Olivier Rolin : Suite à l’hôtel Crystal

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Des histoires à dormir debout ! C'est ce que nous propose le dernier opus d'Olivier Rolin, Suite à l'hôtel Crystal (Seuil), qui nous entraîne dans différentes chambres d'hôtel situées aux quatre coins du monde. De Tokyo à Buenos Aires, en passant par Budapest, l'auteur nous fait découvrir ces lieux où se trament, selon lui, « des histoires, en général, assez loufoques. » Ces chambres d'hôtel anonymes sont le théâtre de trafics d'armes, de complots, de meurtres, d'histoires d'amour, de baise… l'une d'elles, d'ailleurs, se passe à Montréal.

Entre le roman et le recueil de nouvelles, ce dernier titre contient 43 récits qui « se composent d’une description minutieuse d’une chambre, suivie d’une histoire supposée être arrivée dans ou à partir de cette chambre, explique Olivier Rolin, ce livre est une espèce d’autobiographie fantasmatique, mais je crois surtout qu’il est indéfinissable, qu’il n’appartient à aucun genre, ne ressemble à rien. J’ai mis  » roman  » sur la couverture pour signaler que c’est de la fiction, mais ça n’a pas du tout la forme classique d’un roman. » Ces chambres ne sont ni des lieux de rencontres ni des coins de paradis où l’on peut se couper du monde, « ce sont des lieux banals, décrits avec la précision d’un procès-verbal d’huissier, et à partir desquels se développe une histoire pas banale. La mécanique du livre repose (entre autres) sur ce contraste entre les descriptions très au ras des choses et le côté très déjanté », très délirant, des histoires. »

Ces différents récits sont autant d’occasions pour poser un regard sur l’état du monde, un aspect qui justifie cette course folle dans laquelle l’auteur nous entraîne : « La plupart du temps, les histoires ont évidemment un rapport avec les pays où elles se déroulent, où se trouvent ces chambres. Ainsi se dessine, par petites touches, un portrait du monde quelque peu burlesque. Une caricature, plutôt : c’est un livre très ironique, ludique, pas sérieux. » Dans ces espaces multiples, Rolin fait évoluer des personnages extravagants qui reviennent de façon sporadique d’un récit à l’autre : femme fatale, strip-teaseuse turque, ex-colonel de l’armée soviétique, poète-agent secret syrien, marin grec contrebandier… Une description qui sied également au narrateur lui-même, à en croire Rolin : « Un écrivain aventurier et un peu alcoolique sur les bords, qui porte mon nom, et mourra en 2009 à Bakou (Azerbaïdjan). Celui que j’aurais voulu être, peut-être ? »

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