Derrière les barreaux

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La popularité de l’émission Unité 9, qui se déroule dans un pénitencier pour femmes, ne se dément pas. À l’occasion du retour de l’émission demain soir, à ICI Radio-Canada, nous proposons quelques lectures qui mettent en scène le milieu carcéral. Cœurs sensibles s’abstenir : la vie en prison, ce n’est vraiment pas une partie de plaisir. Mais si l’univers d’Unité 9 vous cloue à votre siège, ces lectures sont peut-être pour vous…


(Les résumés sont ceux des éditeurs.)

Orange is the new black
Piper Kerman (Pocket)

Piper Kerman est une jeune femme comme tant d’autres : elle a un emploi, un compagnon, une famille aimante. Elle est très loin de la jeune casse-cou qui avait livré une valise d’argent pour un trafiquant de drogues dix ans plus tôt. Mais le passé l’a rattrapée. Condamnée à quinze mois d’incarcération dans une prison pour femmes du Connecticut, la jeune cadre dynamique de bonne famille devient le matricule 11187-424. Le choc est brutal. De sa première fouille corporelle à sa libération, Piper Kerman apprend à naviguer dans cet étrange univers aux codes absurdes et aux lois arbitraires. Elle rencontre des femmes issues de tous les milieux, qui la surprennent par leur générosité, leur humour et leur ouverture d’esprit. Déchirant, drôle et parfois rageant, le récit de Piper Kerman nous offre un témoignage rare et précieux sur le quotidien des détenues américaines. Car c’est en grande partie pour elles que Piper a écrit ce livre : pour témoigner au nom de toutes celles qui n’ont pas la possibilité de s’exprimer.

En ce lieu enchanté
Rene Denfeld (10-18)

Dans le couloir de la mort, enfoui dans les entrailles de la prison, le temps s’écoule lentement. Coupés du monde, privés de lumière, de chaleur, de contact humain, les condamnés attendent leur heure. Le narrateur y croupit depuis longtemps. Il ne parle pas, n’a jamais parlé, mais il observe ce monde « enchanté » et toutes les âmes qui le peuplent : le prêtre déchu qui porte sa croix en s’occupant des prisonniers, le garçon aux cheveux blancs, seul, une proie facile. 
Et surtout la dame, qui arrive comme un rayon de soleil, investie d’une mission : sauver l’un d’entre eux. Fouiller les dossiers, retrouver un détail négligé, renverser un jugement. À travers elle naissent une bribe d’espoir, un souffle d’humanité. Mais celui à qui elle pourrait redonner la vie n’en veut pas. Il a choisi de mourir. La rédemption peut-elle exister dans ce lieu ou règnent violence et haine? L’amour, la beauté éclore au milieu des débris?

La petite barbare
Astrid Manfredi (Belfond)

En détention on l’appelle la Barbare; elle a vingt ans et a grandi dans l’abattoir bétonné de la banlieue. L’irréparable, elle l’a commis en détournant les yeux. Elle est belle, elle aime les talons aiguilles et les robes qui brillent, les shots de vodka et les livres pour échapper à l’ennui. Avant, les hommes tombaient comme des mouches et elle avait de l’argent facile. En prison, elle écrit le parcours d’exclusion et sa rage de survivre, et tente un pas de côté. Comment s’émanciper de la violence sans horizon qui l’a menée jusqu’ici? Peut-elle rêver d’autres rencontres? Et si la littérature pouvait encore restaurer la dignité? Subversive et sulfureuse, amorale et crue, la Barbare est un bâton de dynamite rentré dans la peau d’une société du néant.

Barbelés
Pierre Ouellet (Sémaphore)

C’est le récit autobiographique d’un homme en prison depuis 40 ans. Barbelés est à la fois un magnifique hommage à la littérature et une description crue du milieu carcéral. À travers ses lectures des poètes tels Baudelaire, Nelligan et Paul-Marie Lapointe, des philosophes comme Nietzsche et Sartre, ou des romancières comme Albertine Sarrazin et Nelly Arcan, l’auteur nous livre des pans de sa vie : son enfance, sa jeunesse délinquante, ses amours, ses vols qualifiés et ses détentions, depuis le centre de rééducation de Boscoville jusqu’à l’établissement à sécurité maximale de Donnacona. C’est un vibrant témoignage, d’une grande qualité littéraire, de la passion de l’auteur pour la lecture, la peinture et l’écriture, ses seuls moyens d’évasion et de réflexion à l’intérieur des établissements pénitenciers « où les insignifiances verbales prennent parfois des proportions démesurées et deviennent des arguments qui, à travers la violence physique, justifient tous les déversements de haine et de refoulement ».

La folle rencontre de Flora et Max
Coline Pierré et Martin Page (L’école des loisirs)

Lorsqu’elle découvre la lettre de Max, Flora est à la fois heureuse et troublée, elle reçoit si peu de courrier depuis qu’elle est en prison… Que peut bien lui vouloir ce garçon qu’elle ne connaît pas et qui semble persuadé qu’ils ont tous les deux des points communs? Que peut-il partager avec une mineure condamnée à six mois ferme pour avoir violemment frappé une fille de sa classe? Max ne tarde pas à lui avouer qu’il vit enfermé, comme elle. Il a quitté le lycée après une violente crise d’angoisse, depuis, il ne peut plus mettre un pied dehors et vit retranché dans sa propre maison, avec ses livres, ses disques, son ordinateur et son ukulélé dont il ne joue d’ailleurs pas très bien. Les deux reclus vont s’écrire, collecter chaque jour des choses réconfortantes à se dire, apprivoiser leur enfermement, mais aussi ce monde extérieur qui les attend et qui leur fait si peur… 

La ligne verte
Stephen King (Le Livre de Poche)

Paul Edgecombe, ancien gardien-chef d’un pénitencier dans les années 1930, entreprend d’écrire ses mémoires. Il revient sur l’affaire John Caffey – ce grand Noir au regard absent, condamné à mort pour le viol et le meurtre de deux fillettes – qui défraya la chronique en 1932. La Ligne verte décrit un univers étouffant et brutal, où la défiance est la règle. Personne ne sort indemne de ce bâtiment coupé du monde, où cohabitent une étrange souris apprivoisée par un Cajun pyromane, le sadique Percy Wetmore, et Caffey, prisonnier sans problème. Assez rapidement convaincu de l’innocence de cet homme doté de pouvoirs surnaturels, Paul fera tout pour le sauver de la chaise électrique. Aux frontières du roman noir et du fantastique, ce récit est aussi une brillante réflexion sur la peine de mort. Un livre de Stephen King très différent de ses habituelles incursions dans l’horreur, terriblement efficace et dérangeant.

Ailes de taule
Éric Charlebois (Prise de parole)

Deux hommes. Un père-fils et un fils-père.Le premier est incarcéré pour un crime scabreux ourdi par l’autre, quant à lui impuni mais séquestré dans la pire des prisons : la mémoire. Un crime catalysé par une soif de rédemption jamais étanchée. Une femme qui n’a commis qu’un méfait : celui d’être devenue mère. Ce récit poétique plonge au cœur d’un drame humain qui touche aux limites de la filiation. Ailes de taule, le premier recueil publié par Éric Charlebois aux Éditions Prise de parole, fait suite à un stage d’écriture en milieu carcéral qui a fortement marqué son créateur.

La cage aux lézards
Karen Connelly (J’ai lu)

Dans une prison de haute sécurité à Rangoon, Teza, jeune chanteur contestataire, purge une peine de vingt ans pour avoir chanté contre la dictature birmane. Jeté dans une geôle putride, interdit de contact avec les autres prisonniers, il est victime jour après jour des violences sadiques d’un gardien fou. Pour ne pas sombrer, il trouve refuge dans ses convictions bouddhistes mais c’est sa rencontre avec Nyi Lay, un orphelin de douze ans élevé dans l’enceinte de la prison qui va enfin faire naître une lueur d’espoir dans les ténèbres et lui donner la force de survivre.

Face au mur
Cesare Battisti (Flammarion)

Un homme, assis dans la cour d’une prison, le visage tourné vers un coin de ciel bleu, suit des yeux l’étrange manège d’un petit oiseau blanc. Cet homme, c’est Auguste, le « gringo » comme l’appellent les autres détenus qui viennent régulièrement troubler son silence pour se confier à lui; leurs récits, du Mato Grosso à Rio, de la forêt amazonienne à Brasilia, dépeignent un Brésil aussi moderne que traditionnel, aussi sentimental que violent. Auguste, lui, repense à l’histoire d’amour impossible qu’il a vécue à Rio avec Janaïna, jeune femme sublime qu’il soupçonnait de l’espionner, et même de chercher à l’empoisonner, pour le compte de la police. Mais il avait décidé de vivre cette histoire jusqu’au bout, quitte à y laisser sa peau. N’y-a-t-il pas des moments, dans une existence, où se sentir vivant dans les bras d’une femme vaut toutes les illusions? Tout à la fois récit d’un amour noir et mélancolique et voyage intérieur d’un homme à la recherche de sa vérité, Face au mur nous fait découvrir un Battisti saisissant.

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