Prix jeunesse des libraires 2014 : finalistes 0-5 ans

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Pour la troisième année du Prix jeunesse des libraires du Québec, neuf livres québécois ont su charmer le cœur du comité de sélection. En attendant que tous les libraires du Québec votent sur leur coup de cœur, nous vous proposons une petite intrusion chez les auteurs finalistes grâce à de courtes entrevues. Vous n’avez pas encore lu ces albums ou romans? Hâtez-vous! Ci-dessous, les finalistes de la catégorie 0-5 ans!

L’autobus

Marianne Dubuc, Comme des géants

   

 

Bien calé dans votre banc, vous regardez les passagers autour de vous : une mamie qui tricote, des écoliers, un individu louche. Mais que peut-il y avoir dans cette grosse boîte? L’auteure et illustratrice nous offre cet autobus bondé de personnages animaliers émouvants dans un procédé narratif ingénieux qui permet plusieurs relectures de l’album. [Commentaire de Denis Gamache, libraire à la librairie Au Carrefour de St-Jean-sur-Richelieu].

 

L’autobus est le second album publié par la toute jeune maison d’édition Comme des géants, qui n’a pas encore soufflé sa première chandelle. Comment en êtes-vous arrivée à publier chez eux?
J’ai collaboré avec Nadine et Mathieu alors qu’ils travaillaient à La courte échelle. Je connais aussi Mathieu depuis presque 15 ans, et nous avons toujours été très proches dans notre travail, commentant, critiquant et s’aidant l’un et l’autre. Avec Comme des géants, il allait de soit que nous continuerions cette collaboration. Et comme j’aime beaucoup leur approche du livre jeunesse, je suis bien heureuse de faire partie de leur catalogue.

 

Page après page, on retrouve l’intérieur d’un autobus, avec ces multiples personnages. Concrètement, comment travaillez-vous à ces illustrations qui, sans être pareils, sont très semblables, à quelques détails près que les enfants se plaisent à découvrir? Une nouvelle planche est dessinée à chaque fois ou vous repartez plutôt toujours de la précédente?
Je travaille à la main, sans ordinateur. Seulement avec mes crayons de bois et, dans le cas de L’autobus, du papier calque. Alors même si c’est le même décor qui revient à chaque page dans le livre, je l’ai redessiné à chaque fois. 

 

L’an passé, vous étiez dans la liste des finalistes du Prix des libraires du Québec avec Au carnaval des animaux; cette année, deux de vos albums se retrouvaient dans la liste préliminaire, soit L’autobus et Le lion et l’oiseau. Les lecteurs et les libraires sont très réceptifs à votre travail! Est-ce que, année après année, vous avez l’impression que les attentes envers vous et vos œuvres augmentent?
Je ne pense pas vraiment à tout ça durant la création du livre. C’est plutôt une fois qu’il est terminé et envoyé chez l’imprimeur que je ressens une légère angoisse jusqu’à sa sortie en librairie. Toutefois, je ne fais pas mes livres pour me retrouver en lice pour les prix littéraires. Je les fais parce que j’aime créer des histoires, et découvrir la lecture que les enfants en font. C’est à eux que s’adressent mes livres, après tout! 

 

Ma petite boule d’amour

Jasmine Dubé (texte) et Jean-Luc Trudel (illustrations), De La Bagnole

  

Crédits photo: Angelo Barsetti

Tout commence lorsqu’une nuit, Gros Ours rêve qu’un ourson se cherche un papa. Il n’en faut pas plus pour qu’il croie au destin et qu’il parte à la recherche de ce petit orphelin au fond des bois. Et ça tombe bien : il y a bel et bien un ourson dans le besoin avec qui il pourra travailler sa fibre paternelle! Un album touchant, aux illustrations magnifiques, qui joue d’originalité dans les rôles donnés à ses personnages.

 

Quelques questions à l’auteure :

Que souhaitiez-vous laisser comme émotions aux jeunes lecteurs avec cette histoire, douce et réconfortante, d’un gros ours qui traverse la forêt dans l’espoir de retrouver ce petit orphelin qui a besoin de lui pour retrouver son père? Croyez-vous que nous avons tous, quelque part, quelqu’un qui a besoin de nous?
Oui, bien sûr, la douceur et le réconfort… Mes personnages, le petit tout comme le grand, ont leurs expériences de vie, heureuses et moins heureuses.  Sans que ce soit dit, on sent qu’ils ont un vécu, un jardin secret.  J’aime qu’il en soit ainsi.  Tout est encore possible même quand on pense que tout est perdu. L’espoir est là, toujours.  C’est ce qui guide tous mes textes.  La clé réside souvent dans la rencontre.  J’aime aussi inverser les rôles : le brun qui adopte le blanc; le petit qui rédige une petite annonce; le grand qui a besoin d’aide, lui aussi… 

J’ai reçu un courriel d’une maman à qui on avait offert le livre à sa fille, pour Noël.  Elle m’écrivait qu’à la lecture de Ma petite boule d’amour, sa petite qu’elle avait adoptée, lui avait dit que ce livre, c’était comme son histoire à elle.  Touchée!  Touchant!

 

Comment s’est déroulée votre collaboration avec Jean-Luc Trudel? 

Nous nous sommes rencontrés, en chair et en os, lors de la première séance de signature au Salon du livre de Montréal.  J’avais hâte de voir celui qui avait mis de si belles images sur mon texte.  Pendant des semaines, nous avions échangé par courriel, via mon éditrice.  J’aimais ses propositions d’illustrations : l’immensité qui se dégage du paysage, la profondeur du ciel, la fragilité et la force des personnages.  J’aimais ses ciels de jour, ses ciels de nuit, ses forêts profondes qui ramènent à l’inconscient.  Je me sentais en communion de cœur et d’esprit avec lui.  Je suis ravie de ma rencontre avec Jean-Luc Trudel. Je l’ai adopté!  Nous sommes les parents d’un bien bel enfant de papier.

 

Vous œuvrez également dans le milieu du théâtre, en tant que metteure en scène, scénariste et directrice artistique, si je ne m’abuse. Quels liens relient ces deux disciplines que sont la littérature jeunesse et le théâtre? Comblent-elles de la même façon l’artiste en vous?
C’est complémentaire. Dans les deux cas, ça part toujours du désir de m’adresser aux enfants d’égal à égal.  Pour moi, la littérature et le théâtre engendrent tous deux des situations où un adulte et un enfant peuvent se rencontrer sans écran interposé et où il reste encore de la chaleur humaine à partager. Je me soucie de l’enfant ET de l’adulte  dans tout ce que j’écris.  En théâtre, tout comme en littérature jeunesse,  je me plais à dire que nous rejoignons «  les enfants et LEURS adultes ».  

Et puis, ce qu’il y a de formidable avec la littérature, c’est que je n’ai pas de contraintes en ce qui a trait au nombre de personnages ou à la multiplicité de décors.  Dans les deux cas, l’imaginaire est tout grand ouvert et la tendresse n’est jamais loin… 

 

Un verger dans le ventre

Simon Boulerice, La courte échelle

 

Crédits photo: Marie-Soleil Dion-Bouchard

Conte aux allures délicieusement vétustes et au charme éminent, Un verger dans le ventre est l’histoire d’un petit garçon qui avale un pépin de pomme. De là, une peur énorme grandit dans son esprit, alors qu’un copain de classe le convainc que c’est plutôt un verger qui grandit en lui. Un premier album pour le prolifique Boulerice qui fera sourire petits et grands, illustré par le plus que talentueux Gérard DuBois.

 

Quelques questions à l’auteur :

L’idée d’Un verger dans le ventre serait née lors d’une résidence d’écriture à Limoges. Tout d’abord, qu’est-ce qu’une résidence d’écriture et ensuite, y a-t-il une raison pourquoi cette peur d’enfant – celle de manger un pépin qui se transformera ensuite en verger dans l’estomac- vous est-elle revenue en tête à Limoges, précisément?
Que ce soit à Lille, en Alsace ou dans le Limousin, en tant que dramaturge, on m’offre de plus en plus des résidences d’écriture en France. À chaque fois, pour moi, c’est une occasion de m’immerger totalement dans la création, en me coupant de mes responsabilités québécoises. Je me dédie alors totalement à l’écriture et j’essaie d’être à l’affût de tout ce qui est susceptible d’être inspirant. Et c’est ce qui s’est passé : en écoutant Nadine Chausse (la dame qui s’occupe de la Maison des auteurs à Limoges) me parler de sa voracité en matière de pommes (elle les mange toutes entières), ça a simplement réveillé une vieille angoisse, datant de mes 5 ou 6 ans.

 

Comment avez-vous aimé votre collaboration avec Gérard DuBois, l’illustrateur de l’album?
Écrire une histoire appelée à être entièrement illustrée, c’était ma première expérience. Ce lien auteur/illustrateur, je le rapproche beaucoup au couple dramaturge/metteur en scène. En tant que dramaturge, je suis appelé – quand je ne signe pas la mise en scène – à remettre mes pièces avec la plus grande confiance possible entre les mains d’un créateur qui donnera vie à mes mots, avec ses yeux à lui. Il en va de même pour l’illustrateur. Et dans le cas présent, il appert que pour moi, le match était parfait. Je me reconnais partout dans cette tendresse cruelle qui caractérise le coup de crayon de Gérard, dans ce charme suranné, nostalgique et décalé (par son alliage d’encre noire et de couleurs vives). Il a propulsé mes mots bien plus haut, comme l’aurait fait un metteur en scène de génie. 

 

Quel effet ça vous fait d’être dans la liste des finalistes du Prix des libraires du Québec, non pas dans une, ni dans deux, mais bien dans les trois catégories!?
Évidemment, c’est très grisant! Je me sens profondément choyé d’avoir autant de reconnaissance de la part des libraires, qui font un travail que j’estime énormément. J’ai été libraire le temps d’un charmant été, et le respect que je leur voue est infini. Leur passion est louable. Je suis absolument conscient de leur préciosité dans les rouages de mon petit succès. Cela dit, je vais me lancer deux-trois fleurs et reconnaître que j’ai travaillé rudement fort ces dernières années. 

Pour approfondir :

Une entrevue avec Simon Boulerice, lors de la parution de Un verger dans le ventre : c’est ici!

http://revue.leslibraires.ca/entrevues/litterature-jeunesse/simon-boulerice-entre-tendresse-et-cruaute

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