Julio Cortazar a 100 ans!

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Si soudain je disparais au beau milieu d’une phrase, je ne serais pas vraiment surpris.

Julio Cortazar

Aujourd’hui, 26 août 2014, nous célébrons le centième anniversaire de l’écrivain argentin Julio Cortazar, mort à Paris en 1984. Il est l’un des plus gigantesques écrivains d’Amérique latine, sinon des écrivains tout court. Grand prestidigitateur de ce qu’on appelle en littérature le réalisme magique, l’univers cortazien enchante et étonne. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, l’expérience est à tenter. Et pour les initiés, ils savent déjà qu’ils en veulent encore.

Voici un numéro publié en mai dernier et consacré entièrement à Cortazar :

Revue Europe, no 1020 – Julio Cortazar – Sous la direction d’Antonio Gamoneda

Julio Cortázar (1914-1984) respirait l’humour, la folie, le bonheur de vivre.

Cet écrivain argentin qui vécut longtemps en France se voulait « amoureux de l’ordre cosmique mais jamais de l’ordre nouveau ou d’un slogan qui fait marquer le pas à six ou sept cent millions d’hommes en une parodie d’ordre ». Il disait aussi : « Le monde est une nébuleuse de parcelles dynamiques où les leviers de la vie et de l’action sont l’imagination et le rêve. » Dans la littérature hispano-américaine de la seconde moitié du XXe siècle, écrivait Octavio Paz, « la figure de Cortázar est centrale. Il a été un des rénovateurs de la prose en espagnol, à laquelle il a conféré légèreté, grâce, ductilité et aussi une certaine audace. Prose faite d’air, sans poids ni corps mais soufflant avec fougue et faisant surgir dans notre esprit des nuées d’images et de visions. »

Et 5 incontournables de Julio Cortazar :

 Marelle
«Marelle est une sorte de capitale, un de ces livres du XXe siècle auquel on retourne plus étonné encore que d’y être allé, comme à Venise. Ses personnages entre ciel et terre, exposés aux résonances des marées, ne labourent ni ne sèment ni ne vendangent : ils voyagent pour découvrir les extrémités du monde et ce monde étant notre vie c’est autour de nous qu’ils naviguent. Tout bouge dans son reflet romanesque, la fiction se change en quête, le roman en essai, un trait de sagesse zen en fou rire, le héros, Horacio Oliveira, en son double, Traveler, l’un à Paris, l’autre à Buenos Aires. Le jazz, les amis, l’amour fou – d’une femme, la Sibylle, en une autre, la même, Talita -, la poésie sauveront-ils Oliveira de l’échec du monde ? Peut-être… car Marelle offre plusieurs entrées et sorties. Un mode d’emploi nous suggère de choisir entre une lecture suivie, « rouleau chinois » qui se déroulera devant nous, et une seconde, active, où en sautant de case en case nous accomplirons une autre circumnavigation extraordinaire. Le maître de ce jeu est Morelli, l’écrivain dont Julio Cortázar est le double. Il cherche à ne rien trahir en écrivant et c’est pourquoi il commence à délivrer la prose de ses vieillesses, à « désécrire » comme il dit. D’une jeunesse et d’une liberté inconnues, Marelle nous porte presque simultanément au paradis où on peut se reposer et en enfer où tout recommence.» Florence Delay

Les armes secrètes
«Les porteurs de torches marchaient les premiers, éclairant vaguement le passage aux murs humides et à la voûte si basse que les servants du prêtre devaient courber la tête. On l’emmenait maintenant, on l’emmenait, c’était la fin. Face contre ciel, à un mètre du plafond taillé à même le roc, et qui s’illuminait par instants d’un reflet de torche. Quand, à la place du plafond, surgiraient les étoiles et se dresserait devant lui le grand escalier incendié de cris et de danses, ce serait la fin.» Avec un style sobre et concis, Julio Cortázar mêle imaginaire et réalité, remettant en cause les notions du vrai et du fictif. Cinq nouvelles publiées en 1959 qui ont pour thème : le rêve, le double, le labyrinthe.

Tous les feux le feu
Qui de nous ne s’est jamais trouvé pris dans un embouteillage ? Qui n’a pas tenté de tuer le temps en observant les passagers des voitures voisines, en tentant de gagner quelques mètres sur eux et en échangeant des pronostics, bons ou mauvais, sur le développement de la situation ? Mais que se passe-t-il si l’embouteillage dure des jours, des semaines, des mois ? C’est ce que Cortázar imagine dans L’autoroute du Sud, la première des huit nouvelles de ce recueil.

Pour Cortázar, rien, en effet, n’est plus inquiétant que la plus banale des réalités. La trame du quotidien est tissée de signes insolites, pour qui sait les lire.

Réédité en tirage limité à l’occasion des trente ans de la collection L’Imaginaire, Tous les feux le feu est accompagné ici d’un CD : André Dussolier lit la nouvelle Tous les feux le feu en restituant toutes les subtilités de cette oeuvre attachante, et Julio Cortázar délivre quelques clés de son oeuvre : l’enfance, le rêve, le fantastique.

Fin d’un jeu
Des dieux sanglants et féroces surgis d’un passé lointain, l’impossible métamorphose d’un homme en bestiole aquatique, le public survolté d’un concert qui finit par dévorer le chef d’orchestre et les musiciens… et tant d’autres nouvelles où la réalité se craquelle et tend vers le fantastique, où Cortázar est, comme l’écrit Mario Vargas Llosa, «voyant qui détecte l’insolite dans l’habitude, l’absurde dans la logique, l’exception dans la règle et le prodigieux dans le banal».

Pages inespérées
«Ces Pages inespérées sont autant de pépites délicieuses et inédites qui continuent les jeux, poursuivent les lignes d’une œuvre semblant pousser encore comme un rhizome. On y retrouvera les embarras comiques des Cronopes, les rêveries maladroites de Lucas, les dialogues absurdes de Calac et Polanco… Des nouvelles inédites répondent à des nouvelles connues, et l’œuvre continue de croître comme un magma vivant. La plupart de ces textes sont aussi des micro-contes où le personnage central est le langage: trouvailles de mots, trouvailles de formes, jeux sur la contrainte de lecture… On retrouve ici le Cortázar solaire: créateur débridé, cet ennemi de la langue figée, nous offre son regard renouvelé sur le monde et nous incite à y tracer ce chemin parallèle, à y jouer encore.» Sylvie Protin

Article Les libraires – Julio Cortazar: Le magicien

(L’ordre d’apparition est aléatoire et les résumés sont ceux des éditeurs.)

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