Si les assises du réalisme magique sont portées, historiquement, par les auteurs issus de l’Amérique du Sud, le genre a poursuivi son chemin et a trouvé à s’épanouir sur tous les continents. Dans les pages qui suivent, nous vous présentons une sélection d’auteurs emblématiques du genre, établis dans différents pays, et dont les œuvres méritent qu’on y plonge le nez. Qui sait ce que vous y découvrirez de merveilleux!

Japon
Haruki Murakami (1949-)

Pour apprécier l’œuvre de Murakami, le lecteur doit faire le choix de ne pas tout comprendre, de se laisser porter en acceptant la proposition, sans remettre en question ces animaux qui parlent, ces rêves qui influencent la vie réelle ou encore ces poissons qui tombent du ciel. Pressenti pour être nobélisé année après année, Murakami, qualifié d’écrivain postmoderne à l’imagination féconde, fait la fierté des Japonais tout en étant toutefois considéré comme un écrivain très américanisé. Son œuvre dénonce en filigrane la modernisation de son pays d’origine et s’intéresse à la crise d’identité que vivent les citoyens, de même que la nation elle-même. Le réalisme magique devient pour lui une stratégie narrative qui lui permet d’explorer certaines zones, dont les échecs de la modernisation et l’évacuation néfaste de la spiritualité au détriment du progrès.

Dans Kafka sur le rivage, l’un de ses romans les plus lus dans le monde, Kafka fait tout pour fuir une prophétie œdipienne. Cependant, le monde onirique rattrapera la réalité, car il succombera bien malgré lui à ce qu’il tente de fuir durant ses rêves. Outre Kafka sur le rivage, nous vous conseillons de plonger dans l’histoire à forte dose d’onirisme d’un triangle amoureux dans Les amants du Spoutnik, dans les tréfonds d’une bibliothèque tenue par d’insolites gens dans la nouvelle L’étrange bibliothèque et dans Chroniques de l’oiseau à ressort où l’on croise un chat à la queue tordue, une voyante énigmatique et, surtout, un personnage qui sonde le fond d’un puits pour y rêver et y trouver réponse. « La vérité n’est pas forcément dans la réalité, et la réalité n’est peut-être pas la seule vérité », est-il écrit justement dans ce roman…

 

Allemagne
Günter Grass (1927-2015)

En 1959, Günter Grass publie Le tambour, faisant de lui l’écrivain qui a jeté les bases du réalisme magique. Au moment de la parution de ce roman, certains critiques parlent plutôt de réalisme social et satirique entrecoupé d’un récit fantastique : cette œuvre est sans contredit novatrice pour l’époque et tranche réellement avec la production littéraire allemande d’alors, laquelle peinait à se relever des difficiles années dues à la guerre, à la dévastation langagière et morale.

En 1961, lors de sa traduction en français, on lit dans Le Monde qu’il s’agit d’une « masse de cinq cents grandes pages serrées, bizarres, obscènes, obscures de sens, mais possédant sinon un charme, du moins un rythme, un ton, une singularité d’accent à quoi se reconnaît une œuvre ». L’ambiguïté volontaire qui émane de cette œuvre en fait d’ailleurs, justement, le mystère et la réussite…

Dans Le tambour, on découvre les mémoires fictives du jeune Oscar Matzerath. Ce qui relève du surnaturel, c’est qu’Oscar, né hautement intelligent, conscient de ce qui l’attend, décide du haut de ses 3 ans de cesser de grandir, refusant le destin social qui l’attend. De plus, Oscar a un don étrange : en jouant du tambour, il peut contrôler les gens et déclencher leurs souvenirs. Il peut également casser le verre lorsqu’il dirige sa voix vers l’objet à émietter. À hauteur de trois pommes, Oscar pose son regard désinvolte, avec une attitude parfois carnavalesque, sur les grands drames de l’histoire — principalement la guerre qui sévit à Dantzig — qui eurent cours entre 1924 et 1950.

N’entre pas qui veut dans l’œuvre de Grass, en raison de ses références multiples, de son écriture parfois labyrinthique et de son travail sur la langue qui fait place aux néologismes, au changement de pronoms et à plusieurs métaphores, mais celui qui se donnera la peine de le faire y découvrira une œuvre engagée, unique.

 

Colombie
Gabriel García Márquez (1927-2014)

Lorsque l’on parle de réalisme magique, c’est à Gabriel García Márquez que l’on pense. Il est donc étonnant d’apprendre que pour lui, il ne dérogeait aucunement à la réalité lorsqu’il a écrit, par exemple, Cent ans de solitude, ce roman publié en 1967 qui s’étale sur six générations, dont la ligne temporelle est mouvante selon les personnages, où plusieurs protagonistes portent le même nom et qui se déroule dans un village isolé qui pâtira de son ascension vers la modernité. Dans un entretien accordé à l’émission Aujourd’hui l’histoire, l’enseignant de littérature Richard Boivin cite l’auteur colombien : « J’ai simplement voulu laisser un témoignage poétique sur le monde de mon enfance qui s’est déroulée dans une grande maison triste, avec une sœur qui mangeait de la terre, une grand-mère qui devinait l’avenir et de nombreux parents qui portaient souvent le même prénom et qui n’ont jamais fait clairement la distinction entre le bonheur et la démence. » C’est ainsi qu’on voit les personnages de García Márquez tendre l’oreille à des revenants ou à des prophéties lancées par un gitan…

Après des traductions en trente-cinq langues et plus de trente millions d’exemplaires écoulés, Cent ans de solitude sera adapté par Netflix, qui, en 2019, a réussi à acquérir les droits, lesquels n’avaient jamais été cédés à de telles fins jusqu’alors. Si vous souhaitez lire le maître du réalisme magique tout en sortant du lot, dirigez-vous vers L’automne du patriarche, Chronique d’une mort annoncée ou De l’amour et autres démons, dont le point de départ est la découverte d’un caveau où gît la dépouille d’une jeune fille dont les cheveux poussent depuis sa mort, atteignant ainsi plus de vingt mètres…

 

Royaume-Uni
Angela Carter (1940-1992)

« Avec la mort d’Angela Carter, la littérature anglaise a perdu sa plus grande magicienne, sa reine-sorcière bienveillante, un artiste burlesque de génie et une grâce antique », a écrit dans le New York Times du 8 mars 1992 Salman Rushdie à propos de son amie Angela Carter.

Les influences de cette auteure britannique sont nombreuses et vont de Lewis Carroll à Poe, de Sade à Charles Perrault, de William Burroughs à Iain Sinclair. Ce qui unit ces auteurs? Ils interrogent la fine ligne entre le fantastique et le réel, les limites de la nature humaine, sous l’angle de l’étrangeté. Mais il y a aussi quelque chose de foncièrement féministe et de foncièrement subversif, voire postmoderne, dans les œuvres d’Angela Carter encore trop méconnue pour la qualité de son œuvre. Dans Les machines à désir infernales du docteur Hoffman, elle tend vers le réalisme magique et l’érotico-baroque dans une histoire où un savant sème la confusion dans une ville en y créant des illusions. Le héros du roman est le seul à ne pas y être sensible et, en rêve, il tombera même amoureux de la fille du méchant… Dans Le magasin de jouets magiques, une adolescente de 15 ans devient orpheline et sera forcée, avec son frère et sa sœur, d’emménager chez son oncle — un être tyrannique « sculpté ou taillé dans le tonnerre » — qui tient un magasin sombre et sale de jouets et de marionnettes inquiétantes. L’ambiance est oppressante et la protagoniste vivra de front l’opposition entre Éros et Thanatos. Dans La compagnie des loups, l’auteure s’adonne à une réécriture, d’une grande force littéraire, de dix contes classiques : une belle entrée en matière pour découvrir sa plume.

Congo
Sony Labou Tansi (1947-1995)

Baroque, étrange et foisonnant : voilà trois qualificatifs qu’on peut accoler à l’œuvre du Congolais Sony Labou Tansi, pseudonyme de Marcel Ntsoni. On dit de cet auteur, qui a fait ses débuts en fondant notamment un théâtre, que son œuvre a révolutionné la littérature africaine par son originalité et sa puissance. Le prix Sony-Labou-Tansi a d’ailleurs été créé en 2003, récompensant une pièce de théâtre contemporaine francophone.

La plupart de ceux qui ont étudié son œuvre romanesque s’entendent pour relever les nombreux clins d’œil à García Márquez, que ce soit par les thématiques (économie, politique et société), par le mélange entre le réel et le rêve ou encore par le jeu des patronymes similaires ou du temps qui ne se distend pas « normalement ». Sa narration est foisonnante, dégressive, et ose les néologismes, révélant ainsi l’héritage de l’oralité. Mais « Sony a inventé une nouvelle écriture qui ne se résume pas au réalisme magique. Il y mêle franc-parler, insolence, pensée prophétique, amour des mots, satire et surtout humour », raconte son éditeur, celui qui a fait des pieds et des mains pour retracer les textes de cet auteur d’importance, alors que la guerre et le pillage en avaient détruit plusieurs.

Les histoires de Sony Labou Tansi mettent souvent en scène des personnages qui sont pourchassés. C’est le cas dans La Vie et demie, paru en 1979 au Seuil, où le titre réfère au nom de l’hôtel où se cachent ses protagonistes. L’action se situe après la décolonisation, en Afrique, alors qu’un tyran règne. La touche de réalisme magique réside dans le fait que le héros continue de vivre malgré son assassinat — ses nombreuses morts — et qu’il tourmente le chef en place. Lecteurs sensibles s’abstenir : sang, sexe et révolution forment les piliers de la trame narrative de ce roman à saveur de fable où la magie y fait ses apparitions les plus étranges.

 

Chili
Isabel Allende (1942-)

L’écrivaine d’origine chilienne Isabel Allende a vendu plus de 60 millions de livres, qui sont traduits en 35 langues. Publié en 1982, son premier roman, La maison aux esprits — son œuvre la plus connue —, raconte la vie d’une famille, échelonnée sur quatre générations, à travers les époques et les changements sociaux. Allende, qui vit maintenant aux États-Unis, s’est exilée du Chili après un coup d’État militaire, et l’écriture de ce roman était en quelque sorte une façon pour elle d’exorciser la douleur de la dictature et de renouer avec les disparus. Cela s’est amorcé par une lettre écrite à son grand-père malade avec qui elle souhaitait communiquer une dernière fois avant sa mort pour lui assurer qu’elle ne l’oublierait pas, ni les histoires qu’il lui racontait. Le roman est né par la suite, flirtant avec le réalisme magique, grâce au personnage de Clara qui a des pouvoirs particuliers : elle peut parler aux esprits, voir des fantômes, faire bouger des objets et prédire l’avenir. C’est d’ailleurs avec Clara que l’auteure aimerait passer le confinement si elle devait choisir un personnage, a-t-elle révélé dans la revue Le grand continent en avril dernier : « C’est un personnage magique, comme l’était ma grand-mère. Clara était clairvoyante et vivait connectée au monde des esprits. Il serait très amusant de passer la pandémie en sa compagnie à faire des séances de spiritisme, à échanger des recettes de tartes aux pommes par télépathie et à déplacer les meubles sans les toucher. Vous ne trouvez pas? En plus, elle pourrait me dire comment et quand cette étrange situation va se terminer. »

 

Argentine
Julio Cortázar (1914-1984)

Maître incontesté du réalisme magique, Julio Cortázar est un passage obligé si vous vous intéressez au genre. L’écrivain adore se situer aux franges du réel et de l’énigmatique; en fait, pour lui, les deux semblent aller de pair. Que ce soit dans ses contes ou ses romans, la réalité qu’il dépeint est toujours constituée de plusieurs strates, visibles ou non, qui se chevauchent et façonnent son univers. Très tôt attiré par le surréalisme — il affectionne particulièrement Jean Cocteau et Alfred Jarry, l’un des inspirateurs du mouvement —, il élabore une œuvre qui en suggère l’esprit. Tout ce qui exige un travail en dehors des conventions le fascine. Il privilégie la forme brève, l’écriture de nombreux contes et nouvelles en fait foi. Son recueil Bestiaire (1951), un des premiers à être publié, présente des situations du quotidien d’où émergent des circonstances inusitées, comme dans « Maison occupée », où un frère et une sœur se voient contraints de condamner une à une les pièces de leur demeure qui sont prises d’assaut par une présence non identifiée. Les notions de temps et d’espace sont souvent indéterminées, que ce soit dans les histoires de Fin d’un jeu (1956) ou dans celles des Armes secrètes (1959). Dans son roman Marelle (1963), il construit une narration qui permet plusieurs perspectives et propose au lecteur de défier lui-même la chronologie en permutant l’ordre des chapitres.

Entrer dans le monde de Cortázar, c’est nécessairement consentir à une modification de notre champ de perception et accepter de suivre des chemins parallèles qui nous escortent vers des conjectures infinies.

 

États-Unis
Toni Morrison (1931-2019)

Importante figure de la littérature américaine, Toni Morrison a reçu le prix Nobel de littérature en 1993. En 1987, elle publie Beloved, un de ses romans les plus célèbres, pour lequel elle a remporté le prix Pulitzer et qui sera adapté au cinéma en 1998. Ce roman, dont les prémices s’inspirent d’une histoire véridique et tragique qui s’est déroulée en 1856, met en scène Sethe, une ancienne esclave, qui tue son bébé afin que sa fille ne subisse pas à son tour une vie de servitude. Plus tard, le fantôme de cet enfant disparu — à l’âge que la jeune femme aurait eu à ce moment-là si elle n’était pas morte — viendra hanter sa mère, amplifiant le sentiment de culpabilité de cette dernière. Ce personnage « ressuscité » permet de rendre plus tolérable l’horrible réalité et de transcender les douleurs de l’esclavage. Il faut toutefois nuancer, car si on peut considérer que son œuvre est parsemée de réalisme magique, la grande écrivaine imaginait cela différemment. C’est ce qu’a dévoilé Claudine Raynaud, l’auteure du livre Toni Morrison : l’esthétique de la survie (Belin), lors d’un entretien accordé à 20 minutes à la suite du décès de l’auteure : « Elle disait que ce n’est pas tant du “réalisme magique” qu’une façon de mettre en récit la façon dont les Noirs américains perçoivent la vie. Les fantômes et la magie étaient réels pour elle, lorsqu’elle était enfant. Son “réalisme magique” était une manière de se plonger dans la culture noire américaine et de la partager avec les lecteurs. Elle utilisait des procédés narratifs qui permettent d’intégrer l’absence de différence entre les vivants et les morts, cela fait partie du récit. »

 

Mexique
Juan Rulfo (1917-1986)

Parce qu’il joue d’une étrange façon avec la frontière entre la vie et la mort, parce qu’il a inventé sa propre écriture, son propre style et sa façon propre de dire les choses, et parce qu’il use d’une complexité narrative vertigineuse, Juan Rulfo, qui a pourtant très peu publié (on souligne d’ailleurs du coup son recueil Le Llamo en flammes), s’inscrit dans l’histoire mondiale de la littérature, principalement avec Pedro Páramo, publié en 1959 et dont Carlos Fuentes (qu’on aurait d’ailleurs pu vous présenter dans ce dossier également), dira qu’il s’agit de « l’une des plus grandes œuvres du XXe siècle, un classique contemporain ». Des mondes chimériques, des frontières floues, des temporalités qui s’enchevêtrent, des morts qui s’adressent aux vivants : oui, Rulfo usa de quelques ingrédients propres au réalisme magique.

Dans Pedro Páramo, Juan Preciado, le protagoniste, tente de retrouver son père pour lui faire payer l’oubli dans lequel il a laissé sa famille. Mais durant sa quête, ce sont des âmes décédées et vagabondes qui viendront lui raconter ce que son père était, cet homme craint et haï de tous, entrecroisant leurs récits de légendes issues du village où il régnait dorénavant en roi. Ce roman, aux allures parfois postrévolutionnaires et parfois de fête des morts mexicaine, rend hommage aux paysages typiques, arides, de ce pays, sans vouloir les dépeindre en cartes postales. À la parution de Pedro Páramo, Rulfo marqua l’époque d’une pierre blanche et signa la fin de la période du roman révolutionnaire en littérature mexicaine. Toujours selon Fuentes, aucun autre roman n’est comparable « en beauté, profondeur, émotion et savoir littéraire à Pedro Pàramo ».

 

Argentine
Jorge Luis Borges (1899-1986)

Jorge Luis Borges est considéré par plusieurs critiques non pas comme un auteur purement réaliste magique, mais plutôt comme l’ancêtre des fondateurs du genre. Érudit, l’écrivain argentin s’éloigna de l’écriture rationnelle, ayant soif de liberté, d’évasion et d’absolu. Peut-être que la cécité progressive dont il souffrit depuis ses 30 ans l’amena justement à vouloir repousser les limites de l’invisible. En 1955, il devint complètement aveugle. Et même s’il n’apprendra jamais le braille, il ne cessa pas d’écrire pour autant. Cette même année, il fut nommé directeur de la Bibliothèque nationale de Buenos Aires, ce qui lui fera dire ces mots : « Deux cent mille volumes à portée de ma main… sans que je puisse les lire. » L’écrivain Alberto Manguel compta d’ailleurs parmi ses lecteurs pendant quelques années à son adolescence, ce qu’il raconta dans son livre Chez Borges : « Il y a des écrivains qui tentent de mettre le monde dans un livre. Il y en a d’autres, plus rares, pour qui le monde est un livre, un livre qu’ils tentent de lire pour eux-mêmes et pour les autres. Borges était de ceux-là. »

Son œuvre envoûtante et mystérieuse regorge de miroirs, de labyrinthes et de symboles, des éléments qu’on retrouvera ensuite dans les œuvres de ceux qu’on qualifiera de réalistes magiques. Mettant en scène des univers étranges, explorant la mémoire et le temps, Borges réinventa les infinies possibilités de l’imaginaire, notamment dans Le livre de sable, Fictions et L’aleph. C’est aussi à lui qu’on attribue le mythe littéraire de la « bibliothèque de Babel », qu’on peut découvrir dans la nouvelle du même nom dans Fictions, une sorte de bibliothèque infinie qui s’inspire de la nouvelle « La bibliothèque universelle » du mathématicien et écrivain allemand Kurd Lasswitz.

 

France
Carole Martinez (1966-)

Dans l’œuvre de Carole Martinez, tout comme dans celle de Marie Ndiaye d’ailleurs, l’écriture autant que les sujets nous envoûtent. Que ce soient des roses magiques qui ont un petit quelque chose de Jack et le haricot magique dans Les roses fauves, ou encore Dame Verte, une fée des rivières dans La terre qui penche, différents objets ou personnages ne cessent d’avoir à la fois un pied dans la réalité et l’autre dans le merveilleux. Inspirée par les contes, se laissant porter par son imagination et les histoires — légendes ou réalités qui la peuplent —, Carole Martinez n’hésite pas non plus à faire parler les morts, les âmes, sans que cela ne bouleverse qui que ce soit. L’écrivaine dit en entrevue à France Culture — de même qu’elle le fait dire à un de ses personnages dans Les roses fauves — que sa grand-mère est une sorcière, qu’elle guérissait les autres par des prières apprises durant la semaine sainte, qu’elle connaissait qui serait le prochain à aller sous terre aux enterrements. Elle s’attarde également à la symbolique, notamment en arguant qu’un personnage qui boite est un être qui passe les seuils de la vie à la mort, et de la mort à la vie.

Dans son œuvre, Carole Martinez donne voix à des femmes et leur offre les clés pour devenir responsables de leur destin. « Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l’oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi », lit-on dans le roman d’inspiration médiévale Du domaine des Murmures.

Photos
Haruki Murakami : © Iván Giménez / Tusquets Editores / Belfond
Gunter Grass : © Blaues Sofa
Gabriel García Márquez : © Jose Lara
Angela Carter : © Christian Bourgois
Sony Labou Tansi : © Seuil
Isabel Allende : © Lori Barra
Julio Cortázar : © Sara Facio
Toni Morrison : © Mathieu Bourgois
Jorge Luis Borges :© Grete Stern
Carole Martinez : © C. Hélie

 

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