12 auteurs de la rentrée dont il faut relire l’oeuvre

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La rentrée littéraire 2015 s’annonce riche en belles découvertes. Parmi celles-ci, nous avons sélectionné douze auteurs qui reviennent, après plusieurs ou peu d’années d’absence, avec un nouveau livre cet automne. Entre temps, nous vous proposons de relire l’un de leurs ouvrages précédents, question d’être prêts pour leur nouveauté! Pour ce « 12 août, j’achète un livre québécois », soyez prêts! 

 

Daniel Grenier
Jeune trentenaire, Daniel Grenier a fait sensation lors de la sortie de Malgré tout on rit à Saint-Henri (Le Quartanier), un recueil de nouvelles qui fait la part belle à ce secteur de Montréal où l’industriel y côtoie la nouvelle bourgeoisie. Cet automne, on attend avec impatience L’année la plus longue, dont on parle déjà comme du grand coup de 2015, dont on s’arrache déjà les exemplaires hors commerce mis à la disposition des libraires ou des médias et dont l’éditeur n’a que des éloges à en dire. En attendant de vous procurer ce titre prometteur, plongez dans l’univers de Grenier avec Malgré tout on rit à Saint-Henri, que Stanley Péan avait encensé dans l’une de ses chroniques :

 « Il y a ici un petit quelque chose qui rappelle Boris Vian, dans cette façon qu’ont certains personnages d’exposer crûment leur hargne pour le monde qui les entoure. À cette différence près que les histoires de Malgré tout on rit à Saint-Henri sont profondément ancrées dans la réalité québécoise contemporaine – ne serait-ce que par le recours à l’oralité de l’ici-maintenant. En ce sens, sans doute serait-il plus approprié de rapprocher la manière de Daniel Grenier de celle de Samuel Archibald, dont le magistral Arvida (également publié au Quartanier) est en passe de s’imposer comme un jalon important de l’Histoire de nos Lettres. »

Lire la chronique : http://revue.leslibraires.ca/chroniques/litterature-quebecoise/clairs-obscurs-maritimes-ou-urbains

 

Catherine Leroux
Ceux qui aiment Catherine Leroux n’en démordent pas : tout ce qu’elle touche se transforme en chef d’œuvre. Elle a d’abord ravi ses admirateurs avec La marche en forêt, publiée en 2011, puis a récidivé en 2014 avec Le mur mitoyen, qui a remporté le Prix France-Québec. C’est ce titre que nous vous conseillons de lire avant de vous plongez dans l’intriguant Madame Victoria, à paraître chez Alto le 29 septembre.

Alexandra Mignault, chargée de projets aux Librairies indépendantes du Québec, en a dit : « Encore une fois, l’auteure de La marche en forêt éblouit par son imagination et par sa plume. Cet ambitieux roman met en scène avec humanité et sensibilité des personnages qui ressentent le vertige. La vie puissante et poétique les fait tanguer. Cette œuvre sublime explore les failles, les désirs et la complexité des êtres, les liens qui unissent les gens, ce qui les rapproche et les éloigne. De ce roman intrigant, foisonnant, magique et tendre émane une grande beauté. »

 

Stéphane Dompierre
Si les femmes ont lu et aimé Dompierre, plusieurs hommes se sont rapidement reconnus dans ces chroniques d’un célibataire de la génération des 25-35 ans du Plateau-Mont-Royal et se sont mis à la lecture grâce à lui. C’est ainsi qu’Un petit pas pour l’homme, suivi de Mal élevé, ont connu un franc succès. Cet automne (le 23 septembre), il nous offrira Tromper Martine, qui s’inscrit justement dans cette trilogie (ce qui n’était pas le cas de son plus récent roman, Stigmates et BBQ). C’est cependant un titre un peu moins connu que nous vous proposons, un roman un peu trash, avec des pirates, des aventures et, bien sûr, un brin d’amour!

Pour la revue Les libraires, la journaliste et auteure Florence Meney avait écrit ceci de Morlante :

« Morlante se lit d’un trait: c’est une mine explosive d’action et d’humour que vous trouverez sous le pavillon Coups de tête, la maison d’édition de Michel Vézina. […] Dans la cale d’un bateau anglais, Morlante poursuit tranquillement sa carrière d’écrivain. On ne l’emploie pas pour son talent à raconter des histoires ou sa calligraphie soignée: quand le navire est la cible des pirates ou d’une armée ennemie, il range sa plume, sort ses machettes et rentre dans le tas. Après tout, on ne marque pas son époque en écrivant des livres, mais en tranchant des gorges. »

Pour lire l’entrevue complète avec Dompierre : http://revue.leslibraires.ca/entrevues/litterature-quebecoise/stephane-dompierre-des-vertus-liberatrices-du-massacre

 

Patrick Isabelle
Il a connu un succès fulgurant avec Eux, son roman pour adolescent – véritable coup de poing en plein ventre – qui traitait avec brio d’intimidation et avait récidivé avec La danse des obèses, un roman cette fois destiné aux adultes. Cet automne, il publiera, toujours chez Leméac, Camille, un roman pour ado qui aborde la question de violence conjugale. Mais c’est son tout premier roman, Bouées de sauvetage, qu’on vous conseille de lire.  

Florence Lincourt, de la librairie Lincourt, en a dit :

« Prisonnier d’un entre-deux » et « impuissant » : voici Victor. Ce personnage attachant vit une période trouble et errante. Il se sent désemparé, frustré, mais dans sa tête de onze ans, ce qu’il réfléchit! Il vit ses premières expériences : un premier baiser, une première cigarette, un plan pour une éventuelle fugue avec Alice, l’indépendante, la fonceuse, l’enjouée. Elle est son inspiration, sa complice et son âme en qui il puise sa force. La fin de l’année scolaire arrive. L’été leur appartient. Soudain, une tragédie vient anéantir leurs projets. Victor est sous le choc, complètement déboussolé : « Je retourne à ma vie, à la surface. Sans toi. Merci pour tout, Alice. » C’est avec une profonde sensibilité et une grande pudeur que l’auteur nous rend complices de l’univers des adolescents. »

 

Anaïs Barbeau Lavalette
La réalisatrice dont on a souvent entendu parler ces derniers mois en raison des adaptations de romans québécois au cinéma auxquelles elle prend – ou prendra – part (La promesse de Michèle Ouimet, La déesse des mouches à feu de Geneviève Petterson) annonce qu’elle sera de la rentrée littéraire 2015 avec La femme qui fuit (Marchand de feuilles), l’histoire d’une femme explosive qui engage un détective privé pour suivre le fil de la vie de sa grand-mère atypique. Mais en attendant de s’y plonger, pourquoi ne pas lire Je voudrais qu’on m’efface que nous conseille Caroline Larouche (anciennement à la librairie Les Bouquinistes) :  

« Roxanne adore la Russie. Elle va d’ailleurs tous les jours à la bibliothèque consulter des livres sur le sujet, même si les autres lui lancent des méchancetés parce qu’elle n’est pas comme eux. Sa mère aussi est différente: elle ne sort jamais de la maison, et Roxanne part avec ses bouteilles vides le matin pour s’acheter un May West. Mélissa, elle, est dépassée. Sa mère est partie faire le trottoir sans revenir et son beau-père les a quittés. Elle est seule avec ses deux petits frères. Kevin lui, adore les jeux vidéo et son père lutteur. Un bloc d’appartements, trois enfants, trois histoires, trois destins. La vie ne semble pas toujours être ce qu’elle paraît. Un roman époustouflant et dérangeant sur la condition humaine. Criant de vérité! »

 

Jacques Goldstyn
Il a illustré plusieurs livres et on reconnaît le style Goldstyn dans la petite grenouille, mascotte des Débrouillards. Cet automne, on pourra le lire dans un album sans texte aux éditions Bayard qui s’intitulera Le prisonnier sans frontières et qui abordera la question de la liberté d’expression. Un album qui arrivera juste à point, alors que le congrès du PEN international se tiendra justement au Québec en octobre. D’ici là, on vous recommande chaudement de vous lancer dans la lecture de l’excellent Arbragan (La Pastèque), tout comme Pierre-Alexandre Bonin, de la librairie Monet :

« Ce petit album nous offre une grande histoire d’amitié. Dans un texte d’une grande sensibilité, l’auteur aborde les thèmes de la différence, de la solitude, mais aussi de l’amitié et de l’imagination. Et comme toujours, les illustrations de Goldstyn sont magnifiques, et viennent appuyer le texte tout en lui insufflant une bonne dose de poésie. L’arbragan représente ce qui se fait de mieux dans l’album québécois : une voix unique, un propos intelligent et sensible, mais jamais condescendant ou moralisateur, et des illustrations tout en finesse qui viennent chercher le lecteur. Vraiment, il s’agit là sans contredit d’un album exceptionnel! »

 

Maxime Olivier Moutier
Voici une primeur : l’une des prochaines grandes entrevues de l’édition de septembre de la revue Les libraires sera accordée à l’auteur Maxime Olivier Moutier, dont on aime dire qu’il dissèque les âmes comme personne. Il sera à l’honneur pour Journal d’un étudiant en histoire de l’art, prévu au Marchand de feuilles en août. Mais entre temps, si vous avez déjà lu Rita tout court, c’est Les trois modes de conservation des viandes que l’on vous propose de découvrir. Ce commentaire du libraire Yves Guillet, du Fureteur, saura vous convaincre :

« Déroutant au tout début, le roman de Moutier a le mérite de nous accrocher très vite. Voyageant entre l’enfance et la maturité, le narrateur — qu’on sent très proche du romancier — nous offre une anthropologie du quotidien, décrivant avec détail l’univers qu’il habite. Pour ce faire, il se transpose dans le lecteur à l’aide d’un « vous » très personnel et inclusif qui lui permet de prendre une distance protectrice avec une enfance et une adolescence difficiles, partagées entre un père artiste et rêveur et une mère entrepreneuse. Il reprend le « je » lorsqu’il nous fait partager sa vie d’aujourd’hui, jeune père de famille amoureux de la mère de ses enfants. C’est original, urbain (ou banlieusard, dans les passages de jeunesse) et contemporain, comme il se qualifie lui-même. Et c’est un éloge de l’amour qui contraste avec une forme de littérature sombre et pessimiste. »

 

Annie Loiselle
C’est sous le titre Concerto pour petite noyée que l’on découvrira le cinquième roman d’Annie Loiselle, une auteure discrète qui pourtant possède un bien grand talent. Son premier roman, Tout ce que j’aurais voulu te dire, est paru en 2013.  En attendant de lire cette histoire qui trace la trajectoire de deux femmes, une pianiste et une dont la vie semble lui échapper, on vous conseille de vous plonger dans Papillons, un roman que l’équipe de la rédaction de la revue Les libraires avait grandement apprécié :

« Papillons, c’est quatre femmes – une mère, récemment veuve, et ses trois filles – qui délient tranquillement leurs ailes emprisonnées depuis trop d’années, qui retrouvent enfin leur essence. C’est un récit concis, poignant; c’est mille portes vers des vies qui changent, c’est quatre petites étincelles à découvrir. »

 

Isabelle Gagnon
Depuis Le souffle des baleines, paru en 2008, Isabelle Gagnon a prouvé qu’elle a ce qu’il faut de talent, d’audace et persévérance pour être écrivaine. Cet automne, elle délaisse le registre du roman pour se lancer dans le polar avec Du sang sur mes lèvres (attention, le titre n’est pas définitif!) chez Héliotrope. Mais avant de lire ce livre tout en intériorité et sans effluves de sang à outrance, on vous propose de tenter le roman pour ados, et ce, même si vous êtes un adulte. Allez, osez La fille qui rêvait d’embrasser Bonnie Parker. Vous y découvrirez, décrit avec adresse, les émois d’une fille pour son amie d’enfance. Geneviève Roux en a dit en nos pages: 

« Marginale, mais semblable à tous dans sa quête d’identité, Florence se perd et se retrouve entre Andy, qui est seulement un ami, et Raphaëlle, qui fait battre son coeur plus rapidement. Alternant entre journal intime et narration, Isabelle Gagnon évoque ici avec brio les pensées d’une ado de 16 ans, qui se questionne sur l’amour et la sexualité, qui crie après ses parents, déteste son frère et joue de la guitare. Avec elle, nous (re)découvrons les premiers émois physiques, décrits de façon tout à fait naturelle, sans forcer les choses ni les rendre plus belles qu’elles le sont. De plus, la conclusion est parfaite et l’ouvrage est illustré des magnifiques photographies de Perrine «La Fraîcheur» Sauviat. À lire et à faire lire, car le roman plaira aux ados, mais aussi aux adultes qui ne se souviennent plus de ce qu’est l’adolescence. »

 

Claudine Dumont
Claudine Dumont n’a qu’un roman derrière elle, mais quel roman! Dans Anabiose, on entrevoyait déjà la grande auteure en devenir, avec une plume qui se hasarde dans les chemins peu fréquentés ainsi que des histoires très loin des récits réalistes de la vie de tous les jours qu’on retrouve souvent en littérature québécoise. Avec son deuxième roman, La petite fille qui Stephen King (XYZ), elle nous parle d’amour sororal, d’autisme et… un peu d’insectes! Avant de vous délecter de ce roman (dont les droits de reproduction cinématographies ont déjà été achetés par le producteur de Sur le seuil), plonger dans ce huis clos qu’est son premier roman. Shannon Desbiens, de la librairie Les Bouquinistes, nous le présente ainsi :

« La plupart du temps je me sens un peu claustrophobe dans les romans qui se déroulent à huis clos, mais il va sans dire que ce livre est l’exception qui confirme la règle. La narration du personnage nous tient en haleine tout au long du récit et nous n’avons qu’un seul désir : savoir comment tout ça va finir! Imaginez : une pièce en béton, un matelas gris, deux pichets d’eau, un drain et un globe lumineux. Voilà ce que voit Emma jour après jour. Pourquoi elle, une fille sans histoire, quoiqu’un brin alcoolique? Et si nous ajoutions dans cette cellule une autre personne? Bref, pour un premier roman, Claudine Dumont frappe fort! »

 

J.-Claude St-Onge
L’essayiste, professeur de philosophie à la retraite et docteur en socioéconomie qu’est J.-Claude St-Onge propose cet automne un essai sur lequel plusieurs parents voudront mettre la main : TDAH? Pour en finir avec le dopage des enfants, chez Écosociété. Mais avant de vous lancer dans cet ouvrage, vous pourrez vous familiariser avec la pensée de l’auteur en lisant Les dérives de l’industrie de la santé. David Murray en a parlé ainsi entre nos pages :

« Après L’envers de la pilule, J.-Claude Saint-Onge récidive avec Les dérives de l’industrie de la santé, un ouvrage qui poursuit les recherches de l’auteur sur la face cachée de l’industrie pharmaceutique et ses conséquences sur notre système de santé. Fortement documenté, le livre explore plusieurs aspects de l’industrie de la santé, dont les essais cliniques, les effets néfastes des antidépresseurs, la surmédicalisation, la large part consacrée au marketing par rapport à la recherche effectuée par les compagnies pharmaceutiques, et les efforts déployés par celles-ci afin de vendre toujours plus de médicaments. Construit sur le modèle d’un abécédaire, l’ouvrage a tout pour devenir une référence incontournable dans le débat entourant l’explosion des coûts des soins de santé. »

 

Lise Tremblay
Quelle surprise de voir resurgir Lise Tremblay parmi les centaines de nouveautés de la rentrée! Lise Tremblay, c’est elle qui nous avait brillamment convaincus de son talent avec La sœur de Judith, en 2007, mais aussi avec La danse juive, écrit huit ans plus tôt et récipiendaire du Prix du Gouverneur général. On se souvient également d’elle pour La héronnière, son recueil de nouvelles qui a fait sensation dans le milieu littéraire. Cet automne, elle offre un bref récit sur la mort d’un père et la maladie d’une mère. Ce sera à découvrir aux éditions du Boréal, sous le titre Chemin Saint-Paul. Mais entre temps, lisez La sœur de Judith, dont Elsa Pépin avait dit entre nos pages :

« D’une franchise et d’un humour désarmants, Lise Tremblay revient à ses racines avec un roman autobiographique dont l’action se déroule dans le Chicoutimi qui l’a vue naître. Non sans peine, l’auteure a emprunté les lunettes d’une jeune fille de 11 ans pour revoir et revivre l’été du douloureux passage à l’adolescence. Sobre, mais aussi truculent, La Sœur de Judith fait le portrait du Québec rural de la fin des années 1960, marqué par le passage déstabilisant vers la modernité. Lise Tremblay parle avec humilité de ce livre écrit par nécessité, une plongée dans ses origines alors qu’elle vient de passer le cap de la cinquantaine. »

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