À chaque édition de la revue Les libraires, nous vous proposons une sélection de livres qui se glissent facilement dans votre poche. Petit prix et petit format, certes, mais de grandes découvertes et de belles plumes!

Immortel
J. R. dos Santos (trad. Adelino Pereira), Pocket, 656 p., 16,95$
La naissance de deux bébés génétiquement modifiés vient d’être annoncée par un brillant scientifique chinois. Cependant, ce dernier disparaît après sa conférence, ce qui préoccupe la presse internationale, mais aussi les services secrets. C’est le retour du personnage de Tomás Noronha, professeur d’histoire, qui est cette fois sollicité par un homme de la Défense américaine. Le professeur découvrira alors les vrais enjeux des recherches du savant chinois qui travaille sur l’immortalité. Basé sur les réelles avancées de la science, ce thriller scientifique et philosophique explore le futur de l’humanité, l’intelligence artificielle, ses limites, ses conséquences et ses dérives. C’est captivant, confrontant, vertigineux, voire angoissant…

 

Les désordres amoureux
Marie Demers, BQ, 240 p., 11,95$
On suit les tribulations amoureuses de Marianne, qui cumule les déboires amoureux, les amours impossibles, les aventures avec son ex, les baises sans lendemain, les fréquentations sans engagement alors que parfois, elle aimerait peut-être que ça devienne plus sérieux. Elle essaie de comprendre ce qui explique ces déconfitures et ces désillusions. Est-ce sa faute? Sabote-t-elle son bonheur? Elle a « peur d’être trop défectueuse pour l’amour ». À travers l’écriture, la solitude et un voyage en Colombie, Marianne tente de se trouver. Cette quête identitaire et amoureuse est racontée de façon déconstruite, par bribes, avec réalisme, humour et lucidité, et une plume assumée.

 

La mer sans étoiles
Erin Morgenstern (trad. Julie Sibony), Pocket, 758 p., 16,95$
« C’est comme lire plusieurs livres dans un seul… », a écrit le libraire Billy Robinson à propos de ce roman qui rend hommage à la magie de la littérature, de l’imagination et de l’impossible. À la bibliothèque de son université, un étudiant découvre un intrigant livre sans auteur, dont une scène relate, à sa grande surprise, un moment précis de sa propre enfance qu’il n’a jamais raconté. Il entreprend alors de découvrir qui se cache derrière l’écriture de cet étrange bouquin qui semble familier avec son histoire, ce qui l’entraînera dans une quête merveilleuse empreinte de mystères, de labyrinthes, de fables et d’aventures. Avec La mer sans étoiles, l’auteure du roman Le cirque des rêves fignole une œuvre ambitieuse, inventive, onirique et envoûtante.

 

Apeirogon
Colum McCann (trad. Clément Baude), 10/18, 648 p., 17,95$
Ce grand livre, qui a remporté de très nombreux prix, raconte l’histoire surprenante d’un Israélien et d’un Palestinien qui virent leurs destins se croiser à la suite d’un attentat suicide dans lequel ils perdirent tous deux leur fille respective. Colum McCann nous plonge dans le conflit et ses répercussions violentes, mais bâtit le roman sur l’espoir, en proposant une manière de résoudre le problème qui passe par le dialogue et la paix. Grâce à l’association Combattants for Peace, qu’ils créeront en joignant leurs forces, les deux hommes tenteront de faire leur deuil tout en faisant bouger les choses, tout en bouleversant le lecteur pour le conscientiser au passage.

 

L’embaumeur
Anne-Renée Caillé, Héliotrope, 104 p., 15,95$
Ce premier roman d’Anne-Renée Caillé a été inspiré par des anecdotes de son père, qui a pratiqué le métier d’embaumeur alors qu’elle était toute petite. Sans tomber dans le sensationnalisme et le glauque, l’auteure ficelle un récit unique, tricoté des vies de toutes ces personnes dont son père connaît les secrets, décédées parfois trop tôt, parfois de manière surprenante. Le livre est aussi l’occasion de remettre en question notre rapport à la mort et à nos rituels funéraires, sujet sur lequel l’embaumeur et l’auteure ont bien des choses à dire. Anne-Renée Caillé vient tout juste de publier son deuxième roman, Voyances, qui relate les multiples visites faites chez des médiums.

 

Le corps des bêtes
Audrée Wilhelmy, Nomades, 192 p., 12,95$
Dans son troisième roman, Audrée Wilhelmy explore les tabous de l’inceste, dans le milieu bien particulier d’un petit village reculé où tout le monde est lié par le sang. On se plonge dans la vie de la petite Mie, qui développe une fixation sur son oncle, Osip, avec qui elle voudrait pouvoir « faire le sexe des humains ». C’est dans les non-dits et les insinuations que ce livre tire sa force, alors que tous ses personnages nous poussent à nous glisser dans leur univers particulier dans une bestialité souvent choquante. L’auteure originaire de Québec, qui a été finaliste pour de nombreux prix littéraires, sévit de nouveau avec un roman d’une poésie déconcertante, qui ne fait pas dans la dentelle.

 

Nos espérances
Anna Hope (trad. Elodie Leplat), Folio, 400 p., 16,50$
Ce roman de la très sensible autrice britannique Anna Hope (Le chagrin des vivants) nous transporte au cœur d’une amitié formée par trois femmes de 35 ans : la comédienne dont la carrière ne décolle pas, la nouvelle mère dont le couple bat de l’aile et la professionnelle qui n’arrive pas à tomber enceinte. Elles sont toutes différentes et ont toutes leurs saveurs, et c’est là que se situe la richesse du roman. Bien qu’elles aient partagé une maison victorienne à Londres dans les années 1990, ces trois femmes n’auraient pu s’imager prendre des chemins tant parallèles — car c’est aussi l’histoire d’une désillusion. Celle des rêves qui n’ont pas abouti comme elles se l’imaginaient plus jeunes : par rapport à la carrière, au mariage et à la maternité, mais aussi à l’identité. Dans ce récit tissé avec adresse, habilement déconstruit chronologiquement, Hope questionne, encore et toujours, la condition féminine.

 

Un jour viendra couleur d’orange
Grégoire Delacourt, Le Livre de Poche, 282 p., 13,95$
« Il y a toujours une impossibilité dans l’amour, c’est ce qui le rend fascinant. » On peut lire ces mots dans la préface de ce roman, dont le titre provient d’un poème d’Aragon, mettant en scène deux adolescents très différents. Un jeune de 13 ans vit isolé dans son monde imaginaire et organise son univers grâce aux chiffres et aux couleurs. Ce garçon autiste tombera amoureux d’une fille musulmane pendant qu’une indignation gronde dans les rues en France. Humanité et résilience sont au menu de cette œuvre sur la beauté de l’enfance et de l’amour, dans laquelle espoir et colère se côtoient. Soulignons également la nouvelle parution de l’auteur, L’enfant réparé (Grasset), un récit autobiographique sur ses blessures d’enfance et sur son parcours d’écrivain; l’écriture sera réparatrice.

Publicité