Annie Bacon : Jeux vidéo, fantasy et bébés

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Auteure prolifique, Annie Bacon est surtout connue pour sa série « Victor Cordi ». Mais à l’occasion de la sortie du deuxième tome de son « Gardien des soirs de bridge » et surtout des Chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage, j’ai voulu la rencontrer pour faire le point sur dix ans de carrière. Voici donc une plongée dans l’univers fascinant d’Annie Bacon, auteure jeunesse.

Titulaire d’un baccalauréat en communication de l’UQAM, Annie Bacon a d’abord travaillé dans le domaine des jeux vidéo, où elle est encore active en tant que pigiste. C’est lors de son premier congé de maternité, alors qu’elle craignait de s’ennuyer, qu’elle a entamé la rédaction de ce qui allait devenir son premier roman, à la suggestion de son mari. C’est durant l’écriture du deuxième tome de sa toute première série, Terra incognita, qu’elle a pris conscience du plaisir qu’elle avait d’écrire et c’est également à ce moment-là qu’elle s’est officiellement considérée comme une écrivaine à part entière.

En proposant une ébauche du premier tome de « Victor Cordi », elle a reçu en retour un contrat pour deux romans plutôt qu’un seul, preuve de la confiance de l’éditeur envers cette nouvelle série. Alors qu’elle n’avait que neuf mois pour les écrire, elle a pu profiter d’un second congé de maternité pour mener à bien cet ambitieux projet, qu’elle considère comme son plus beau rush d’écriture.

Elle se souvient encore parfaitement de la genèse de cette série. « Les enfants étaient dans le bain et, chose hyper rare, je suis allée chercher un cahier de notes. Je ne suis pas quelqu’un qui prend des notes en général. Mais je suis allée chercher un cahier de notes parce que des choses m’arrivaient en tête. Et dès le début, c’était une grande saga. Dès le début, c’était plusieurs livres, plusieurs cycles. »

Maintenant que « Victor Cordi »est terminé, elle se concentre sur sa nouvelle série, dont les deux premiers tomes sont disponibles en librairie : « Le gardien des soirs de bridge ». Cette fois, c’est une créature, le spiratin, qui lui est venue en tête en premier, et qui a donné naissance à tout le reste de l’univers qui l’entoure. Contrairement à sa série précédente, il s’agit d’un univers fixe, où chaque roman propose une intrigue fermée. Si elle prévoit en faire une trilogie, elle ne ferme pas non plus la porte à d’autres aventures d’Ophélie, d’Émile et du professeur Habbitrøle.

Lorsque je lui ai demandé quelle était sa plus grande fierté en tant qu’auteure, il y a eu un long moment de silence. Puis elle a répondu d’un ton assuré : “Victor Cordi”. M’être rendue à huit tomes d’une seule et même série, c’est une grande fierté. » Avant de travailler sur cette série, elle ne s’imaginait pas écrire une grande saga. Au contraire, lorsque j’aborde la question de la plus grande déception, il n’y a aucune hésitation : « Comme tous les auteurs, j’ai des manuscrits dans un tiroir et un manuscrit qui ne réussit pas à voir le jour, c’est toujours un peu une déception. »

Son tout dernier roman, Les chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage, est paru cet automne aux éditions Bayard Canada. Chose surprenante, les éléments-clés du roman – le personnage d’Astride, sa valise bleue, le fait qu’elle se réfugie à la bibliothèque du Plateau après la fin du monde – lui trottent dans la tête depuis le décès de son père, il y a quatre ans. Quant à l’écriture, elle s’est déroulée en à peine trois mois, autour du décès de sa mère cette fois. Le deuil a donc marqué cette histoire, de sa genèse à son écriture. Pourtant, même si, comme elle le dit elle-même, « c’est un livre qui est plus lourd, plus personnel », on ne peut s’empêcher d’y voir beaucoup d’espoir pour l’avenir, particulièrement avec le personnage d’Astride. Malgré la rapidité de l’écriture, elle n’a longtemps eu en tête que le personnage et les lieux, sans avoir l’histoire qui reliait ces éléments. Toutefois, elle insiste pour dire que la rédaction de ce roman a été une véritable bouée, qui lui a permis d’extérioriser des émotions plus sombres et de passer à travers son deuil. Ce n’est qu’en le relisant qu’elle a compris qu’il s’agissait d’un roman sur l’affranchissement d’une jeune fille envers les attentes que tout le monde – ses parents, la société, etc. – a envers elle, plutôt qu’une œuvre sur le deuil.

C’est donc une écrivaine en pleine possession de son art et confiante en l’avenir que j’ai eu la chance de rencontrer. On ne peut que lui souhaiter une carrière encore longue et de nouveaux projets qui raviront ses lecteurs, peu importe leur âge!          

Photo : © Patrick Lemay

     

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