Écosociété : une maison à contre-courant

4
Publicité
Les éditions Écosociété occupent une place tout à fait originale dans le milieu du livre québécois. Cela tient avant tout aux origines particulières de cette maison dont le programme éditorial est orienté essentiellement vers une perspective critique de la vision des grands enjeux de nos sociétés, qu'ils soient écologiques, économiques ou politiques.

Fondée en 1992 par l »Institut pour une écosociété — un organisme sans but lucratif dont l’objectif consiste à « mettre en place des instruments et des mécanismes qui favoriseront l’éveil, la réflexion, la discussion et l’action » pour une nouvelle société —, la maison d’édition Écosociété a depuis ce temps fait sa marque. Avec un catalogue de près de cinquante titres, son succès ne se dément pas de même que la qualité des ouvrages publiés. À cet égard, soulignons que c’est grâce à Écosociété que plusieurs écrits politiques de l’intellectuel américain bien connu Noam Chomsky sont devenus disponibles pour le public québécois.

Mondialisation et néolibéralisme : une vision critique

Trois ouvrages parus chez Écosociété résument bien la contribution exceptionnelle de cet éditeur pour débattre des grandes questions de l’heure qui nous concernent tous, pour en suggérer d’abord une analyse critique et, finalement, pour entrevoir une solution de rechange aux problèmes qui sont devant nous.

Dans La globalisation du monde, Jacques B. Gélinas nous propose une excellente introduction, à la fois historique et factuelle, sur le processus de mondialisation. Guidé par un souci de synthèse et une exposition claire des idées, l’auteur présente dans une écriture alerte les fondements et les mécanismes de ce phénomène, tout en attirant notre attention sur les enjeux sociaux du développement globalisé et l’impasse qu’il annonce pour l’avenir de nos sociétés.

Michel Chossudovsky, dans La mondialisation de la pauvreté, se penche quant à lui sur le problème structurel de l’endettement dans l’économie internationale et, notamment, son impact dans les pays du tiers-monde. Dans ce contexte qu’il résume de brillante façon, l’auteur met clairement en évidence les effets désastreux des politiques d’ajustement structurel du FMI et de la Banque mondiale. Accès au financement, modalités de remboursement de la dette et orientation du développement économique forment l’engrenage terrible qui placent plusieurs États dans une situation impossible sous la pression de ces organismes, dignes représentants des intérêts du capital privé international. En prime, Michel Chossudovsky démystifie l’orientation, soi-disant en marge du néolibéralisme, des politiques du Parti québécois.

Qui dit « mondialisation », pense également « néolibéralisme ». C’est sous l’angle de la philosophie politique que L’imposture néolibérale de J.-Claude St-Onge s’attache à découvrir les fondements idéologiques du discours néolibéral à partir des arguments des grands ténors de ce siècle et de leurs prédécesseurs. L’auteur présente de façon succincte et avec un appareil critique pertinent les grands thèmes philosophiques (le marché, la liberté économique, l’État…) qui structurent le discours et la réflexion des économistes qui nourrissent les politiques d’adaptation à la mondialisation. Au-delà des idées, ce petit ouvrage a aussi le mérite de bien montrer le visage réel du « néolibéralisme en action » : il nous fournit des exemples percutants et nous révèle des chiffres effarants. En terminant, J.-Claude St-Onge suggère fort à propos quelques points de repères pour briser le fatalisme et la résignation que nous distille cette « imposture » à travers les prétentions sociales, quasi magiques, de la place du marché dans nos économies.

***

La mondialisation de la pauvreté, Michel Chossudovsky, Écosociété
La globalisation du monde, Jacques B. Gélinas, Écosociété
L’imposture néolibérale, J.-Claude St-Onge, Écosociété

Publicité