Alessandro Baricco fait souvent le portrait de personnages mystérieux avec une écriture énigmatique dont le lecteur a envie de percer la musicalité des mots. On peut commencer à lire son œuvre riche et dense par de nombreux romans comme Les châteaux de la colère (1995), Soie (1996), Océan mer (1998), City (2000) et bien d’autres, mais c’est ici un parcours de lecture particulier qui est proposé pour tous ceux qui auraient envie de découvrir, redécouvrir ou étudier à fond cet auteur italien.

Novecento : pianiste (Folio)
Novecento est un personnage profondément attachant, mais difficile à cerner, lui qui est né sur un bateau, qui n’a jamais connu la terre ferme et qui sait inexplicablement jouer du piano. Son histoire est racontée par un homme qui se lie d’amitié avec le pianiste, ce qui fait que le lecteur développe un rapport de proximité avec Novecento. On a envie de savoir ce qu’il y a derrière ce curieux personnage. Ce texte se lit à la fois comme une nouvelle et une pièce de théâtre, puisqu’il s’agit d’un monologue dont l’oralité se double d’une irrévocable beauté.

 

Mr Gwyn (Folio)
Mr Gwyn, un peu comme Novecento, est le personnage central d’une œuvre inattendue à laquelle il prête son nom. Ce personnage se remet en question et amène par conséquent le lecteur à remettre en question sa propre lecture du roman. Mr Gwyn décide de ne plus être romancier, malgré son succès, pour entamer une profession un peu particulière, celle de copiste. Mais il ne veut pas être qu’un simple copiste. Il veut faire le portrait de gens, mais ne parvient à le faire que lorsqu’ils se présentent sous leur jour le plus vulnérable…

 

Trois fois dès l’aube (Folio)
Ce texte entre en continuité directe avec Mr Gwyn. Il s’agit de trois nouvelles qui renvoient aux portraits que Mr Gwyn a précédemment réalisés. Les personnages se croisent d’une nouvelle à l’autre, en trois temps différents, dont l’aube révèle chaque fois une lumière nouvelle. Les personnages vivent dans un « temps anormal », mais « vraisemblable », ce qui crée un effet d’étrangeté propre à l’univers de Baricco.

 

3 fois dès l’aube (Futuropolis)
On peut aller plus loin dans notre lecture de Trois fois dès l’aube en lisant la bande dessinée à laquelle ont collaboré Denis Lapière et Aude Samama. Les personnages occupent une place centrale dans les cases : il y a souvent des zooms avant qui laissent au lecteur le soin de cerner les personnages et des zooms arrièrepour les rendre au contraire plus indiscernables, paradoxalement. Avec la qualité des dessins, l’ambiguïté du monde de Baricco est donc maintenue.

 

Les barbares : Essai sur la mutation (Gallimard)
Dans son essai Les barbares, Baricco dresse finalement le portrait d’une société où entrent en tension la culture classique et la culture populaire. La mutation est ainsi décrite comme une période de transition dans un monde où il est de plus en plus facile d’avoir accès à l’information et où de nouveaux automatismes sont développés par le cerveau humain. À lire pour être à nouveau fasciné par l’écriture de Baricco.

 
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