La jeune femme et la mer
Catherine Meurisse, Dargaud, 116 p., 39,95$
L’excellente bédéiste et illustratrice de presse Catherine Meurisse propose un voyage dans la nature du Japon, où la culture animiste y laisse sa trace (notamment sous la forme d’un tanuki vivement rigolo qui suivra la protagoniste) et où la beauté, plus grande que soi, confère la sagesse. Inspiré du roman Oreiller d’herbes, de Sôseki Natsume, La jeune femme et la mer raconte l’histoire de deux artistes qui se rencontrent dans une auberge et qui cherchent l’inspiration chacun à leur façon. C’est à la fois drôle, inspirant et poétique.

 

La part merveilleuse (t. 1) : Les mains d’Orsay
Ruppert & Mulot, Dargaud, 156 p., 39,95$
Petite virée dans l’univers du fantastique pour ce duo reconnu. Il met ici en scène des « toutes », ces immenses créatures à la fois belles et étranges qui sont arrivées pacifiquement sur terre sans que les scientifiques puissent expliquer leur présence ni qui elles sont, à part que ce sont des êtres de couleurs variées et de formes hétéroclites qui ne sont pas dotés de parole. Orsay, adolescent sans histoires, devra aller à Paris pour voir un spécialiste : depuis une incartade avec un toute, ses mains devenues difformes semblent maintenant appartenir à cette autre espèce… Sur place, il fera la rencontre d’une militante qui souhaite préserver les toutes devant les autorités qui, elles, veulent les repousser. Questionnements sociaux, réflexions identitaires, dilemmes moraux : voilà ce à quoi vous serez conviés!

 

Un grand-père tombé du ciel
Marc Lizano, d’après Yaël Hassan, Jungle, 88 p., 29,95$
Adaptée du formidable roman d’Yaël Hassan, cette BD est l’outil parfait pour expliquer pourquoi le racisme et l’antisémitisme ne peuvent être tolérés de nos jours. Une jeune fille voit son grand-père jusqu’alors inconnu débarquer dans sa vie, dans sa maison. Le vieux bourru qui ne lui donnera aucune attention au départ se transformera tranquillement au contact de la pétillante petite. Le lecteur comprendra alors que les relations intergénérationnelles ont été brouillées par ce que la guerre a creusé comme cicatrices. En osant créer un lien avec la petite, le papi fera connaître les horreurs du passé pour que le futur en soit exempt. C’est instructif, sans qu’on s’en rende compte, et c’est très touchant.

 

Adieu triste amour
Mirion Malle, Pow Pow, 212 p., 34,95$
Cléo est une bédéiste française, établie au Québec. Cette BD raconte un moment important de transition dans sa vie : alors que son couple bat de l’aile, un épisode charnière lui fait réaliser qu’elle n’a plus confiance en son amoureux. Non sans difficulté, elle choisira de prendre son envol, de se reconstruire grâce à la solitude et à la douceur. Illustré en couleurs, ce roman graphique passe des tons de gris à ceux, invitants et colorés, d’un lever de soleil. À l’instar de la vie de Cléo.

 

Noir burlesque (t. 1)
Marini, Dargaud, 96 p., 31,95$
Véritable polar mêlant mafia, univers des cabarets et voyous, cette BD nous transporte au cœur des années 1950, où seuls les truands — mais aussi les femmes fatales! — imposent leur loi. Avec des touches de rouge parcimonieusement choisies pour venir faire éclat dans la grisaille des ruelles ou de la ville, ce premier volet du diptyque signé Marini offre une narration animée et des cases muettes nombreuses qui laissent parler la sensualité ou la violence des personnages.

 

Chanson noire
Jeik Dion, Glénat Québec, 96 p., 29,95$
Pour la première fois, on retrouve Jeik Dion (Aliss, Turbo Kid) à la scénarisation et au dessin. Il nous entraîne en 1979, auprès d’un couple qui s’installe dans une maison de campagne sise dans un village où, étrangement, tous sont veufs ou célibataires… Si l’ambiance est noire, les couleurs, elles, sont éclatantes et texturées, appuyant avec brio sur les éléments fantastiques, voire psychédéliques, qui se dérouleront en ces lieux : d’étranges voisins trop présents, un arbre maléfique, des cauchemars nombreux, de l’alcool en trop, une éclipse solaire où culmine l’horreur…

 

Le petit frère
JeanLouis Tripp, Casterman, 336 p., 54,95$
JeanLouis Tripp a visiblement trouvé son filon dans la veine autobiographique. Après les deux volets d’Extases, il délaisse le sujet de la sexualité libre pour se consacrer à celui du deuil. Plus précisément à celui de son petit frère, qui est décédé d’un accident de voiture à 11 ans, alors que Tripp en avait 18 et était à ses côtés. Cette BD a été écrite en deux ans et demi, en urgence et par nécessité, écrit l’auteur. Mais s’il y raconte le choc, le bouleversement, la douleur et la culpabilité de l’époque, il s’attarde aussi au fait que, trente ans plus tard, il souhaite reconstruire les trous dans sa mémoire et trouver l’apaisement. Une BD triste, grave, mais si bien menée.

 

Débarqués
André Marois et Michel Hellman, La Pastèque, 104 p., 21,95$
L’un est trisomique et vient de perdre sa mère, l’autre est en fauteuil roulant, s’exprime seulement par l’utilisation de pictogrammes et a une mère en phase terminale d’un cancer. Tous les deux sont réunis, dans une voiture, avec Gil et Jean-Fran, qui doivent les transporter secrètement à plus de sept heures de route, dans un « centre de soins » sur une petite île accessible en chaloupe. Mais avec André Marois au scénario, les choses n’iront pas comme prévu, bien entendu!

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