Collaboration à la sélection : Hélène Simard
Car la langue des érotiques, contrairement à celle de l’État, s’intéresse à ce qui se passe dans les chambres à coucher. Les « foutre » à bouche que veux-tu et leurs versions bien de chez nous sont des danses nuptiales. Cette langue accessoire, qui chatouille et joue de la plume avec style, nous rappelle du même coup qu’il s’agit d’une littérature « sous la jupe ». Le sabir des soupirs est une berceuse à l’usage des grands enfants que nous sommes restés, qui rassure les esprits quant au dérèglement à venir. Citons LA référence, Georges Bataille, dans L’Érotisme : « Il est essentiel à l’homme de refuser la violence du mouvement naturel, mais le refus ne signifie pas la rupture, il annonce au contraire un accord plus profond ». Le langage salé est un semblable rappel de la règle avant la mise au jeu. Pour rompre avec la répétition obligatoire des mots ou des gestes, l’orage doit advenir. Il sera toutefois maîtrisé : on veut certes en mourir, mais par petite mort. La littérature érotique réussie est un plaisir solidaire. Elle communique ce qui ne se dit pas.
La liste qui suit est un sacré méli-mélo. L’œil rigoureux, motivé par une réelle volonté de classement, n’aura certes pas manqué de le remarquer. Il nous paraissait toutefois nécessaire d’embrasser chacune des parties du sujet…