Jane Austen: Une femme et son époque

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Jane Austen n’a que six romans à son actif, et bien qu’elle soitdécédée depuis bientôt deux cents ans, elle demeure l’un desécrivains anglais les plus lus, et ce, encore aujourd’hui. La lecturede ses oeuvres est toujours rafraîchissante: ces histoires sefinissent toujours bien et on ne peut prendre que du plaisir à retracer les touches d’ironie et de mordant qu’elle sème à travers les paroles de ses narratrices ou de ses personnages.

Jane Austen a publié quatre romans de son vivant, probablement les plus connus : Orgueil et préjugés, Raison et sentiments, Emma et Mansfield Park, édités de façon anonyme. Northanger Abbey et Persuasion paraîtront à titre posthume. Encore aujourd’hui, personne ne s’entend pour nommer sa meilleure œuvre.

Personnellement, je vous avoue avoir un béguin pour Orgueil et préjugés et ces héros intemporels que sont Elizabeth Bennet et Mr Darcy. Si vous voulez commencer à lire cette auteure, je vous conseille de choisir celui-là.

La plupart de ses romans se déroulent dans la campagne anglaise, bien que les personnages fassent quelques séjours à Londres. La table est mise pour Jane Austen, qui excelle dans l’art d’étudier et de critiquer les mœurs de ces petites sociétés. La complexité des personnages, qui ne sont ni bons ni méchants, rend captivante la lecture du récit. Tous ont des défauts, des faiblesses, mais l’auteure se donne comme devoir de faire progresser ses héroïnes tout au long de l’histoire, que ce soit par leur réflexion profonde ou leur jugement plus mûr. Et que serait l’évolution des personnages principaux sans l’arrivée de ces personnages secondaires, mais hauts en couleur, qui viennent troubler les habitudes de vie de ses communautés? Mr Collins, dans Orgueil et préjugés, Miss Lucy Steele dans Raison et sentiments et Mrs Elton dans Emma en sont les meilleurs exemples. Ces personnages font en sorte qu’on se mord les doigts, de rage ou de rire, à cause de leur tempérament vulgaire ou mesquin.

Il ne faudrait pas non plus passer sous silence l’écriture claire et nuancée de l’auteure, la richesse de son vocabulaire et la diversité de langage dans les dialogues, selon le personnage qui s’exprime. Quant à son choix narratif, l’auteure nous permet une relecture fascinante de tous ses romans. Prenons comme exemple le livre Emma, dont la narratrice qui n’est pas l’héroïne, adopte le point de vue de cette dernière : il est facile de faire une première lecture et de se faufiler dans le personnage d’Emma, pour ensuite relire le roman et se rendre compte de toutes les bévues que notre héroïne commet à l’aide de la narratrice.

L’intrigue s’élève alors d’un cran et nous révèle une relecture pétillante. Plusieurs critiques ont analysé les romans de Jane Austen en s’intéressant à des thèmes différents : la politique, l’histoire de l’Angleterre, le conservatisme ou le réalisme. J’aime quant à moi m’attarder sur l’opinion de l’auteure et de ses personnages sur la condition féminine et l’éducation des jeunes filles de cette époque. Jane Austen avait accès à la bibliothèque de son père, elle lisait donc beaucoup et a pu se forger un jugement, selon ses propres lectures, sur les opinions qui s’échangeaient lors des discussions familiales. On peut retrouver dans toutes ses œuvres des commentaires sur la parfaite éducation que devrait recevoir une jeune fille. Là vient le sens critique du lecteur qui doit déceler s’il s’agit d’ironie, de moquerie ou de véracité. En fait, le lecteur n’a pas à s’arrêter uniquement sur ce thème. Déceler les touches d’ironie et d’humour fait partie du véritable plaisir que l’on prend à sa lecture.

La famille de Jane Austen a permis l’impression des écrits de jeunesse de l’auteure. En lisant les recueils Juvenilia et Lady Susan, vous aurez la possibilité de retracer tout le travail que pouvait consacrer l’auteure à la psychologie de ses personnages et la correspondance avec ses proches, qui lui ont permis d’améliorer ses héroïnes et ses intrigues. Vous pourrez aussi faire le rapprochement entre ses premiers écrits et ses romans achevés.

Jane Austen ne connut qu’une petite partie de sa gloire de son vivant. Ainsi, deux cents ans plus tard, quelle serait sa réaction de voir son œuvre maintes et maintes fois réimprimée, retraduite et adaptée à l’écran? Elle en ferait probablement une parodie, sous un pseudonyme!

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