Séries – premier duel : Jeremy Laniel contre Shannon Desbiens

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Les séries des libraires commencent en grand alors que la Terreur de Rosemère, alias Jeremy Laniel, lauréat du Prix d’excellence de l’Association des libraires du Québec en 2015, affronte son successeur au même titre, Shannon Desbiens, l’Étoile de Chicoutimi. Les deux, grands lecteurs passionnés par leur métier, ont choisi leur angle d’attaque : attention, ils patinent vite!

 

Le choix de Shannon Desbiens – librairie Les Bouquinistes (Chicoutimi)
La conscience d’Éliah de Guy Lalancette

Ce livre est probablement le premier ouvrage québécois que j’ai adopté lors de ma première année en librairie et, encore aujourd’hui, c’est un titre que je conserve non loin lorsqu’il est temps de suggérer une valeur sûre. Sans dentelles ni fioritures, avec une écriture brute, La conscience d’Éliah nous rentre dedans morceau par morceau pour livrer un tableau final qui nous jette au bas de notre chaise. C’est à la fois un polar, à la fois un drame psychologique, mais c’est surtout un roman dur qui n’épargne personne. C’est parfaitement écrit : tout est à sa place! On mange les coups de poing successivement sans voir le prochain arriver. Guy Lalancette est un écrivain qui ne lésine pas à couper dans son manuscrit jusqu’à obtenir un texte épuré, mais efficace. Récipiendaire de quelques prix pour des nouvelles littéraires, Guy Lalancette reste pour moi un auteur qui mérite d’être mieux reconnu au Québec. Avec Les yeux du père, Il ne faudra pas tuer Madeleine encore une fois, Un amour empoulaillé ou le très touchant Le bruit que fait la mort en tombant, il n’a plus à faire ses preuves pour obtenir sa place au Panthéon des auteurs incontournables!

 

La conscience d’Éliah
Guy Lalancette
VLB éditeur, 2009

 
 
Le choix de Jeremy Laniel – librairie Carcajou (Rosemère)
Les enfants du sabbat d’Anne Hébert
 

L’œuvre d’Anne Hébert est en soi l’une des pierres d’assises de la littérature québécoise. Avec des romans comme Kamouraska ou Les fous de Bassan, la romancière aura marqué un jalon important de notre imaginaire littéraire, une empreinte qui percole encore aujourd’hui chez ceux qui ont pris sa relève. Trop souvent, par contre, lorsqu’on aborde Anne Hébert, on passe sous silence son livre le plus marquant, son roman le plus libre, son œuvre la plus singulière : Les enfants du sabbat. En plein cœur du couvent des dames du Précieux-Sang, sœur Julie de la Trinité – alors novice dans la congrégation – sera éprise de visions la transportant dans cette cabane, au milieu de la forêt, près de la montagne de B… S’entremêlent alors de façon envoûtante sorcellerie et ésotérisme, alors que la romancière nous amène des ténèbres aux enfers dans une proposition qui a de dichotomique que le Bien et le Mal tellement le roman lui-même est un maelström dans lequel Hébert embra[s]se des libertés langagières et syntaxiques qui surprennent, fascinent et déstabilisent. Les valses morales sont légion dans ce lieu cloîtré où le démon s’invite autant qu’il est le bienvenu, justifiant sur son passage la rigueur et l’intolérance des supérieures. Les enfants du sabbat est une immense fête littéraire à la fois inquiétante et jouissive où Hébert emprunte le sentier sinueux de la littérature fantastique, où elle transgresse les frontières du réel et du fantasmé, pour nous offrir un roman écrit à même le sang des interdits, où les ogres et les sorcières sont de ceux avec qui on souhaite célébrer.

 

Les enfants du sabbat
Anne Hébert
Boréal, 1995

 

 

 

 

Pour rappel, voici le concept : trois rondes (quart de finale, demi-finale, finale); huit libraires de partout au Québec ayant chacun sélectionné un incontournable de la littérature québécoise qu’ils sont prêts à défendre coûte que coûte; un public – déchaîné – appelé à voter sur notre page Facebook pour choisir le gagnant de chaque duel. Les séries culmineront avec la grande finale le 24 mai prochain. Sera alors couronné l’incontournable québécois 2017. 

 

 

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