Littérature arabe

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La Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe ont annoncé la création du Prix de la jeune littérature arabe. Le livre devra avoir été publié au cours des vingt-quatre derniers mois et témoigner de la jeunesse arabe. Il devra être écrit en français ou traduit de l’arabe au français et son premier gagnant sera connu le 20 novembre 2013. Ce livre peut être un roman, un recueil de nouvelles ou de poésie. Une bourse de 10 000 euros (13 7000 dollars canadiens) sera octroyé à l’auteur primé.

Profitons de cette nouvelle pour explorer cette littérature orientale, souvent méconnue par l’autre moitié. Les résumés sont ceux des éditeurs, et la sélection est par ordre alphabétique d’auteurs.

1.   Adonis, Chroniques des branches (Syrie)

Adonis s’est partagé entre la Syrie, son pays d’origine, le Liban et la France. Avant tout poète, mais aussi animateur de revues, essayiste, anthologiste, enseignant, il a construit depuis plus de trois décennies une oeuvre lyrique méditative, puisant à toutes les sources, qui tentent l’osmose entre tradition et modernité, entre Orient et Occident, par d’incessantes variations sur les formes et une interrogation parée du chatoiement des sens et de l’esprit. Dans Chronique des branches, la concision atteste l’originalité d’une quête de l’insaisissable.

 2.   Alaa El Aswany, L’immeuble Yacoubian (Égypte)

Construit en plein coeur du Caire dans les années 1930, vestige d’une splendeur révolué, l’immeuble Yacoubian constitue un creuset socioculturel très représentatif de l’Egypte du XXI° siècle naissant. Dans son escalier se croisent ou s’ignorent Taha, le fils du concierge, qui rêve de devenir policier ; Hatem, le journaliste homosexuel ; le vieil aristocrate Zaki, perdu dans ses souvenirs ; Azzam, l’affairiste louche aussi bigot que lubrique ; la belle et pauvre Boussaïna, qui voudrait travailler sans avoir à subir la convoitise d’un patron…

3.    Mahmoud Darwich, Nous choisirons Sophocle, et autres poèmes (Palestine)

Si cet automne est le dernier, demandons pardon pour le sac et le ressac de la mer, pour les souvenirs…
pour ce que nous avons fait de nos frères avant l’âge du bronze. Nous avons blessé tant de créatures avec des armes faites des os de nos frères, pour devenir leurs descendants près des sources. Demandons pardon à la harde de la gazelle pour ce que nous lui avons fait subir près des sources, quand un filet de pourpre serpenta sur l’eau. Nous ne savions pas que c’était notre sang qui consignait notre histoire dans les coquelicots de ce bel endroit.
Ecrits entre 1977 et 1992, les poèmes publiés dans cette petite anthologie sont extraits de cinq recueils de Mahmoud Darwich.

4.    Sayed Kashua, La deuxième personne (Israël)

Un glissement d’identité s’opère peu à peu : Amir Lahav, l’Arabe, devient Yonatan Forschmidt, Juif ashkénaze,  » bien sous tous rapports « … et photographe de talent. Tout ce roman est bâti sur la course éperdue des deux principaux protagonistes en quête de leur vérité, de leur réelle identité, mais aussi de la nature de l’amour, de la vie conjugale, de l’amitié, des destins croisés par la main diabolique du hasard.
À la manière des Mille et une nuits, le récit noue les fils de l’écheveau, brouille les personnages ( » Qui est arabe, qui est juif ? « , comme sur les photos de Jonathan, puis d’Amir).

5.   Yasmina Khadra, Les hirondelles de Kaboul (Algérie)

Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là des exécutions publiques, les Taliban veillent. La joie et le rire sont suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l’obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n’a plus d’autres histoires à offrir que des tragédies. Le printemps des hirondelles semble bien loin encore…

6.   Vénus Khoury-Gatha, La fiancée était à dos d’âne (Liban)

Deux jours à dos d’âne pour trouver la fiancée idéale. Jambes et bras épilés, mains teintes au henné, une fille à marier doit ressembler à un miroir. Chacune espère être l’élue et partir vivre en ville. Le désert est fait pour les hommes, leur regard croit voir des oasis avec des palmiers lourds de fruits quand les femmes ne voient que du sable sur du sable.

7.   Fouad Laroui, L’étrange affaire du pantalon de Dassoukine (Maroc)

Venu à Bruxelles pour acheter au meilleur prix du blé européen dont son pays a grand besoin, ce jeune fonctionnaire marocain se retrouve fort démuni quand des malhonnêtes volent dans sa chambre d’hôtel son unique pantalon. Que faire ? Ou acheter, à l’aube de cette rencontre décisive, un pantalon décent ? C’est parce qu’il se présentera devant la Commission européenne, sanglé dans une défroque qui ferait honte à un clown, qu’il réussira sa mission. La métaphore est saisissante. Nous vivons une époque déraisonnable où l’image mal interprétée des choses prend immanquablement le pas sur l’implacable réalité qui nous conditionne et que personne ne veut voir.

8.   Naguib Mahfouz, Les fils de la médina (Égypte)

Sur les ruines des somptueux palais fatimides a poussé la Gamaliyya, un quartier populaire du vieux Caire. De ce petit monde truculent, qui oscille au fil des rumeurs de la ville ou voltige sur les fumées somnolentes du haschisch, s’élève parfois la voix du poète populaire disant l’évasion, proférant l’illusion, tandis que se succèdent des protagonistes qui mobilisent les ferveurs du peuple et suggèrent les trois révélations.

Toujours interdit par la censure égyptienne, qui l’identifia comme une scandaleuse transposition de l’histoire sainte dans la chronique familière des hommes, ce fastueux roman-parabole est l’un des plus merveilleux de Naguib Mahfouz

 9.   Hisham Matar, Une disparition (Lybie)

Récit d’une construction de soi, ce roman dépeint avec justesse une jeunesse du monde arabe tiraillée par l’exil et le renoncement. Un témoignage poignant à lire à la lumière de l’actualité.

10.  Abdelwahab Meddeb, Printemps de Tunis (Tunisie)

De Tunisie est parti le printemps des peuples arabes. En quelques jours, sous l’impulsion de la jeunesse, et par la médiation d’Internet, les Tunisiens ont renversé une dictature qui, la veille encore, semblait inébranlable. Abdelwahab Meddeb a été bouleversé par ce printemps survenu en plein hiver. Saisi par ce soudain sursaut de dignité, il nous fait partager cette geste inouïe où le désir démocratique trace sa propre voie royale. À Tunis, où les visages portent les signes de cette métamorphose de l’Histoire, il rencontre les acteurs d’une révolution éclairée par des valeurs universelles, laïques et non violentes.

11.  Leïla Sebbar, La jeune fille au balcon (Algérie)

Alger aujourd’hui. Que sait la jeune fille au balcon? Que tout est interdit, dangereux, suspect… Elle rêve d’amour, mais elle ne quittera pas son balcon. Dehors, c’est l’heure de tous les dangers qu’elle ne connaît que par « on-dit ». C’est l’Algérie d’aujourd’hui, au quotidien. Le courrier ouvert, les intimidations, le port du foulard…

Leïla Sebbar raconte en six nouvelles la liaison passionnée entre l’Algérie et la France. Elle dit les conflits d’identité, les guerres coloniales, les affrontements entre la tradition et la modernité.

Un livre pour comprendre. Un livre pour éviter les clichés, pour faire renaître la mémoire.

12.  Habib Selmi, Les humeurs de Marie-Claire (Tunisie)

Dans ce roman débordant de sensualité, Habib Selmi renouvelle un thème récurrent de la littérature arabe contemporaine, celui du choc tantôt réel tantôt imaginaire entre Orient et Occident. Contrairement à ses prédécesseurs, il nous laisse finalement le soin de conclure sur ce qui, dans l’avenir des deux amoureux, relèvera de leur différence culturelle ou du commun destin de toute relation amoureuse.

Source : ActuaLitté 

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