Dominique Demers: Le temps sacré de la récré

24
Publicité
L'auteure jeunesse Dominique Demers a le sourire aussi contagieux que celui de son héroïne vedette, la célèbre institutrice exubérante Mademoiselle C. On comprend l'origine de cette joie de vivre débordante lorsqu'elle affirme avec ardeur: «Dans toutes mes activités (elle a été journaliste, chercheuse, professeure et se consacre désormais à temps plein à l'écriture), je ne conçois pas de vivre sans plaisir!» Un principe qui rejoint certainement le cœur de ses jeunes lecteurs.

Cet hiver, l’auteure propose de nouvelles parutions, avec notamment la sortie d’un DVD de contes de la série télévisée Dominique raconte, celle d’un livre-disque et de trois nouveaux livres, dont le très attendu dernier volet des aventures de Mademoiselle C., et deux albums pour tout-petits: Le Secret de Petit Poilu et Oupilaille et le poil de dragon. Dominique Demers profite de la tribune qui lui est offerte pour soulever l’importance qu’elle accorde à la littérature parlée. «C’est quelque chose d’essentiel pour moi, affirme-t-elle d’emblée. Lorsque j’enseignais à l’université, mes cours ressemblaient plus à des séances de contes qu’à des leçons magistrales!»

Les émissions Dominique raconte sont d’ailleurs axées autour du simple fait d’ouvrir les pages d’un bon livre: «Inutile de se compliquer la vie et d’inventer des concepts d’animation farfelus. Il y en a un tout simple, qui est le plus efficace qui soit.» La conteuse prend une pause et glisse en chuchotant d’une voix malicieuse, comme si elle révélait un secret bien gardé: «L’enchantement par la lecture à haute voix.» Elle identifie d’ailleurs une bonne partie du manque d’intérêt de certains jeunes pour la lecture au fait qu’on cesse, dès qu’ils sont autonomes dans cet apprentissage, de leur lire des histoires.

«Et pour les Salons du livre, c’est la même chose, s’indigne-t-elle. On cherche des formules, on crée des soirées aux programmes alambiqués, mais pourtant, ces rendez-vous-là ont leur raison d’être dans le simple fait de lire et de se faire lire des livres. Pourquoi s’en éloigner? Signer des signets, je ne suis plus capable!, lance-t-elle dans un fou rire. Il faut libérer la parole des mots et prêter une voix aux livres quand ils sont bons.»

De l’éloge du loisir
Dans sa dernière aventure, la trépidante institutrice Mademoiselle C., l’héroïne adorée de ses lecteurs, se mue en entraîneuse de soccer. Dominique Demers, en sportive amateure — elle pratique la natation, le cyclisme, l’escalade, le ski… — avait envie depuis longtemps d’aborder le problème de la pression engendrée par l’exigence de performance. «Le sport, lance l’épicurienne écrivaine, cela doit rester une jouissance, d’autant plus pour des enfants, et en aucun cas engendrer un stress; au contraire, c’est fait pour évacuer notre stress!» C’est ce que l’adulée Mademoiselle C. enseignera cette fois. «Je crois que les enfants l’aiment parce qu’elle sait parfaitement comment les encourager à développer leur folie douce, à préserver leurs qualités d’enfants, révèle l’auteure, alors que la société a tendance à les freiner, à les rendre les plus sérieux possibles.» Et l’instant salvateur de la récréation est de la plus grande importance pour elle : «C’est la clé du bonheur! Il faut savoir s’accorder des récréations, des bulles d’oxygène, de liberté, de jeu. Mes livres sont un peu tout cela pour moi, j’essaie qu’ils en soient ainsi pour mes lecteurs.»…

Bibliographie :
Le Secret de Petit Poilu, Dominique Demers, ill. Steve Beshwaty, Imagine, 36 p., 18,95$
Oupilaille et le poil de dragon, Dominique Demers, ill. Manon Gauthier, Imagine, 24 p., 9,95$
La Nouvelle Maîtresse (livre CD), Dominique Demers, ill. Tony Ross, Québec Amérique, 110 p., 24,95$
La Fabuleuse Entraîneuse, Dominique Demers, Québec Amérique, coll. Biblio jeunesse, 142 p., 8,95$

Publicité