés et tout un monde organisé. Si au départ certains Avalés souhaitent y demeurer, la petite saura bien leur rappeler ce qu’ils aimaient tant de l’extérieur! Ingénieux, non? Dans Les Nordiques n’ont pas froid aux yeux et autres poèmes sportifs de Pierre Labrie (Soulières éditeur), on plonge dans de la poésie sportive qui aborde aussi les sujets que sont l’amitié et la famille. Ce recueil prend ses assises dans le roman du même auteur La poésie, c’est juste trop beurk!

André Marois a choisi de parler d’argent aux jeunes, et de le faire en suivant l’épopée d’un billet de banque, lequel passera de main en main dans Fric-Frac : Parcours d’un billet de banque (Isatis). Si le tout se situe à égale distance entre le documentaire, l’album et la prise de position, le rendu est relevé par les illustrations nombreuses et parlantes de Pauline Stive.

À lire aussi
Coloravirus, Anne Villeneuve (Les 400 coups)
Dans ma ruelle il y a…, Mélanie Perreault et Julien Castanié (Les 400 coups)

Littératures autochtones
Du côté des littératures autochtones, on s’attardera particulièrement au très prometteur Nin Auass/Moi l’enfant, une anthologie dirigée par Joséphine Bacon et Laure Morali chez Mémoire d’encrier, qui regroupe des textes de jeunes innus provenant de dix communautés du Québec. Elles ont accompagné ces jeunes dans l’écriture de poèmes bilingues en innuaimun et français, qu’elles présentent ici accompagnés des illustrations de Lydia Mestokosho-Paradis. On souligne la parution de La mitaine/The Mitten/Mitcikawin, un album trilingue français-anglais-anicinapemowin signé par Sylvain Rivard aux éditions Hannenorak. Ce même auteur illustre d’ailleurs également 8tlokaw8ganal/Légendes, un album signé par la conteuse w8banaki Nicole O’Bomsawin, également aux éditions Hannenorak, qui met en scène l’origine des petits êtres de pierre, une légende au cœur de la mythologie w8banaki, racontée par des grands-parents à leurs petits-enfants et mettant en scène plusieurs animaux de la forêt. Dans Awâsis et la délicieuse bannique (Scholastic), de Dallas Hunt et Amanda Strong, on assiste à une histoire qui célèbre le renouveau des dialectes cri et les méthodes traditionnelles de narration orale autochtone. On attire également vivement votre attention sur une trilogie d’albums jeunesse écrite par Tomson Highway, chez Prise de Parole, intitulée « Chansons du vent du nord ». Les albums sont en français et en cri et portent les titres suivants : Un renard sur la glace, Le chant des caribous et Les libellules cerfs-volants. On y suit deux jeunes frères cris qui nous entraînent dans les valeurs territoriales et sociétales de leur peuple, tout en nous parlant de leurs coutumes. Ce qu’on aime, outre l’imagination qui y foisonne? Les illustrations signées par trois illustrateurs différents, conférant un genre bien précis à chacun des albums, et le ton donné qui laisse place à un narrateur bien présent.

Devenir un bon citoyen
On fait un arrêt sur la collection « Sa[voir] » de Québec Amérique, qui allie histoire et science afin de mieux présenter différents sujets d’actualité de notre quotidien. Dans Les déchets (Marc Chouinard et Anouk Noël), on apprend à quel point ceux-ci polluent, mais surtout on nous montre les solutions envisageables pour les réduire au maximum, voire les éliminer. Car, une fois mis dans la poubelle, les déchets ne disparaissent pas d’eux-mêmes… Aussi, notez que le documentaire L’eau paraît au même moment, dans cette même collection.

Quand les monstres ne sont pas toujours poilus…
Dans Rose Blanche (D’eux), Christophe Gallaz nous parle davantage de compassion et d’amour de son prochain que de l’Holocauste proprement dit. On y suit Rose Blanche, une jeune fille qui, un jour, découvre un camp de travail nazi, sans pourtant bien saisir qu’il s’agit de cela. Ce qu’elle y verra, ce sont des hommes, des femmes et des enfants amaigris. Chaque jour, elle ira leur porter secrètement de quoi survivre encore un peu. Avec les illustrations de Roberto Innocenti d’un magnifique troublant, on a entre les mains un livre sur la guerre, émouvant et grand, triste et terrible. Dans le moins tragique mais toujours dans les émotions fortes, on souligne la parution de Créatures de Chanti (Les 400 coups), qui nous propose 104 pages de créatures aux dents acérées, de monstres imaginés, dans un trait noir et blanc qui joue habilement entre insouciance et danger. Les courts textes qui accompagnent chacun des monstres ont le chic — pour l’adulte qui les lit avec le petit — d’avoir souvent un double sens. Avec Tout près (Québec Amérique), Martine Latulippe aborde quant à elle dans la forme du roman pour adolescents le sujet du taxage et ses effets destructeurs.

À lire aussi
Le lac assassiné, Laurent Chabin et Christine Delezenne (Isatis)

Histoires de filles
Les lectrices seront heureuses de se rendre dans les chaleurs du Mexique avec Juliette à Mexico, de Rose-Line Brasset, chez Hurtubise. Dans ce nouveau tome, la protagoniste fera la découverte de Frida Kahlo et Diego Rivera, mais aussi des questions d’égalité des chances et de la place des peuples indigènes. Autre série appréciée : celle de la libraire Elizabeth Baril-Lessard, qui revient avec Ma vie de jujube doré (Les Malins). Louane souhaite cette fois finir son secondaire sans anicroche, réussir à préserver sa bulle, participer au bal et écrire une scène de théâtre pour un cours. Y parviendra-t-elle aisément? Dans le second volet de Adèle et compagnie (t. 2) : En haut de Sophie Rondeau, Adèle et ses trois sœurs déménagent dans l’appartement en haut de celui de leur tante (Hurtubise). Bien des apprentissages à faire pour cohabiter, et pas seulement en raison de l’entrée au secondaire d’Adèle!

À lire aussi
Les filles modèles (t. 13) : Bêtise inévitable, Marie Potvin (Les Malins)
Mon mini ABC des filles 2021, Catherine Girard-Audet (Les Malins)
OMG! Hors-série : Le journal d’Emma, Catherine Bourgault (Les Éditeurs réunis)

Pour les tout-petits
Le petit problème de Victor (Rhéa Dufresne et Thierry Manes, Les 400 coups) propose, avec de magnifiques illustrations, de suivre un petit éléphant myope à qui il arrive bien des tracas et des quiproquos! De quoi faire sourire les 2 ans et plus en leur laissant le loisir de toucher le livre grâce à son format tout-carton. Du côté de CrackBoom!, on propose Que peux-tu faire avec une ligne et Que peux-tu faire avec une couleur, deux albums carrés grand format signés Gülşah Yemen et Çağrı Odabaşı qui stimuleront la créativité des enfants grâce à un personnage minimaliste laissant libre cours aux possibilités des lignes et des couleurs.

Votre dose de frissons
François Gravel et Martine Latulippe unissent leurs talents dans un roman écrit en duo, Ça leur apprendra à sortir la nuit (La courte échelle), qui met en scène une histoire à faire frissonner les plus de 9 ans. Dans un chantier de construction, deux ados trouveront un sac à dos dissimulé contenant un petit chandail et une boussole… Découvriront-ils ce qui est arrivé? Autre roman empreint de frissons : Les ennemis invisibles, de Louis Émond (Soulières éditeur). Dans ce roman policier, Hector reconnaît la voix de Bianca, charmante jeune fille dont il souhaite partager la compagnie, alors qu’un cri s’échappe d’une maison. Il décide donc d’aller la secourir. Mais au moment où il est témoin d’une terrible scène et où il prend la fuite, quelqu’un l’aperçoit… Mais qui est donc Bianca, et comment se sortira-t-il de cette aventure? Dans Les éblouissants (Bayard), Eve Patenaude nous offre un récit où les personnages, à la suite d’une étrange explosion, se retrouvent dans une réalité parallèle où, devenus lumineux, ils doivent dorénavant rester à proximité d’une ville qui illumine elle aussi. Mais, bien entendu, le tout n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît…

À lire aussi
Pas de fantômes dans mon grenier, Cécile Gagnon (Leméac)
Les nouveaux mystères à l’école, collectif dirigé par Richard Migneault (Druide)
Les histoires de Mini-Jean et Mini-Bulle : Quand les poules avaient des dents, Alex A. (Presses Aventure)

Parlons de différence
L’album Ohé! d’Oriane Smith et Jasmine Mirra Turcotte (La courte échelle) est une histoire sur la différence. On y suit un petit bateau qui, lui, aime vivre sous l’eau plutôt qu’à sa surface! On appréciera particulièrement tous les appels au lecteur qui le font participer en soufflant, en tournant le livre, en chatouillant les bateaux, etc. Pour les plus vieux, on lira l’hymne à la différence corporelle et à l’acceptation de soi dans Ce sera moi, de Lyla Lee (Petit Homme), un roman pour les 16 ans et plus qui met en vedette Skye, bien en chair, qui est sélectionnée pour ses talents de chanteuse et de danseuse dans une série de téléréalité, où elle sera par contre la cible de commentaire grossophobes.

Dans un petit roman chez Bayard Canada, on côtoie avec Mérika l’étoile filante (signé Noha Roberts) l’incroyablement attachante Mérika, une petite fille atteinte de trisomie 21 qui souhaite faire du ballet. À l’occasion du spectacle de fin d’année, tout le monde l’aidera à devenir une véritable étoile sur scène, le tout en respectant son unicité.

Dans le roman Mon fermier rose, de Mélanie Grenier (Espoir en canne/ADA), Pierre, qui entame tout juste sa cinquième secondaire, est devant un dilemme : sa famille souhaite qu’il continue la longue lignée d’agriculteurs, alors que lui s’interroge sur cet avenir. Sous la forme du journal intime, on découvre toute la richesse de ce personnage, qui va à contre-courant dans bien des domaines de sa vie… Une belle réflexion sur la force de nos désirs et sur la difficulté de parfois garder le cap sur ce qu’on souhaite réellement. Avec La balade de Jo et Alicia (Leméac), Christine Bertrand donne voix à Jonathan, 16 ans, qui a quitté sa demeure familiale. Pour survivre, il se trouve un emploi dans une maison pour aînés, où il fera la rencontre d’Alicia, vieille dame dont il doit s’occuper et qui s’avère charmante comme tout. À force de promenades en vélo-bus avec les pensionnaires, il fera un examen de conscience sur sa propre existence.

À lire aussi
Rosita, la lapine qui n’avait même pas peur, Cara Carmina (Les Malins)

Quand le livre devient coup de pouce
Nadia Gagnier et Tristan Demers s’associent sur le projet « Oupelaï », une nouvelle collection pour les 6-10 ans aux Éditions Petit Homme où quatre titres mettent de l’avant un frère et une sœur dont les parents sont séparés. Ce qui unit les ouvrages de cette collection, outre les dessins drôles et la partie psychoéducative accompagnant chaque titre, c’est le fait qu’il y est question de situations angoissantes, lesquelles y sont dédramatisées, comme un spectacle d’école. Avec L’abominable non, de Nicole Testa et Annie Boulanger (Dominique et compagnie), on aborde trois thématiques de front avec originalité : l’utilisation du « s’il vous plaît », les allergies ainsi que la gestion de la colère. Chez Bayard Canada, on s’arrête sur la collection « Grandir en s’amusant », où chacun des quatre titres propose de s’attarder à une thématique précise pour aider le quotidien et la routine des parents avec leur petit : Orang-Outan ne veut pas dormir, La dent de Crocodile, Tigre apprend à recycler et Éléphant a peur de l’eau. Dans Joyeux ou triste? (Druide), le vétéran des lettres jeunesse québécoises, Bertrand Gauthier, utilise la forme originale du haïku pour parler des hauts et des bas de la vie, qui cohabitent, et qui nous permettent d’ailleurs de développer notre empathie. Ses textes en trois vers sont accompagnés des douces illustrations de Sabrina Gendron. Et finalement, dans Tendres moments avant le dodo de Paloma Rossa chez Presses Aventure, on trouve douze activités de détente et de respiration afin de rejoindre paisiblement Morphée. Chez ce même éditeur, l’escouade du petit coin est parée pour aider l’enfant à devenir propre dans Aux toilettes comme un superhéros! C’est signé Emily Skwish et Alex Willmore.

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