Séries – première demi-finale : Shannon Desbiens contre Audrey Martel

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Après une ronde de duels enlevants, les séries des libraires se poursuivent avec la première demi-finale. Ce rendez-vous s’annonce épique, alors que la libraire d’excellence de l’année, Audrey Martel, alias la Superbe de Trois-Rivières, rencontre son prédécesseur, Shannon Desbiens, l’Étoile de Chicoutimi. Cette fois, nous avons demandé aux deux libraires de sélectionner des citations extraites de l’œuvre qu’ils défendent afin de vous convaincre de la pertinence de leur choix. Laissez-vous séduire par les mots de Guy Lalancette et Michel Tremblay, puis allez voter pour votre œuvre préférée.

 

Le choix de Shannon Desbiens – librairie Les Bouquinistes (Chicoutimi)
La conscience d’Éliah de Guy Lalancette

Extrait 1 :
« Je suis la conscience d’Éliah Pommovosky. C’est entendu mais ce n’est pas si simple, cette connaissance de soi avec tout ce qui lui échappe. »

Extrait 2 :
« Et moi, je suis cette conscience d’Éliah Pommovosky. En fait, je ne suis pas “toute” la conscience d’Éliah Pommovosky, je n’en suis qu’une part, la plus importune, la plus obstinée, celle dont Éliah ne veut pas, celle qu’il se refuse à reconnaître […] cette intrusion née d’une fracture ouverte dans sa vie, une vieille blessure, une cassure de l’enfance jamais réduite. »

Extrait 3 :
« Quand on l’a trouvé, Éliah Pommovosky, on a cru que le foulard qu’il portait au cou faisait partie de ses vêtements comme c’est souvent le cas l’hiver à cause du froid et de la neige. À bien y regarder, au nœud coulant qu’il y avait, on a su ou on a cru savoir. Ça ressemblait beaucoup à une pendaison qui est souvent un suicide. 

À moins que… »

Extrait 4 :
« Ce n’était pas qu’il détestât Gabriel, au contraire, et c’était justement ce qui le torturait, qu’on puisse croire qu’il l’aimait et que cette amitié portât à confusion. La même confusion qui ne le lâchait plus depuis l’accident du bosquet, la semaine précédente, et peut-être depuis ce sourire de Gabriel penché au-dessus de lui au premier soir de leur rencontre. Contre toute logique, il craignait que la sensation qu’il avait gardé du baiser fût visible pour tous, un secret éventé, un aveu public. Si Éliah ne put s’empêcher de maudire l’attirance qu’il éprouvait envers Gabriel, il ne pouvait que reconnaître son impuissance à y résister. »

 

La conscience d’Éliah
Guy Lalancette
VLB éditeur, 2009

 
 

Le choix d’Audrey Martel – librairie l’Exèdre (Trois-Rivières)
Un ange cornu avec des ailes de tôle de Michel Tremblay (Leméac)

Extrait 1 :
« – Chu ben contente que t’aimes lire, Michel, mais si c’est la lecture qui te rend malade comme ça, j’vas t’acheter un bâton de hockey pis tu vas aller te faire des muscles! »

Extrait 2 :
« Pendant ce temps-là, je m’habituais à tenir des livres serrés contre moi. Je me surprends encore souvent, à cinquante et un ans, surtout quand le volume est pesant, au milieu de ce geste automatique, ce tic, presque, que j’ai, et chaque fois j’ai un sourire intérieur pour Olivine Tremblay qui m’a appris à me promener dans la rue en tenant sur mon cœur tout le savoir du monde. »

Extrait 3 :
« Mais je n’ai pas vu le soleil se lever sur le rocher Percé, ce matin-là; je dormais profondément, les deux volumes de Bonheur d’occasion serrés contre moi. J’avais trouvé la première idole de ma vie issue de mon propre pays et aucun paysage, fût-il le plus grandiose du monde, ne pouvait rivaliser avec l’impression de bien-être que je ressentais. »

Extrait 4 :
« On dit que désirer est plus jouissant que posséder. C’est faux pour les livres. Quiconque a senti cette chaleur au creux de l’estomac, cette bouffée d’excitation dans la région du cœur ce mouvement du visage – un petit tic de la bouche, peut-être un pli nouveau au front, les yeux qui fouillent, qui dévorent – au moment où on tient enfin le livre convoité, où on l’ouvre en le faisant craquer mais juste un peu pour l’entendre, quiconque a vécu ce moment de bonheur incomparable comprendra ce que je veux dire. Ouvrir un livre demeure l’un des gestes les plus jouissifs, les plus irremplaçables de la vie. »

 

Un ange cornu avec des ailes de tôle
Michel Tremblay
Leméac, 1994

 

 

 

 

Pour rappel, voici le concept : trois rondes (quart de finale, demi-finale, finale); huit libraires de partout au Québec ayant chacun sélectionné un incontournable de la littérature québécoise qu’ils sont prêts à défendre coûte que coûte; un public – déchaîné – appelé à voter sur notre page Facebook pour choisir le gagnant de chaque duel. Les séries culmineront avec la grande finale le 24 mai prochain. Sera alors couronné l’incontournable québécois 2017. 

 

 

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En complément :
Le premier duel

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