Les tendances de 2016

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En 2016, les libraires auront été témoins de la parution de 47 857 nouveaux livres, dont 5604 livres québécois. Des chiffres ahurissants, certes, et qui permettent de déceler certaines récurrences chez les éditeurs d’ici et d’ailleurs. Voici un tour non exhaustif des principales tendances observées en librairie ces derniers mois.

–  Le roman post-apocalyptique : Signe des craintes liées à l’époque actuelle, le roman a laissé une place assez grande aux récits de « fin du monde » cet automne. Pensons d’abord au solide Oscar de Profundis de Catherine Mavrikakis (Héliotrope), planté dans un Montréal glauque, ou au saisissant Station Eleven de Emily St. John Mandel (Alto), consacré aux lendemains d’une planète décimée par un virus foudroyant. Le thème est aussi notamment présent chez Christian Guay-Poliquin (Le poids de la neige, La Peuplade) et Emmanuelle Pirotte (De profundis, Cherche Midi). 

Le livre de coloriage : Les libraires ont dû trouver de l’espace supplémentaire pour faire place à l’imposante flopée de livres de coloriage destinée aux adultes à la recherche de moyens pour réduire le stress et exprimer leur créativité. Tendance lourde en 2016 avec plusieurs centaines d’ouvrages parus en cours d’année, on a néanmoins assisté à un certain essoufflement du buzz au cours des derniers mois.

Place aux femmes! : Les livres qui abordent de front la situation des femmes ont été légion cette année, avec des œuvres fort pertinentes telles que Sous la ceinture (Québec Amérique), Les superbes (VLB éditeur), L’abécédaire du féminisme (Somme toute)… Ces voix reflètent le questionnement de fond qui parcourt la société quant à l’égalité homme-femme, à la discrimination et à la culture du viol. Nécessaire!

Lire la voix des Premières Nations : Enfin! On a entendu cette année, plus que jamais, la parole d’écrivains autochtones, et ça fait un bien fou de partager leur vision du monde et de découvrir leur regard sur la société. En vrac, mentionnons l’essentiel Kuei, je te salue (Écosociété), cosigné par Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard, le très pertinent collectif Amun (Stanké), et le joli recueil de poésie Bleuets et abricots de Natasha Kanapé Fontaine (Mémoire d’encrier). Le thème de la nordicité a également trouvé une forte place dans les écrits des romanciers d’ici.

De nouvelles voix surprenantes : C’est vrai chaque année, mais il nous semble que 2016 a donné la part belle à l’éclosion de nouvelles voix fortes et surprenantes. On pense tout de suite à Stéphane Larue (Le plongeur, Quartanier), Fanie Demeule (Déterrer les os, Hamac), Kiev Renaud (Je n’ai jamais embrassé Laure, Leméac), Antoine Charbonneau-Demers (Coco, VLB éditeur) ou Virginie Blanchette-Doucet (117 Nord, Boréal), mais la liste pourrait se prolonger encore et encore. Pas besoin d’insister pour dire qu’on adore cette tendance!

La revanche des intestins! : On ne s’y attendait pas, mais le sous-estimé organe a fait une entrée éclatante dans les rayons des librairies. Des essais pointus (L’homme microbiotique) aux ouvrages pratiques (Et si je mettais mon intestin au repos?, L’intestin au cœur de votre santé, L’intestin au secours du cerveau…), en n’oubliant pas les livres de recettes (La santé par l’intestin : 21 jours de menu) : décidément, si vous ne vous souciez pas de la santé de votre intestin, il est temps de remédier à la situation… Ou pas.

Pokemon Go : On a beaucoup parlé de la folie Pokemon Go, alors que des hordes de chasseurs hantaient les rues du Québec. Et bien, cette folie s’est prolongée jusqu’en librairie avec une série d’ouvrages explicatifs (Comment devenir un maître au jeu Pokemon Go, Les éditeurs réunis, etc.), mais également de livres de fiction.

Nouvelles tendances culinaires : Suffit parfois de regarder les livres de recettes pour connaître les tendances culinaires du moment. Cette année, on a notamment remarqué une apparition de nombreux livres consacrés au coupe-spirale (!?) et à la tendance végane. Deux titres représentatifs de ces nouvelles habitudes? Cuisiner avec le coupe-spirale, publié chez Guy Saint-Jean, et le très intéressant Défi végane 21 jours d’Élise Desaulniers (Trécarré).

Les livres d’éducation : Ce n’est pas un créneau nouveau, mais les libraires ont souligné une montée en force des ventes sur certains titres de ce secteur. On souligne particulièrement l’ouvrage L’opposition (Benoît Hammarrenger, Midi trente), ou la collection « La boîte à outils » concoctée par Ariane Hébert aux éditions de Mortagne. Parallèlement, on remarque une hausse des livres sur le yoga et la méditation chez les enfants, dont le nouveau Frédéric Lenoir est emblématique (Méditer et philosopher avec les enfants, Albin Michel).

Le hygge : D’accord, il y a juste un livre consacré au sujet jusqu’à maintenant (Le livre du hygge, First), mais il a réussi à se faufiler dans les palmarès de vente chez plusieurs libraires. On prévoit donc une explosion de livres sur le sujet pour 2017 – on nous en annonce déjà une demi-douzaine début 2017. Et le hygge, c’est quoi? Il s’agit d’un terme danois – à prononcer « hou-ga » – qui décrit l’idéal de cette nation nordique en terme de confort, de convivialité et de simplicité. Imaginez-vous assis sur le bord d’un foyer, un livre à la main, une couverture sur les genoux, et un chocolat chaud à proximité… Voilà le comble du hygge!

Montréal : Cette tendance était prévisible en raison du 375e anniversaire de la métropole. Et les éditeurs québécois s’y étaient préparés, alors que les publications sur le sujet se sont multipliées. Nous en avons d’ailleurs recensé une dizaine ici : http://revue.leslibraires.ca/articles/sur-le-livre/10-livres-qui-s-inspirent-de-montreal. Nous en profitons pour souhaiter de joyeuses festivités à tous les Montréalais!

Le garçon qui… : Fruit du hasard ou formule standard, il nous semble qu’un nombre impressionnant de titres ont emprunté la formule « le garçon qui… ». Des exemples? Le garçon au sommet de la montagne de John Boyne (Gallimard), Le garçon qui aimait la lune de Rino Alaimo (Gautier-Languereau), Le garçon au visage disparu de Larry Tremblay (Lansman), Le garçon qui rêvait de voler en Cadillac d’Alice Quinn (City), Le garçon qui nageait avec les piranhas de David Almond (Gallimard) ou Le garçon qui n’existait pas de Sjón (Seuil). Il y en a une dizaine d’autres…

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