Lire dans la mer (2)

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En réaction à notre actualité Lire dans la mer publiée la semaine passée, on nous a fait remarquer que les suggestions de lecture sur le thème des déferlantes qui accompagnaient l’article ne concernaient aucun auteur québécois. Nous avons donc voulu réajuster le tir et avons promis une sélection cette fois-ci entièrement québécoise, histoire de se faire bercer ou emporter par le ressac de chez nous. Eau douce, trouble ou profonde, la mer initie toutes les émotions. (Les résumés sont ceux des éditeurs et l’ordre est alphabétique par le patronyme des auteurs.)

1. L’ombre de l’épervier – Noël Audet

Le roman se déroule de 1919 à 1980 et raconte l’histoire d’une famille sur trois générations. Sa facture est réaliste, mais il relève parfois du merveilleux, car Pauline, la figure centrale du roman, est une voyante. La première partie est centrée sur Pauline et Noum, un pêcheur avec qui elle a quatorze enfants. Leur amour ne va pas sans drame. La langue employée est à ce point juste qu’on croit entendre le parler gaspésien. La deuxième partie s’intéresse à Catherine, la-belle-à-la-joue balafrée, la fille illégitime de Pauline et du docteur Rambaud. Comme sa mère, il y a de la sorcière en elle : elle lance des sorts. Ses hommes, ce sont deux prétendants : Daniel et Marc Freeman. Quant à la dernière partie, elle concerne Martin, l’indomptable rouquin. Il vit à Montréal, mais renoue avec sa lignée en prénommant Noum l’enfant qu’il a avec une Brésilienne. L’univers fermé de Pauline et de Noum s’est peu à peu ouvert sur un monde nouveau. La force de ce roman tient au talent du superbe conteur qu’est Noël Audet.

2. Mademoiselle Personne – Marie-Christine Bernard

Quatre protagonistes – Justin, Will, Émile et Céleste elle-même – racontent à tour de rôle un bout de l’histoire, permettant au lecteur de reconstituer un drame tissé par ce que le genre humain a de pire et de meilleur en lui. La langue de Marie Christine Bernard est organique, océane et aérienne : tantôt touchante comme une brise, tantôt déchaînée comme la mer en furie, tantôt odorante comme les corps repus d’amour et l’iode des grèves gaspésiennes.

3. Les bouteilles – Sophie Bouchard

L’auteure Sophie Bouchard nous invite dans un véritable huis clos sur un phare en pleine mer à veiller les naufrages en compagnie de Cyril, Clovis et Frida, trois personnages attachants en quête de l’amour et de la terre où le vivre. En parallèle, ce roman nous fait voyager au Sénégal à la rencontre du premier amour de Cyril, Rosée, qui sera à la source du plus grand envoi de bouteilles à la mer que l’océan aura connu. Sur l’eau comme ailleurs, les avancées technologiques bouleversent notre façon de penser le monde. La navigation s’est transformée. Alors que Cyril, le dernier gardien de phare de la région, guide toujours les navires, le jeune Clovis commence à préparer l’automatisation du pillier. Mais au large la tempête se prépare. Les bouteilles pour la soif ; Les bouteilles pour l’oubli ; Les bouteilles dans l’attente d’un signe de vie.

4. Là où la mer commence – Dominique Demers

C’est dans un royaume de pics somptueux et de caps battus par une mer enragée, d’anses secrètes et de baies envahies par les goélands que l’histoire de Maybel et de William prend racine. Au fil de dix rendez-vous hors du commun, ils se laisseront envoûter par les trésors du panorama maritime et se découvriront d’autres passions encore plus fulgurantes.

Cinquante ans plus tard, grâce au journal de sa grand-mère, l’amie de Maybel, Marie découvre avec ravissement la singulière rencontre de sa marraine et de celui qu’on surnommait la Bête.

5. Nikolski – Nicolas Dickner

Printemps 1989. À l’aube de la vingtaine, Noah, Joyce et un narrateur non identifié quittent leur lieu de naissance pour entamer une longue migration. Fraîchement débarqués à Montréal, ils tentent de prendre leur vie en main, malgré les erreurs de parcours, les amours défectueuses et leurs arbres généalogiques tordus. Ils se croient seuls; pourtant, leurs trajectoires ne cessent de se croiser, laissant entrevoir une incontrôlable symétrie au sein de leurs existences. Nicolas Dickner aime enchevêtrer les récits et les images avec une minutie qui frôle parfois celle d’un zoologue fêlé. Dans Nikolski, il prend un malin plaisir à rassembler des archéologues vidangeurs, des flibustiers de tous poils, des serpents de mer, plusieurs grands thons rouges, des victimes du mal de terre, un scaphandrier analphabète, un Commodore 64, d’innombrables bureaux de poste et un mystérieux livre sans couverture. Un récit pluvieux, où l’on boit beaucoup de thé et de rhum bon marché.

6. Les fous de Bassan – Anne Hébert

Le vent, la pluie, la rumeur de la mer et la pesanteur du passé font de Griffin Creek, petit village du Québec, un lieu étrange et presque hors du monde. Un soir de l’été 1936, deux adolescentes disparaissent près du rivage. A travers la voix ou les lettres des différents personnages, on assiste à la tragédie qui commence à se jouer, bouleversant ce village figé dans la tradition. Prix Femina 1982

7. Noces de sable – Rachel Leclerc

Baie des Chaleurs, 1835. Gabriel Foucault va mourir dans sa belle demeure anglo-normande. Il dévoile à son fils, Victor, sa jeunesse dans ce village de pêcheurs où la dette envers les maîtres se transmet d’une génération à l’autre. Mais il y a surtout le souvenir de Catherine, la fille de Richard Thomas, le riche marchand dont l’esprit et la loi règnent sur le village. Venue là pour un été, elle a lié son destin au jeune Gabriel, le plus insoumis des garçons de la place.

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