Les trois meilleures BD de l’été

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Le monde du 9e art nous offre cet été trois excellentes bandes dessinées pour nous plonger dans la belle saison. Prenez vos lunettes de soleil et une couverture : ces trois suggestions sont parfaites pour être lues au parc, en terrasse ou dans un hamac!  

 

L’été au camp de vacances avec :

L’esprit du camp (t. 1)
Michel Falardeau (Studio Lounak) 

Une adolescente est envoyée – contre son gré, par sa mère – comme monitrice dans un camp de vacances. Elle n’a guère d’espoir concernant le tout, encore moins lorsqu’elle rencontre le directeur du camp, un homme étrange qui fait chanter du Iron Maiden en français à ses troupes, qui fait du yoga en solitaire et qui a une étrange façon de régler les conflits. Sous les phylactères de Falardeau, bien entendu, la dimension « adolescente » est défendue à la perfection (pensons au tour de force qu’il avait fait avec French kiss 1986, ou encore avec Luck). Mais, justement parce qu’on est avec Falardeau, une touche d’étrangeté et de tension vient également poindre le bout de son nez, jusqu’à prendre le dessus sur une histoire qui aurait été somme toute intéressante, mais déjà vue. Une étrange lumière qui luit dans la nuit, une bête blessée qui rôde dans les bois, des rêves cauchemardesques qui hantent l’adolescente concernant son directeur, qu’elle soupçonne diabolique. La BD vaut assurément le détour, ne serait-ce que pour les perles que peut sortir la tribu d’enfants roux dont Élodie doit s’occuper. Les 15 ans et plus adoreront, de même que tous ceux qui ont conservé leur cœur d’ado!

 

L’été en pleine urbanité montréalaise avec :

Une longue canicule
Anne Villeneuve (Mécanique générale)

Voilà un excellent one-shot qui tombe pile pour la saison chaude, qui nous entraîne aux côtés d’une Madelinienne qui quitte son île natale pour Montréal, lors d’un été caniculaire. Bien vite, elle découvre qu’elle s’était imaginé un petit coin de paradis là où il y a au final beaucoup de voitures (elle, elle se promène partout à vélo, nous laissant voir de très beaux paysages montréalais défiler derrière elle), de gens étranges (dont un violeur, évadé de prison lors d’une permission, qui lui a fait de l’œil et pour lequel elle appelle la police) et de solitude (sauf en ce qui concerne sa très charmante voisine qui aime les chats) et son collègue de travail, un Français qui visiblement en pince secrètement pour elle)! S’il s’agit de la première incursion de l’illustratrice Anne Villeneuve (Loula, Chère Traudi) dans le milieu de la BD, il n’en paraît rien. L’histoire se tient parfaitement, les fils sont habilement déployés entre le passé du personnage et sa nouvelle vie, entre ses démons intérieurs et ses aspirations de jeune adulte. Et, on ne vous a pas tout dit : il y a aussi ce gentil policier, qui vient sagement monter la garde chez la jeune fille afin de veiller à ce que le voyou échappé ne vienne pas l’embêter. Une belle histoire d’été, qui fait honneur à l’espérance.

 

L’été dans une maison de vacances avec :

Une soeur
Bastien Vivès (Casterman)

Antoine a 13 ans. Chaque année, il va dans une maison de vacances dans un petit village français au bord de mer, avec ses parents et son petit frère. Cet été n’y fait pas exception, quoiqu’une amie de sa mère les accompagne, ainsi que sa fille de 16 ans. Cette dernière est jolie et fortement animée par un souffle de vie sensuelle qui fait naître en Antoine des émotions contradictoires, notamment parce qu’ils partagent la même chambre. En jouant avec des tons de gris diffus, Bastien Vivès (Polina, La grande odalisque, Dans mes yeux) nous transmet un roman graphique tout en puissance sur l’éveil des sens et le goût du bonheur. Si on parle d’une « sœur » dans le titre, c’est au sens métaphorique, au sens où cette jeune fille initiera Antoine à la vie, lui ouvrant la voie vers une existence où l’enfance est tranquillement laissée derrière lui. Une très touchante bande dessinée, bourrée d’émotions fortes – notamment entre les deux frères, passages où Vivès a excellé en dessinant de très fortes et très belles planches. On y plonge, comme on le ferait dans une mer chaude et invitante lors d’une soirée estivale.

 

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