Gérald Messadié : Et si c’était lui ?

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S'inscrivant dans la vague d'ouvrages de fiction qui traitent ou dévoilent des aspects méconnus de la religion, le romancier et essayiste Gerald Messadié nous présente Et si c'était lui ? (L'Archipel). Un titre qui contrairement aux précédents ouvrages de l'auteur — on n'a qu'à penser à L'Affaire Marie-Madeleine ou L'Homme qui devient Dieu —, ne remet pas en question l'interprétation que l'Église fait de certains événements relatés dans la Bible, mais propose une vision futuriste du retour du fils de Dieu sur Terre.

Pour Messadié, ce regain d’intérêt pour le sacré trouve son explication dans la pression que subit la société marchande depuis le début du XXe siècle : « Dans la quasi-totalité de l’Europe, il n’y a plus de droite et de gauche ; ces concepts ont complètement disparu. Tous les repères sociaux sont foulés aux pieds, pulvérisés. C’est comme un rouleau compresseur qui avance sur des sociétés qui avaient des siècles d’âge et, tout d’un coup, nous ramène au simple statut de consommateur ou de producteur. » Une situation qui, selon l’auteur, est à l’origine des manifestations d’inquiétude que nous pouvons observer dans la vie courante. À travers cette atomisation de la société, il y a « une atomisation de l’individu qui se retrouve de plus en plus seul et qui, par désarroi et par angoisse, se retourne vers la source fondamentale de sa culture, soit la religion. » De la même façon, Messadié nous rappelle que « la source absolue de toutes les cultures, ce sont les religions, même si elles ont été laïcisées, tempérées et qu’on a ajouté de l’eau chaude ou froide ».

Loin de proposer une leçon de morale, l’auteur nous offre un livre plein d’action qui propose des scènes parfois comiques, parfois pathétiques. À travers les aventures et les péripéties extravagantes qui surviennent autour du représentant céleste, une place a été laissée au lecteur pour amorcer une réflexion : « S’il y a une leçon, c’est une leçon de philosophie », d’avertir le romancier, qui déplore « l’écrasement de nos sociétés et de nos traditions par une culture tellement commerciale du narcissisme, de l’immaturité, qui entraîne une culture de l’irresponsabilité. » Il se dégage de ce roman une représentation d’un fils de Dieu que l’auteur n’a pas voulu élevée au rang de mythe : « Il reste parfaitement humain, même s’il est immanent comme nous le sommes tous, d’une certaine manière. Il est tout à fait et profondément humain, mais avec des pouvoirs surnaturels. » Bien que Et si c’était lui? soit une fiction, Gerald Messadié espère que son livre servira de catalyseur à un débat autour de la foi, de la religion et de l’histoire.

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