Douglas Coupland présente son nouveau livre: Eleanor Rigby

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Avec Génération X, roman désormais culte, Douglas Coupland n’a pas cessé de décrire ses contemporains avec justesse et lucidité; Eleanor Rigby est son dernier-né.

J’ai commencé à réaliser que j’avais en moi une tristesse qui ne me quitterait jamais. C’est une chose avec laquelle je vais, comme nous tous je crois, devoir avoir apprendre à vivre. Je me demande si elle est visible, si les gens peuvent même la remarquer.

Bien sûr, j’ai en moi d’autres choses, mais la tristesse est sans doute mon sentiment dominant, celui que je m’échine le plus à masquer. Devrais-je masquer ma tristesse? Je me demande si ma vie ne se porterait pas mieux si je capitulais, tout simplement. Je continuerais à marcher à travers mes jours la tête basse, le corps reflétant à la perfection la grisaille de mon monde intérieur.

Comme Liz Dunn, la narratrice d’Eleanor Rigby, je crois que nous avons affaire à une femme qui a su trouver une troisième façon de supporter la solitude. Elle ne cherche pas être outrageusement pointilleuse, ni à être vue comme une créature inquiétante. Elle est très franche et radicale dans ses sentiments, presque trop parfois, et le doigté avec lequel elle maîtrise son monde intérieur et le fait apparaître sur son corps peut presque choquer les gens qui l’entourent.

Je crois que ce roman explore l’obstination de notre culture à ne pas vouloir embrasser les accidents de parcours qui parsèment la vie moderne. Et elle le fait d’une manière qui n’est pas portée par l’urgence ou le sentimentalisme.

De tous les personnages que j’ai créés, je crois que c’est Liz Dunn que je préfère, parce qu’elle est la plus brave d’entre tous. Lorsque je me laisse aller à la déprime, j’essaie de me rappeler qu’elle est ma création et qu’il y a bel et bien une part plus intelligente, une part meilleure de moi qui peut naviguer en ce monde avec le sentiment d’avoir trouvé en elle un chemin vers la compréhension et la rédemption.

Merci d’avoir pensé à ce livre. Je ne sais trop comment, mais j’espère qu’à sa manière, il trouvera le moyen de changer votre monde à vous. Je pense que c’est le but que la fiction devrait toujours tenter d’atteindre.

Bibliographie :
Eleanor Rigby, Au diable vauvert, 308 p., 39,50$ Parution fin septembre

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