Journal de bord d’une jeune Iranienne hantée par une vieille folle moralisatrice
Shaghayegh Moazzami (trad. Hélène Duhamel), Çà et là, 208 p., 36,95$
Dans cette BD autobiographique et presque entièrement de noir et de blanc, on découvre combien le poids d’une mentalité conservatrice peut être persistant et ancré en soi, au-delà de ce qu’on aurait cru. Ce récit se déroule alors qu’on suit une jeune Iranienne de 30 ans, dessinatrice de presse, tout juste installée à Montréal. S’il n’a rien de reluisant, il est bourré de portes d’entrée vers des réflexions grandes, que ce soit sur la place des femmes, l’amour, la tradition et les frontières. On y découvre également plusieurs us et coutumes iraniens, présentés avec moult nuances.

 

La baleine bibliothèque
Zidrou et Judith Vanistendael, Le Lombard, 80 p., 25,95$
Voilà un conte moderne qui conserve tout du charme lié à ce type de récit, nous entraînant aux côtés d’un facteur maritime dans la découverte d’une baleine bibliothèque avec qui il se liera d’amitié. Alors que Zidrou scénarise cet hommage à l’amour avec brio, c’est l’excellente et maintes fois primée Judith Vanistendael qui magnifie ce texte de ses illustrations à l’aquarelle et aux crayons de couleur. Une BD pour les adultes qui souhaitent vivre une poignante plongée au cœur du pouvoir des livres et de l’amour.

 

Ours
Ben Queen et Joe Todd-Stanton (trad. Romain Galand), Kinaye, 158 p., 34,95$
Ours est un chien. Un chien-guide qui a à cœur sa mission : prendre soin de son maître. Cependant, lorsqu’à son tour il perdra soudainement la vue, il devra surmonter les épreuves et ses craintes. Durant son aventure, il découvrira avec sensibilité toutes les possibilités que la vie offre, que notre odorat, nos oreilles ou notre toucher permettent de voir. Une histoire sur la richesse de la différence, signée par le scénariste des Cars 2 et 3.

 

Se battre contre les murs
Nicolas Sallée et Alexandra Dion-Fortin, Atelier 10 et La Pastèque, 176 p., 29,95$
Enquête journalistique rapportée sous forme de bande dessinée : voilà la visée de cet ouvrage — tout comme celle des autres de cette jeune collection — qui traite ici du système de justice pénale pour les adolescents par le biais des observations menées sur le terrain par Nicolas Sallée, sociologue spécialiste des enjeux du traitement pénal de la délinquance. Il lève ainsi le rideau sur une unité de garde fermée pour en faire ressortir une structure carcérale qui, de façon inquiétante, semble rater sa cible : la réhabilitation.

 

Petit carnet de solitude
Catherine Gauthier, Station T, 112 p., 22,95$
Avec ses dessins et des collages numériques, l’artiste Catherine Gauthier — qui œuvre aussi sous le pseudonyme de Comme une image — propose ici une œuvre intime en forme de journal d’une peine d’amour. On y lit et y voit l’histoire d’une jeune femme introvertie qui s’ouvre finalement à l’amour, mais qui y perd des plumes. « Sentir que ce n’est pas toujours parfait, mais y croire quand même. » Un roman graphique époustouflant, avec peu de mots mais une histoire forte, contemporaine, et des dessins habilement rendus et à grande teneur poétique.

 

Elle s’appelle Echo (t. 1)
Katherena Vermette, Donavan Yaciuk et Scott B. Henderson, Glénat Québec, 50 p., 19,95$
Une jeune métisse de Winnipeg de 13 ans, vivant loin de sa mère et qui ne « sai[t] rien sur ce que c’est d’être métis », se fait dire par son professeur d’histoire qu’elle peut l’apprendre, qu’elle n’est pas moins métisse parce qu’elle ne connaît pas son histoire. Ainsi, elle l’apprendra ; tout comme les lecteurs. Dans le premier tome de ce triptyque, l’auteure métisse (saluée notamment pour son roman Ligne brisée) aborde la question de la guerre du Pemmican, une lutte méconnue. À la fin de l’ouvrage, un riche dossier documentaire est annexé.

 

Le bal des folles
Véronique Cazot et Arianna Melone, Albin Michel, 136 p., 32,95$
Alors que l’adaptation cinématographique arrive tout juste, voilà que ce roman de Victoria Mas, hautement décoré de prix, prend également vie sous forme de BD. On y entre à la Salpêtrière, un hospice de la fin du XIXe siècle, où annuellement a lieu, à la Mi-Carême, un bal. Les internées — épileptiques, hystériques, maniaques — y sont déguisées, sous le regard amusé des notables de la ville qui sont conviés à ce cirque organisé par le neurologue en chef, qui croit le tout bénéfique pour ses patientes… Mais du lot, ce ne sont pas toutes les femmes qui ont perdu la tête et qui sont prêtes à se soumettre au patriarcat…

 

Polly
Fabrice Melquiot et Isabelle Pralong, La Joie de lire, 152 p., 42,95$
Polly avait à sa naissance une « ziziette », soit des organes génitaux à mi-chemin entre un zizi et une zézette, lit-on sous la plume du dramaturge Fabrice Melquiot. Ainsi, dès son arrivée au monde, Polly devient le centre de l’intérêt, mais aussi des questionnements. Un médecin tranche : ce sera un garçon. Mais voilà qu’à l’âge adulte, il a des doutes, sans pourtant se sentir fille non plus. Voilà un roman graphique dont la touche d’Isabelle Pralong rappelle le trait de Catherine Lepage et qui aborde un thème sensible.

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