Sept lectures féministes

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Nous emboîtons le pas à la Gazette des femmes qui a eu l’excellente idée de nous inviter à lire, « entre un polar suédois et un roman québécois », un ouvrage féministe, question de nous mettre à la page. Prenons donc plaisir à réfléchir sur les enjeux de la moitié de l’humanité qui concernent tout le monde. Voici sept livres – parce que ça porte chance – sur le féminisme.

 

 

Le deuxième sexe (tomes 1 et 2)
Simone de Beauvoir (Folio)

Résumé : « Comment la femme fait-elle l’apprentissage de sa condition, comment l’éprouve-t-elle, dans quel univers se trouve-t-elle enfermée, quelles évasions lui sont permises, voilà ce que je chercherai à décrire. Alors seulement nous pourrons comprendre quels problèmes se posent aux femmes qui, héritant d’un lourd passé, s’efforcent de forger un avenir nouveau. » 

Extrait : « Les femmes – sauf en certains congrès qui restent des manifestations abstraites – ne disent pas « nous »; les hommes disent « les femmes », et elles reprennent ces mots pour se désigner elles-mêmes; mais elles ne se posent pas authentiquement comme Sujet. »

 

Parole de femme
Annie Leclerc (Babel)

Résumé : Texte-phare d’un nouveau féminisme échappant à la seule récrimination, défi jeté à la face d’une arrogance virile encore inébranlée, appel vibrant à la participation effective des femmes aux affaires du monde, cette parole de femme, lancée comme une promesse en 1974, est aujourd’hui d’une actualité renouvelée.

Extrait : « Si la libération des femmes exigeait la dénonciation de toutes les violences exercées à leur encontre, elle engageait au-delà, et à travers elle, l’affirmation d’une autre conception de la vie ancrée au plus profonde de leur expérience, à laquelle tous, hommes compris, étaient convoqués. »

 

 

Une chambre à soi
Virginia Woolf (10/18)

Résumé : Bravant les conventions avec une irritation voilée d’ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu’à une époque toute récente, les femmes étaient savamment placées sous la dépendance spirituelle et économique des hommes et, nécessairement, réduites au silence. Il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi

Extrait : « Écrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours. Mais sacrifier un cheveu de la tête de votre vision, une nuance de sa couleur, par déférence envers quelque maître d’école tenant une coupe d’argent à la main ou envers quelque professeur armé d’un mètre, c’est commettre la plus abjecte des trahisons. »

 

Histoire de l’art d’un nouveau genre
Anne Larue (Max Milo)

Résumé : Il y a eu le genre masculin pendant bien longtemps. Mais aujourd’hui, on sait que ce n’était pas un homme seul, le génial « peintre des cavernes », qui réalisait les décorations des grottes préhistoriques, mais des groupes, de surcroît majoritairement féminins. On sait qu’un soi-disant « grand maître » n’était jamais qu’un patron d’atelier, que les épouses et les élèves étaient en réalité de vraies artistes, masquées par l’hypocrisie de leur temps. La Renaissance et toutes les autres époques regorgeaient de pictoresses extraordinaires! Le temps est venu de chasser beaucoup d’idées reçues sur l’histoire de l’art.

Extrait : « Et si c’étaient les femmes les sculptrices des statuettes féminines paléolithiques? En l’absence de tout miroir, elles se seraient sculptées elles-mêmes telles qu’elles se voyaient, enceintes, peut-être pour conjurer les aléas de l’accouchement. Cette seule hypothèse fragilise tout l’édifice de l’histoire de l’art et le mythe dominant de « l’homme » préhistorique, merveilleux peintre et sculpteur depuis les premiers temps de l’humanité. »

 

L’abécédaire du féminisme
Idée originale : Marie-Louise Arsenault  Textes : Noémie Désilets-Courteau  Illustrations : Sarah Marcotte-Boislard (Somme toute)

Résumé : L’équipe de Plus on est de fous, plus on lit! a mis sur pied en 2013, un segment baptisé L’abécédaire du féminisme, dans le but de produire un discours dissonant face à celui qui dominait à l’époque. […] Le segment radiophonique fait maintenant le saut sous la forme d’un livre joliment illustré en conservant le ton souvent joyeux emprunté par les 25 femmes (et l’homme!) invitées à participer à l’exercice radio.

Extrait : « Hystérie est un mot important parce qu’il a servi à contrôler les débordements des femmes. En fait, l’hystérie est un diagnostic un peu fourre-tout qui maintenant n’existe plus, mais l’idée est restée : tout de suite, on va accuser les femmes d’être hystériques dès qu’elles s’indignent. Une femme doit être régulée, réglée. Il faut donc contrôler l’utérus pour régler la femme. L’hystérie a été un des diagnostics utilisés pour enfermer les femmes : des filles désobéissantes ou un peu trop frivoles, des prostituées, des veuves qui souffraient de solitude… Tous les prétextes étaient bons pour enfermer les femmes. Alors qu’on va parler d’artistes maudits quand il s’agit des hommes, on va parler d’hystériques pour désigner les artistes femmes. » (Martine Delvaux)

 

Manuel de résistance féministe
Marie-Ève Surprenant (Remue-ménage)

Résumé : Celles qui s’affirment comme féministes, ou qui réclament simplement plus de justice sociale, deviennent vite la cible de critiques et d’attaques. Le féminisme crée la polémique et on demande sans cesse aux femmes de le justifier. L’égalité serait déjà atteinte. Les luttes des femmes seraient dépassées, il faudrait maintenant s’inquiéter des hommes… Et quoi encore? Tous ces blocages prennent forme dans un imaginaire collectif patriarcal, ignorant de l’histoire des femmes et contaminé par de tenaces préjugés. Or, les inégalités persistent et, pendant que nous nous expliquons, nous ne nous y attaquons pas.

Ce manuel de survie en milieu hostile arrive à la rescousse de celles qui veulent des arguments pour ne plus trahir leurs idées et des stratégies pour riposter à leurs adversaires. 

Extrait : « Continuons de nous indigner et de lutter contre toutes les oppressions, de nous réapproprier et de transmettre l’histoire de nos luttes, de renforcer nos alliances et nos solidarités, de célébrer nos victoires. Et surtout, demeurons convaincues que nous avons le pouvoir de changer le monde! »

 

 

Le carnet d’or
Doris Lessing (Le Livre de Poche)

Résumé : La jeune romancière Anna Wulf, hantée par le syndrome de la page blanche, a le sentiment que sa vie s’effondre. Par peur de devenir folle, elle note ses expériences dans quatre carnets de couleur. Mais c’est le cinquième, couleur or, qui sera la clé de sa guérison, de sa renaissance. 

« On ne dira jamais assez combien ce livre a compté pour les jeunes femmes de ma génération. Il a changé radicalement notre conscience. » J.C Oates

Extrait : « Je me rappelle la sensation de la délicate pression de sa main au creux de mes reins, et je me rappelle avoir songé que, vivant en groupe comme nous le faisions, ces brusques attirances pouvaient surgir et s’estomper en un instant, laissant derrière elles une tendresse, une curiosité insatisfaites, et un sentiment de perte légèrement douloureux, mais pas déplaisant et je pensai que c’était peut-être toute cette peine tendre des possibilités irréalisées qui nous liait. »

 

Les résumés sont ceux des éditeurs.

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