Séries – troisième duel : Marie-Hélène Vaugeois contre Jean-Philip Guy

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Ne pleurez pas la fin prématurée de la saison de vos Glorieux : les libraires sont là pour illuminer vos prochaines semaines. Car oui, grâce aux libraires, il y aura de l’action dans les coins de patinoire jusqu’en mai prochain. Cette semaine, la Prodige de Québec, Marie-Hélène Vaugeois de la librairie Vaugeois, affronte le Scintillant d’Ottawa, Jean-Philip Guy de la librairie du Soleil. À vous d’influencer le résultat en votant pour celui ou celle qui vous convainc le plus.

 

Le choix de Marie-Hélène Vaugeois – librairie Vaugeois (Québec)
Pour sûr de France Daigle (Boréal)

La lecture est un moment. Les livres font souvent oublier le temps qui passe. Plusieurs embellissent le quotidien. Après plusieurs mois de fascination/répulsion devant cette brique contenant des passages en chiac et un système numérique rappelant la Bible, je me suis finalement décidé à ouvrir Pour sûr lors de la première belle journée du printemps, celle où on peut enfin lire à l’extérieur avec l’astre solaire chatouillant notre visage. J’ai lu avidement cette journée-là, sourire aux lèvres, enchantée par l’histoire d’une famille toute simple et des nombreuses digressions, le livre parlant autant du Scrabble que de Lacan ou de la langue acadienne.

Quelques jours plus tard, j’ai eu de nouveau une révélation. Je revenais de Montréal lors d’une de mes nombreuses #aventuresorléansexpress, je poursuivais ma lecture, le soleil se couchait, la lumière était magnifique. Pendant quelques secondes, j’ai posé l’œuvre de France Daigle et j’ai réalisé que je vivais un moment parfait! Rien de moins. J’y ai aimé l’érudition de l’auteure, sa curiosité et sa grande habileté à raconter une histoire heureuse dans un cadre complexe qui s’avérait limpide à la lecture. Peu de livres m’ont fait briller les yeux autant que Pour sûr.

Pour sûr
France Daigle
Boréal, 2011

 
 

Le choix de Jean-Philip – librairie du Soleil (Ottawa)
Du mercure sous la langue de Sylvain Trudel (Les Allusifs)

Du mercure sous la langue – qui revivra bientôt dans une nouvelle édition chez Notabilia – est mon livre québécois le plus important. D’abord pour ses qualités livresques. On y suit Frédéric Langlois, pas encore 16 ans, la hanche dévorée par un irréversible cancer des os. Tout se déroule à l’hôpital pendant que Frédéric vit ses derniers jours. Ça pourrait être d’un ennui si ce n’était de la fougue, de la colère de ce garçon qui, au lieu de fuir sa mort, la regarde droit dans les yeux. Loin de lui la fuite vers la religion, vers l’idéal post-mortel. Non, tout du long, il est d’une déchirante lucidité face au destin qui l’attend. On peut reprocher certains passages plus fleuris, mais encore là, c’est la poésie du personnage que l’on attaquerait. Ce vif garçon qui oppose au crépuscule de sa vie la lumière de sa poésie, naïve certes, mais aussi d’une beauté sauvage, presque accidentelle. C’est aussi un livre auquel je suis retourné et qui m’a permis de réfléchir à tous ces gens dans ma famille ou dans mon entourage qui ont aussi eu des vies écourtées par l’infâme crabe. C’est finalement, je dirais, le livre qui a scellé mon destin en tant que libraire, me séduisant d’un coup, par ce magnifique passage : « Je rêvais d’être la Grande Pyramide, invincible et éternel, mais je suis un jardin de porcelaine, sous une pluie de météorites. »

Du mercure sous la langue
Sylvain Trudel
10-18, 2005

 

 

 

 

Pour rappel, voici le concept : trois rondes (quart de finale, demi-finale, finale); huit libraires de partout au Québec ayant chacun sélectionné un incontournable de la littérature québécoise qu’ils sont prêts à défendre coûte que coûte; un public – déchaîné – appelé à voter sur notre page Facebook pour choisir le gagnant de chaque duel. Les séries culmineront avec la grande finale le 24 mai prochain. Sera alors couronné l’incontournable québécois 2017. 

 

 

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En complément :
Le premier duel

 
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