Bryan Perro : Les contes de Perro

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L'univers de Bryan Perro est, depuis la parution en 2002 du premier tome de sa série « Amos Daragon », l'objet d'un véritable culte. À la veille du lancement du huitième volume d'une saga qui en comprendra finalement douze, les ventes tournent autour des 400 000 exemplaires et l'auteur, originaire de la Mauricie, n'en revient toujours pas. Pourtant, à travers le travail acharné que demande l'écriture d'un tel cycle, le plaisir de l'auteur est toujours aussi palpable. Voici ce qu'il avait à nous raconter tout juste avant d'être étourdi par le tourbillon promotionnel de La Cité de Pégase, qui paraissait mi-avril.

« Tout a commencé lorsque Michel Brûlé, le maître à penser de la maison d’édition des Intouchables, transitant par avion entre la Roumanie et la Hongrie, a eu l’idée de lancer une série de livres québécois qui rejoindrait les fans du Seigneur des anneaux et de Harry Potter, et qu’il a pensé à moi pour mener à terme ce projet d’écriture », relate Bryan Perro, qui avait auparavant signé trois romans pour adultes chez cette même maison d’édition.

Le début d’un temps nouveau

C’est là, en ce 19 janvier de l’an de grâce 2002, que Perro relève le défi, d’autant plus qu’il s’intéresse grandement aux contes fantastiques québécois, son mémoire de maîtrise portant sur la présence du loup-garou dans la tradition orale québécoise. Il s’amuse en plus, ici et là, à présenter quelques spectacles de contes, lui qui fut jadis, à titre de conteur, l’un des invités du Carnaval de Québec :

« Je suis parti de rien ; je ne voulais qu’écrire une bonne histoire, rythmée, avec une narration simple et efficace », précise-t-il au sujet de l’élaboration de sa saga, dont la rédaction l’inquiétait au départ ; il ne voulait pas tomber dans les clichés en usage dans ce genre d’univers. Rappelons qu’Amos Daragon est un jeune garçon de 12 ans qui devient l’Élu de la nouvelle génération des Porteurs de Masques, chargé de rétablir l’équilibre du Monde et de mettre fin aux guerres des dieux du bien et du mal. Ouf !

Six mois plus tard, les doutes de l’auteur avaient disparu ; il se savait sur la bonne piste et prenait plaisir à s’investir totalement dans l’aventure. Tellement que l’on s’étonne de sa créativité et de sa productivité, car il est question ici de la parution de douze romans touffus écrits sur une période d’environ cinq ans. C’est en 2006 que devraient normalement paraître les deux derniers volets : « J’écris de quatre à cinq heures par jour. Je savais au départ que le Québec était un marché difficile pour ce genre de livres, mais j’écrivais constamment, comme c’est encore le cas aujourd’hui ».

Des voyages et des légendes

Quand on demande à Bryan Perro ce qu’il pense apporter au domaine de la littérature épique et fantastique avec « Amos Daragon », il affirme teinter le genre d’inspirations multiples provenant des contes et légendes du monde entier : « J’ai beaucoup voyagé, au Portugal à 17 ans, au Vietnam voilà près d’un an, et je me suis passionné pour les légendes de toutes sortes, raconte le romancier. […] Le deuxième livre d’Amos se base sur les légendes tchèques, et La Cité de Pégase, le prochain, est relié à mon voyage au Vietnam. […] Tolkien s’inspirait beaucoup des contes scandinaves et anglo-saxons ; pour J.K. Rowling, c’est la magie et le milieu scolaire ; moi, je travaille sur le conte populaire. Au Québec, on connaît mal nos contes et nos légendes ; les écrivains du XVIIe siècle sont peu enseignés, on perd notre imaginaire populaire et moi, je puise dans ce répertoire-là et celui d’ailleurs ». Mais en bout de ligne, ce qui présentement émerveille le plus Bryan Perro, c’est la réaction de ses jeunes lecteurs, de même que l’impact de son travail auprès de ceux qui, avant de « tomber » sur cette série, ne lisaient pas : « En créant des lecteurs, on crée selon moi de meilleurs individus. J’ai l’impression que ces jeunes comprendront mieux le monde et la société en prenant plaisir à lire ».

L’ambitieuse série* a fait de Bryan Perro un écrivain qui manie maintenant mieux les mots, qui a plus de facilité à concevoir ses personnages, même s’il avoue qu’il est toujours facile dans le cadre d’une telle saga, de tomber dans la complaisance. Son deuil d’« Amos Daragon », il devra le vivre dans un an et demi environ, pour mieux repartir vers une autre série jeunesse et une trilogie de romans mythologiques pour adultes ancrée dans le quotidien d’aujourd’hui : un monde réel où l’imaginaire a toujours sa place !

Bibliographie :
La Cité de Pégase : Amos Daragon (t. 8), Éditions des Intouchables, 8,95 $
Autres volumes : Amos Daragon, porteur de masques, La Clé de Braha, Le Crépuscule des dieux, La Malédiction de Freyja, La Tour d’El-Bab et La Colère d’Enki (8,95 $ ch.).

Sites officiels : www.bryanperro.com / www.amosdaragon.com

* La série « Amos Daragon » est présentement traduite en 18 langues et distribuée notamment au Japon, en Corée du Sud, en Turquie, au Brésil et en Russie, où cinq tomes sont d’ailleurs disponibles. De plus, Spectra Animation élabore une série pour la télé, qui devrait voir le jour en 2007.

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