On entend de plus en plus parler des multiples avantages que la lecture aurait chez les enfants, et ce, depuis le plus jeune âge. Mais qu’en est-il exactement? Nous nous sommes tournés vers deux expertes en éducation pour éclairer nos lanternes et nous mener sur le sentier de la lecture jeunesse, parsemé d’innombrables surprises.

Le premier des bénéfices relié à la lecture est sûrement celui du plaisir, et en plus, il croît avec l’usage. Avant même de savoir lire, il y a le plaisir de se faire lire une histoire et de renforcer par la parole le lien fondamental de proximité et de partage avec son enfant. La langue écrite, différente de celle parlée, lui apprend une grande variété de façons de s’exprimer. Plus on peut utiliser les mots pour identifier des émotions, des situations, des intérêts, plus les facettes de notre monde se multiplient et s’agrandissent. « La lecture stimule tous les aspects du développement de l’enfant, affirme Solène Bourque, psychoéducatrice et auteure. Le développement psychomoteur, parce qu’il développe son tonus pour tenir le livre dans ses mains, sa dextérité pour en tourner les pages ; le développement cognitif et langagier, parce qu’il développe sa connaissance de nouveaux mots, sa capacité à anticiper (qu’est-ce qui se passera à la prochaine page?), son désir de communiquer en pointant des éléments du livre lorsqu’on le questionne; et le développement social et affectif, parce que le livre est une superbe façon d’entrer en contact avec l’autre. »

Pour l’enfant un peu plus grand qui montre un élan mitigé pour les livres, la meilleure manière de stimuler son appétit est de trouver un livre en lien avec un sujet qui l’anime et qui correspond à son niveau. Sport, dinosaures, superhéros… il y a des livres de tous les genres pour tous les goûts. L’idée est de créer un sentiment d’appartenance aux livres qui l’éveillerait et développerait le réflexe d’aller vers eux pour trouver réponse à une question, pour en apprendre plus sur un sujet ou pour toute autre motivation où toujours le plaisir figurerait au centre des priorités. C’est pour cette raison que l’accessibilité à la lecture est si importante, pour qu’elle devienne naturelle, comme un objet usuel du quotidien qui nous renseigne ou nous divertit, nous anime ou nous accompagne.

Astuces pour lui faire aimer la lecture
Pour favoriser la relation au livre chez le tout-petit, il y a ce qu’on appelle des facteurs de protection, c’est-à-dire les choses qu’on peut mettre en place autour de lui pour atteindre notre objectif, nous explique Julie Provencher, consultante en éducation et rédactrice en chef de La Clef. « Premièrement, l’enfant doit avoir accès à la lecture, mais ce qui est primordial aussi, c’est le temps d’exposition. J’ai vu des parents qui avaient des livres à la maison, mais qui n’avaient pas le temps de lire. Établir une routine de lecture est donc très important. » Comme autre facteur, l’accompagnement et le sentiment de compétence visent à renforcer les sentiments de fierté et de plaisir vécus au moment de la lecture pour que l’enfant puisse l’associer positivement. « Un autre facteur de protection est celui du vocabulaire, que j’appelle aussi “des mots en cadeau”, qui consiste à utiliser les bons mots, à ne pas parler en bébé, à utiliser des synonymes », ajoute-t-elle. L’ambiance et la magie font aussi partie des critères, le contexte de bien-être étant essentiel pour avoir envie que le moment se reproduise. La discussion figure aussi parmi les aspects majeurs, les livres sont d’ailleurs d’excellents outils pour aborder des thèmes précis ou faire des liens avec d’autres sujets ou avec soi-même. Jouer avec les lettres permet également de rendre ludiques le langage et l’apprentissage de la lecture. Enfin, le lien lecture-écriture invite l’enfant à transposer lui-même ce qu’il a lu, à faire un pas de plus dans l’appropriation du langage.

Pour ce qui est de la présence accrue des écrans qui viennent rivaliser avec les livres, tout est dans la nuance, selon Mme Provencher. « Il faut absolument que l’enfant ait un temps consacré à la lecture. Le temps d’écran peut être avantageux, mais ça dépend de ce qu’il consomme. » Le danger des écrans est qu’ils amènent souvent à faire autre chose et à dévier l’attention, incitant le jeune à aller d’un contenu à l’autre et ne lui apportant pas les bienfaits d’une lecture approfondie. Trois critères ont été identifiés pour assurer un suivi auprès de notre enfant lorsqu’il utilise un écran : réglementer (convenir des règles à l’avance avec notre enfant), évaluer la qualité (dans ce cas-ci, s’assurer que l’on fait suffisamment place à la lecture) et être présent (interagir, poser des questions). Comme solutions de rechange au livre papier, Mme Bourque propose « les livres-CD, où l’enfant entend l’histoire racontée pendant qu’il tourne les pages, ou encore les “heures du conte virtuelles” que plusieurs réseaux de bibliothèques offrent ».

Il faut savoir qu’il n’est jamais trop tôt pour faire la lecture à un enfant. Les spécialistes sont toutes deux d’accord pour dire que l’on peut même commencer avant la naissance. Comme l’audition fœtale débuterait entre la 26e et la 28e semaine, faire entendre au bébé histoires et comptines lui donnera un avant-goût de tous les bonheurs de lecture qui l’attendent.

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