Pour s’initier à un sujet ou pour le remettre en perspective, pour élargir ses horizons et prendre en considération tous les enjeux d’une même question, l’essai est tout indiqué. Cette saison, la section québécoise en est bien garnie. Que vous vous intéressiez à la politique ou à l’histoire, aux arts ou aux sciences, aux biographies ou aux défis sociaux, il y a de quoi mettre les cerveaux en ébullition.

À surveiller

Les racistes n’ont jamais vu la mer
Rodney Saint-Éloi et Yara El-Ghadban (Mémoire d’encrier)
Dans une ambiance débonnaire et candide d’une conversation entre amis, deux poètes racisés font le récit de leurs expériences intimes et de la traversée de leur pays d’origine au Québec. Ils pensent ainsi, en toute liberté mais sans âpreté, le sujet délicat du racisme, nomment sans ambages les mots tabous et imaginent les avenues lumineuses d’un vivre-ensemble.

 

 

Joséphine Marchand et Raoul Dandurand : Amour, politique et féminisme
Marie Lavigne et Michèle Stanton-Jean (Boréal)
Un diplomate à la rescousse des minorités, une pionnière de la vie littéraire québécoise engagée dans les luttes féministes et leur histoire d’amour commune gravitant autour de l’espoir de voir leurs idéaux triompher en sol canadien : en résulte la biographie d’un couple qui fait l’envie de tous, uni dans les combats nécessaires au progrès du Canada français au XIXe siècle.

 

 

L’Apocalypse durable : Pamphlet à l’usage des écoanxieux pour radicaliser leur famille
Fred Dubé (Lux)
Après Une pipée d’opium pour les enfants, les lecteurs auront la chance de retrouver les savoureuses montées de lait et la nature cabotine, irrévérencieuse et vitriolique de Fred Dubé. Cette seconde « catapulte à marde » est un pamphlet humoristique jetant son dévolu, cette fois-ci, sur nos écoconsciences et leurs absurdités.

 

 

Mythologies québécoises
Collectif (Nota Bene)
Ce collectif, accueillant notamment les plumes de Normand Baillargeon, de Biz et de Martine Delvaux, propose une incursion inédite dans la culture québécoise qui se fait un point d’honneur d’éviter le hockey, la langue française, le goupillon, la soutane et ces autres lieux communs inlassablement évoqués. Captée sous une lunette kaléidoscopique, notre identité y paraît plus riche que jamais.

 

 

 

Pompières et pyromanes
Martine Delvaux (Héliotrope)
Dans ce livre-collage né d’une fascination pour le feu, Martine Delvaux fait une fois de plus le pari de la lucidité, de la franchise et de l’engagement. Elle célèbre une filiation de femmes qui ont su jouer avec le feu, qui ont parfois mis en péril leur vie pour mieux porter le flambeau, qui ont bravement « fait œuvre de feu pour la suite du monde ».

 

 

 

Devenir son propre héros
Le choc engendré par le confinement a bouleversé les repères de plus d’un, mais s’est avéré être un maître important dans la restructuration de nos modes de vie. La boussole du confiné (PUL) de Louis-André Richard tente, au moyen de réflexions philosophiques, de fournir des pistes rendant intelligibles nos vies en confinement afin d’éviter de perdre le nord. Dans Le petit prince et moi (Guy Saint-Jean Éditeur), Stéphane Garnier somme ses lecteurs de fuir les contraintes du monde adulte. Pour ce faire, il s’inspire des enseignements cruciaux de l’œuvre mythique de Saint-Exupéry : faire preuve d’authenticité, s’affranchir du regard des autres, prendre le temps de vivre, savoir aimer et, ultimement, retrouver l’enfant qui sommeille en nous. Trop peu d’entre nous connaissent un quotidien paisible à l’abri des tourments et de l’anxiété de la vie moderne qui se déploie à toute allure. Isabelle Soucy transmet entre les pages de son ouvrage Calme au cœur du chaos (L’Homme) des outils thérapeutiques inspirés des courants de pleine conscience, du yoga et de théories de la psychothérapie afin de développer une attitude sereine et d’atteindre l’équilibre. Sans verser dans l’écomoralisme, Fanny Agostini met à la disposition de son lectorat une série de DIY qui mène à la consommation locale, au soutien de l’agriculture durable et à la lutte contre les dérèglements climatiques. 52 semaines au vert (Solar) est, ni plus ni moins, un programme pour adopter une démarche écologique et renouer avec la beauté du vivant. La peur irraisonnée paralyse et, comble du malheur, empêche l’ouverture à l’autre. Laurent Debaker dévoile les mécanismes de la peur dans Au-delà de nos peurs : Libérez-vous de votre pire ennemi (ADA) et démontre que celle-ci, bien loin d’être immuable, peut et doit être surmontée afin de parvenir au bonheur.

À lire aussi
Yoga, Lyne St-Roch et Brigitte Vaillancourt (Éditions La Presse)
Parler de la mort ne nous tuera pas : Un guide de survie à l’inévitable, Kathy Kortes-Miller (Québec Amérique)
C’est le temps de briller! Outils et conseils pour t’épanouir et être heureuse, Christine Michaud et Isabelle Laflèche (Édito)
Choisir la joie et la liberté : Pour renaître à soi et à l’amour, Christine Michaud (Édito)
Flirter avec soi-même, Vanessa Boulais (Guy Saint-Jean Éditeur)
La guérison des 5 blessures, Lise Bourbeau et Fabrice Midal (Pocket)
Le défi des 100 jours pour réveiller le génie en soi par l’écriture inspirée, Lilou Macé et France Gauthier (Le Dauphin blanc)
Gérer ses différends et ses différences : Une méthode éprouvée pour créer l’harmonie autour de soi, Danie Beaulieu (L’Homme)
De la gentillesse et du courage, Gianrico Carofiglio (Les Arènes)

 

Prendre appui sur le passé
La journaliste et anthropologue Anne Panasuk se lance dans une enquête aussi bouleversante que nécessaire : trouver les enfants attikameks et innus victimes des Oblats de Marie-Immaculée, arrachés à leur famille, agressés, disséminés, adoptés ou décédés. Elle consigne les résultats de ses recherches et donne la parole à des Autochtones qui brisent désormais le silence dans Auassat : À la recherche des enfants disparus (Édito). Serge Fisette lève le voile sur un pan complet de l’histoire du Québec relégué aux oubliettes faute de sa nature autrefois taboue : l’homosexualité. Dans L’homosexualité masculine au Québec (Québec Amérique), essai historique qui s’attarde enfin aux figures homosexuelles marquantes du Québec et aux événements liés à l’homosexualité, Fisette déborde du centre privilégié de l’Histoire afin d’accorder une juste place à ses marges. Avec son ouvrage philosophique Éthique : Aristote à Mandela (Crescendo!), Pierre S. Adjété sonde, de son côté, l’éthique en tant qu’ingrédient nécessaire de la démocratie et de la vie publique. Il offre à penser la façon dont les citoyens exigent et réclament, dans la pratique professionnelle, désintéressement, droiture, intégrité, impartialité, objectivité, honnêteté, loyauté et ces autres postures vertueuses constituant l’éthique. Le Québec : Tournants d’une histoire nationale (Septentrion) fait une embardée dans l’histoire nationale québécoise à partir de huit textes consacrés à ses acteurs et événements clés. Éric Bédard, docteur en histoire de l’Université McGill, y raconte sans ambages ni fioritures les alliances, les retournements, les gestes pionniers et les défilements de circonstances aux fondements de notre peuple. Il est plus que temps d’amorcer un processus de déconstruction des préjugés et de l’imaginaire raciste. L’historienne française Delphine Peiretti-Courtis s’attelle à la tâche et documente, dans Corps noirs et médecins blancs (La Découverte), l’apparition des théories raciales dans les sciences médicales ainsi que la façon dont elles ont servi le projet colonial occidental. Un remarquable document ayant comme trame de fond des événements historiques et politiques obscurs.

À lire aussi
Comment sommes-nous devenus si polarisés, Laurent Desbois (Éditions La Presse)
Histoire de l’humanisme en Occident, Abdennour Bidar (Dunod)
Le triomphe et la chute des dinosaures : Une nouvelle histoire du monde perdu, Steve Brusatte (Québec Amérique)
Gens du fleuve, gens de l’île : Hochelaga en Laurentie iroquoienne au XVIe siècle, Roland Viau (Boréal)
L’anglais en débat au Québec : Mythes et cadrages, Virginie Hébert (PUL)
Duel, Charles-Olivier Michaud (Du Journal)
Un bouquet d’ancêtres. Premiers humains : Qui était qui, où et quand?, collectif (CNRS)
Lady Sapiens, Thomas Cirotteau, Jennifer Kerner et Éric Pincas (Les Arènes)
Intelligence collective : Le succès de Sapiens, Joseph Henrich (MultiMondes)

 

En route vers un monde meilleur
Julien Gravelle, diplômé en philosophie et guide de plein air, est devenu intervenant dans un centre de ressources pour hommes où il a pu observer de près ces derniers qui, à défaut de perdre le contrôle, sombrent dans la violence. Il rend désormais compte de ses réflexions au sujet de la masculinité toxique et de la violence masculine dans Nos renoncements (Leméac). Dans la lutte contre les effets des changements climatiques, il n’y a pas défenseurs plus farouches et essentiels que les jeunes. Naomi Klein dédie son livre-hommage Comment tout peut changer (Lux) à cette jeunesse brave sur laquelle, tout bien considéré, reposent nos espoirs d’aménager un avenir juste où il fera bon vivre. (V)égaux : Vers un véganisme intersectionnel (Somme toute) est un ouvrage polymorphe sous la direction de Marilou Boutet dans lequel douze artistes, poètes, essayistes, philosophes et humoristes allient leur plume. Cette union est née d’une volonté de défendre les droits des animaux, certes, mais aussi de rendre visibles les liens entre luttes humaines et luttes en faveur des animaux; entre spécisme et autres types d’oppression. Dans La philosophie aujourd’hui (Nota Bene), Marco Jean s’efforce de répondre à cette question menaçante qui plane avec inquiétude au-dessus de la formation générale au niveau collégial : à quoi servent les cours de philosophie au cégep? Son ouvrage est un vibrant plaidoyer en faveur de la réflexion philosophique, activité fondamentale de la vie humaine. Normand Cazelais livre, avec L’aide médicale à mourir : Une question vitale (XYZ), un essai sensible et humain issu de recherches, d’observations et d’entrevues captées sur le terrain. Il met le doigt sur les grands enjeux humains qui traversent l’aide médicale à mourir et fait reposer son ouvrage, avant tout, sur le soulagement de la souffrance et la dignité de la personne. Daniel Sioui est bien connu dans le milieu littéraire : il est cofondateur de la Librairie Hannenorak et de la maison d’édition du même nom, de même que de Kwahiatonhk! — Salon du livre des Premières Nations. Voilà qu’il publie cette saison son premier ouvrage : Indien stoïque (Hannenorak), un pamphlet politique, porté par la colère, où l’auteur wendate propose de déboulonner les mythes qui touchent les Premières Nations dans l’esprit des allochtones tout autant que de celui des Autochtones, et où il rêve du jour où chaque communauté sera souveraine chez elle.

À lire aussi
Plaidoyer pour une refonte pressante des cégeps, Philippe Moutillet (Crescendo!)
Ça commence avec une personne. Jeunes pour le climat : Le roman d’une génération, Yann Perreau (Denoël)
Réinventer l’amour : Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles, Mona Chollet (Zones)
Réinventer le masculin, Ferdinand Richter (Robert Laffont)
Une vie sur notre planète, David Attenborough (Flammarion)
Les incasables, Rachid Zarrouki (Pocket)
Panser le passé, penser l’avenir : Racisme et antiracismes, Rachida Azdouz (Édito)
Corps rebelle : Réflexions sur la grossophobie, Gabrielle Lisa Collard (Québec Amérique)
Le privilège de dénoncer, Kharroll-Ann Souffrant (Remue-ménage)
Le contrat mondial : Pour en finir avec la crise des classes moyennes, Denis Payre (First)
L’engagement pousse là où on le sème : Le Carré Casgrain, de jardin ouvert à collectif citoyen, Laurence Bherer, Geneviève Cloutier et Françoise Montambeault (Écosociété)

 

Pour satisfaire la curiosité
Le mois d’août nous réserve une méditation sur l’évolution de la société québécoise signée par François Sirois, psychiatre retraité et philosophe. Vivre au Québec (Alias), sans prétendre faire œuvre de spécialité, cherche à saisir notre présent opaque en prenant appui, notamment, sur des indices d’apparence anecdotique et des schèmes du passé. Noam Chomsky et Marv Waterstone brossent le portrait des subtils liens entre la fabrique du sens commun et le pouvoir dans Les conséquences du capitalisme (Lux), ouvrage tiré d’un cours qu’ils ont enseigné conjointement à l’université de l’Arizona. Ils fournissent ainsi un authentique manuel de défense intellectuel à ceux qui souhaitent voir s’effondrer les structures néfastes du capitalisme. Que veulent les véganes? (Fides), rédigé par Alexia Renard et Virginie Simoneau-Gilbert, explore les dimensions philosophiques, historiques et sociologiques de la cause animale. Elles se défont de ses caricatures, rejettent ses parodies du revers de la main et rappellent sa nature essentielle en tant que véritable lutte sociale et politique. Le nouvel opus de Nicolas Lévesque, Ptoma : Un psy en chute libre (Varia), expose le fil de la pensée de l’auteur sans langue de bois. Laissez-vous porter par des réflexions fécondes, nées de sa pratique de psychologue et de psychanalyste, au sujet du temps, de l’amour, de l’art, de la pandémie, du deuil et du rêve. Dans Le deuxième corps (Écosociété), Karen Messing mène une enquête nécessaire : pourquoi, sur le marché du travail, le corps des femmes, leurs tâches, leur valeur, leur rôle social sont-ils relégués au second plan? La prolifique chercheuse sur la santé au travail, ergonome et généticienne nous présente les résultats de ses recherches sur le terrain.

À lire aussi
Le Québec et ses autruis significatifs, collectif (Québec Amérique)
L’économie psychique, Alain Deneault (Lux)
Le mode de vie impérial : Vie quotidienne et crise écologique du capitalisme, Ulrich Brand et Markus Wissen (Lux)
La face cachée du grand monde des microbes : Et pourquoi nous leur devons tant, Boucar Diouf (Éditions La Presse)
Victor et moi : Enseigner pour se venger, Jean-Marc Limoges (Boréal)
Intervention collective et développement des communautés : Éthique et pratiques d’accompagnement en action collective, Denis Bourque et Clément Mercier (PUQ)
British Blues : Fractures, grandeurs et misères d’un royaume désuni, Claude Lévesque (Somme toute)
Le capitalisme sera au peuple ou ne sera plus, Laurence Boone (Robert Laffont)
Les défis de l’intelligence artificielle : Un reporter dans les labos de recherche, Jérémie Dres (First)
Toutes ces réponses sont bonnes : Quand les enfants nous font la leçon en mathématiques, Jérôme Proulx (MultiMondes)
La promesse de Juliette, Mustapha Fahmi (La Peuplade)

 

Raccourcis vers une vie plus simple
Julia Pietri, militante féministe, dédie son Petit guide de la masturbation féminine (Guy Saint-Jean Éditeur) aux femmes qui souhaiteraient se réapproprier leur sexualité librement, mais également aux hommes qui désireraient mieux aimer, mieux appuyer ces dernières. Une ode à la sororité, une offrande à l’extase féminine et un outil anatomique dont tout un chacun pourrait bénéficier. Réseau structurant du transport en commun ou troisième lien : telle est la question. L’enjeu du transport dans la région métropolitaine de Québec engendre inévitablement des opinions polarisées puisqu’il découle de visions de l’avenir diamétralement opposées. Dans Comment survivre aux controverses sur le transport à Québec? (Septentrion) Jean Dubé, Jean Mercier et Emiliano Scanu éclairent, dans une langue limpide, les avantages et les inconvénients des avenues s’offrant à nous. Les autrices du collectif Les mauvaises herbes sont de retour avec Remue-ménage (L’Homme), une nouvelle bible DIY adressée à ceux qui accordent un soin aussi attentif à leur demeure qu’à la planète. Armées d’une approche minimaliste, non culpabilisante et d’une dizaine d’ingrédients rudimentaires, elles guident pas à pas leurs lecteurs dans la confection de produits ménagers maison. En temps de crise, Stéphane Desjardins répond à une question qui semble tourmenter le quotidien de plus d’un : comment se sortir la tête de l’eau et reprendre le contrôle de ses finances? S’en sortir quand tout va mal (Du Journal) vous outille afin de surmonter les impasses budgétaires qui se dressent sur votre chemin en proposant des solutions simples, des astuces efficaces et des exemples tangibles. La pandémie a insufflé en nous deux envies voraces difficilement mises en sourdines lors du confinement : voyager et festoyer. L’ouvrage Randos bière au Québec (Québec Amérique) de Bianca Pomerleau permet d’apaiser ces deux désirs simultanément. L’autrice du blogue La grande découverte propose 40 accords « randonnée-bière » où chaque sentier majestueux aboutit sur une microbrasserie locale; où chaque rando mène inexorablement à l’apéro.

À lire aussi
Destination Caraïbes en voilier, Lise Hérard (Éditions Sylvain Harvey)
Sept clés pour (s’)entreprendre, Christophe Schmitt (PUQ)
Je suis pas cheffe, pis toi non plus, Geneviève Pettersen (Guy Saint-Jean Éditeur)
On SEXplique ça! Parler franchement de sexualité avec son ado, Isabelle Arcoite, Laurence Desjardins et Annabelle Gauthier (L’Homme)
Ajoute un zéro : Comment fixer ses prix et s’enrichir quand on est travailleur autonome, Alexandra Martel (Guy Saint-Jean Éditeur)
Le guide Georges des spiritueux du Québec, Ronald Georges (Les Malins)
Guide total survie en forêt, Tim Macwelch et les rédacteurs d’Outdoor Life (Modus Vivendi)
Pour une langue sans sexisme : Petit traité pratique pour un usage quotidien, Céline Labrosse (Fides)

 

Des vies dévoilées une page à la fois
Véronique Leduc offre un livre-compagnon pour tenir la main de ceux qui souhaitent avoir des enfants, mais n’y parviennent pas. Infertilité : Traverser la tempête (Parfum d’encre) est un bricolage intime et informatif au sujet de l’infertilité qui ne tait rien : ni les maladresses et l’incompréhension des proches, ni le sentiment de culpabilité qui envahit les pensées, ni l’épuisement, ni les idées sombres, ni les cris contre l’injustice, ni les élans d’espoir suivis des effarantes déceptions. Avec Deux grandes dames : Bertha Wilson et Claire L’Heureux-Dubé à la Cour suprême du Canada (PUO), Constance Backhouse sonde la nomination judiciaire des premières femmes juges à la Cour suprême du Canada qui provoque, dans les années 80, un ravissement chez les féministes et un désespoir parmi l’establishment juridique. Blackhouse soulève, en filigrane du parcours de ces pionnières, une question brûlante : quelle part du sexisme légal est une affaire classée et quelle part continue de nous hanter? Valérie Caron consigne, dans Une année en congé (Hurtubise), une myriade d’anecdotes cocasses, d’instructions détournées et d’historiettes tirées du quotidien de jeunes mères en congé de maternité. En résulte un tour d’horizon désinvolte et bienveillant, exposant en toute transparence le congé de maternité comme le parcours sinueux qu’il est véritablement. Quoi de mieux qu’une recette savoureuse et un air entraînant pour vaincre le marasme ambiant? Accordant habilement une fois de plus mélomanie, art culinaire et anecdotes amusantes, Marc Hervieux revient à la charge avec Bon vivant! (Flammarion), dont le premier opus a remporté le titre de « Best in the World » aux Gourmand World Cookbook Awards. Laure Morali est passée maître dans la transmission d’histoires porteuses de souffles anciens. Sa quête lumineuse d’unir les auteurs du Québec et des Premières Nations se poursuit avec En suivant Shimun (Boréal), qui propose une embardée sensible et vibrante au cœur de la communauté innue.

À lire aussi
Gorgée! La vie trop courte de Roberto « Bob » Bissonnette, Marc Brassard (L’Homme)
Zabé par Rusk, Kim Rusk (La Semaine)
La vie, ma muse, Sophie Faucher et Pierre Brassard (Édito)
Les routiers sont sympas, Rachel Kushner (Stock)
Itinéraire d’un policier intrépide, Denis Côté et Geneviève Lefebvre (Du Journal)
L’homme-chevreuil, Geoffroy Delorme (Guy Saint-Jean Éditeur)
Inspiration au féminin. Les elles du succès : 30 parcours de femmes exceptionnelles!, Karyne Plouffe (Performance)
Se ressaisir : Enquête autobiographique d’une transfuge de classe féministe, Rose-Marie Lagrave (La Découverte)

 

La beauté au creux de l’art
L’art s’est révélé être un pansement pour l’âme solitaire, un havre de paix vers lequel nous nous sommes d’emblée réfugiés alors que tout tournait au vinaigre. Cet art est le centre névralgique de l’ouvrage illustré d’Iain Zaczek Toute l’histoire de l’art (Hurtubise). Des peintures rupestres au street art, il retrace au fil d’une chronologie thématique la fresque grandiose de l’histoire de l’art occidental. L’atelier (Fides) offre quant à lui une traversée artistique et intimiste dans le quotidien de Marc Séguin, splendidement capturé par les photographies de Caroline Perron et Maude Chauvin. Le tout est consigné dans un ouvrage multiforme à l’image des talents de Séguin, dans lequel le lecteur est invité à ajouter son coup de crayon comme bon lui semble. Dans le livre fresque André Major : Entretiens (Boréal), Michel Biron et François Dumont donnent à entendre la voix d’un acteur essentiel de la vie littéraire québécoise. Au travers du regard d’André Major et du mouvement libre de sa pensée se déploie, plus encore, l’histoire collective politique, intellectuelle et artistique du Québec. Sous la direction de Gilles Lapointe et de Louise Vigneault, François-Marc Gagnon et l’art au Québec (PUM) fait l’éloge d’un remarquable critique et historien de l’art français ayant pris pour abri et sujet d’étude l’art canadien. L’ouvrage souligne son indéniable contribution intellectuelle à la discipline ainsi que son apport dans l’essor de la modernité au Québec. Brassens : Auprès de son arbre (Leméac), collectif orchestré par Normand Baillargeon, célèbre l’œuvre musicale et lyrique de Georges Brassens en prenant en compte non seulement son esthétique, mais aussi sa complexité, son influence politique et sa dimension sociale. Le travail créatif du géant de la chanson française n’aura jamais été scruté sous une loupe si protéiforme.

À lire aussi
Hommage à Van Gogh par Gaudreau, Robert Bernier (Éditions Sylvain Harvey)
Écrire pour gouverner, écrire pour contester, Jonathan Livernois (PUL)
Les personnifications du Québec : Entre fiction et théorie, Louis-Daniel Godin (Nota Bene)
Pourquoi écrire va vous rendre heureux, Nathalie Goldberg (Robert Laffont)
Pays barbare, Jérémie McEwen (Varia)

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